BASE AÉRIENNE DE ŽELJAVA

À l’abandon, cette ancienne base de l'armée de l'air de la Yougoslavie socialiste (Vojni Aerodrom Željava), en partie souterraine, est l’un des sites les plus réputés d’Europe pour les amateurs de vestiges militaires modernes. Située au pied du massif de Lička Plješivica, entre la Bosnie-Herzégovine et la Croatie, elle fut l'une des plus importantes bases aériennes au monde et le plus ambitieux projet réalisé par le régime de Tito. Le chantier est lancé en 1957 sous le nom de code Objekat 505 (« bâtiment 505 »). Achevé douze ans plus tard, il représenta un coût de l’équivalent de 7 milliards d’euros actuels. Mise en service en 1968, la base de Željava était conçue pour résister à une explosion nucléaire. Trois escadrilles de MIG-21 et de F-84 Thunderjet, soit soixante appareils de combat à réaction, étaient abritées dans les installations souterraines avec tout leur équipement. Les 3,5 km de galeries permettaient en outre d’accueillir un millier de militaires capables de vivre en autonomie pendant deux mois. Grâce à d'autres passages souterrains, la base était reliée à plusieurs sites dans la région, dont un dépôt de carburant à Bihać. Le 16 mai 1992, le site fut saboté par l’armée yougoslave passée sous contrôle serbe.

Visite. Laissé à l’abandon depuis 1995, le site est dangereux. Déjà, les abords sont truffés de mines. Autre souci : les galeries sont polluées par les produits chimiques dégagés lors du sabotage de 1992. La base compte cinq pistes, dont deux aujourd’hui situées en Croatie et trois autres de part et d’autre de la frontière. Les parties asphaltées ne présentent pas de danger. À proximité, subsistent les carcasses de deux avions de fabrication américaine : un F-84 Thunderjet utilisé pour la reconnaissance et un appareil de transport Douglas C-47. Au pied du mont Javornik-Tisov (1 200 m d’altitude), quatre entrées pour les avions s’ouvrent sur les galeries. Seule une partie des immenses « couloirs » où étaient garés les appareils est facile d’accès. Mais des débris en métal, des galeries à moitié effondrées et l’absence d’éclairage ont transformé la base en un immense labyrinthe difficile à pénétrer. Hormis la structure en béton armé elle-même, la partie souterraine n’abrite de toute façon aucun vestige intéressant. Pour visiter ce site dangereux, nous recommandons trois bons connaisseurs de la base et de ses environs : Slavko Crnković (zoranccc@gmail.com, +385 99 452 75 26), Osman Sulić (sulic_23@hotmail.com, +387 62 17 52 01) et Samir Aličić (amai_samir@live.com, +387 61 41 97 28).