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APADANA ET PALAIS ROYAUX

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Suse, Iran
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Le célèbre site archéologique de Suse, ancienne capitale d’un pays qui prolongeait la Mésopotamie, est très en ruine et, actuellement, il y reste très peu d’éléments visibles. En réalité, les plus belles pièces exhumées à Suse, et notamment la célèbre Frise des Lions en briques émaillées, sont visibles en France, au Louvre. Darius Ier avait fait de Suse sa capitale en 520 av. J.-C., et la ville connaissait alors un rayonnement international. Elle fut détruite par Alexandre le Grand en 323 av. J.-C.

L’ancienne cité de Suse était bâtie sur quatre petits tertres. Bien que le site ait été occupé dès le Ve millénaire, les principaux vestiges encore visibles datent de l’époque achéménide. Ils sont répartis sur deux des quatre tertres. A proximité de la « forteresse française », le tertre le plus grand contient les vestiges de l’ancienne ville royale, jadis le quartier de la cour. Au nord-ouest de la terrasse en ruine était située l’Apadana, où Darius Ier avait fait construire, à la fin du VIe siècle av. J.-C., sa résidence et deux autres palais. Il avait commencé par remodeler l’ancien site de Suse, en Elam, pour en faire la capitale administrative de l’empire. Sur une terrasse en partie artificielle et couvrant une superficie d’environ 20 000 m2, il bâtit un palais monumental dominant la cité, et qui comprenait, au nord, une énorme salle hypostyle, à colonnes, appelée Apadana. Avec ses vingt mètres de haut, elle préfigurait celle de Persépolis. L’Apadana était destinée aux audiences selon la tradition iranienne. Les salles hypostyles sont étrangères aux traditions élamites et mésopotamiennes, ce type d’architecture étant probablement originaire du nord-ouest de l’Iran. Les palais de Suse n’étaient pas construits en pierre comme ceux de Persépolis, ils constituaient une création entièrement nouvelle. Suse étant située dans la plaine où la pierre devait être importée, le décor était constitué d’un matériau depuis longtemps utilisé en Mésopotamie et en Susiane : la brique moulée, ici recouverte de glaçure. A Pasargades et à Persépolis, au contraire, les palais étaient ornés de bas-reliefs en pierre. Les frises de briques moulées de Suse constituaient de véritables bas-reliefs dont l’un représentait des palmiers, des déesses orantes, des couples royaux et des hommes-taureaux. Le décor du palais de Darius s’inspirait très largement de celui du roi Nabuchodonosor II (604-562 av. J.-C.) à Babylone. Les murs et la voie processionnelle étaient revêtus de briques d’argile à glaçure représentant des défilés d’animaux, attributs de divinités : le lion de la déesse Ishtar, le taureau du dieu de l’orage Adad, le dragon du dieu de la ville Marduk. Le même parti a présidé à Suse, où nous trouvons des lions, des taureaux ailés et des animaux fabuleux empruntés à l’iconographie traditionnelle. Le griffon, création susienne de la fin du IVe millénaire, a connu, avec de nombreuses variantes, une large diffusion. Le sphinx, lion à tête humaine, gardien de temple symbolisant le pharaon en Egypte, est apparu en Syrie au IIe millénaire, avec des ailes et souvent assis, avant de se répandre dans tout le Proche-Orient. Il est ici coiffé de la tiare divine et il accompagne le disque ailé, figure symbolique également d’origine égyptienne qui, chez les Perses, sert d’emblème royal ou représente le dieu Ahura Mazda. Les grands panneaux de briques émaillées permettent d’imaginer le faste que ces ornements devaient conférer aux monuments. La frise la plus célèbre, celle des Archers (c’est-à-dire le peuple perse en armes), préfigure tout à fait le décor de Persépolis. Tournés vers la droite ou vers la gauche, mais représentés dans la même position, les archers sont vêtus de la robe de cour que portent en temps de paix le roi lui-même, ses dignitaires et ses gardes. Ces frises apparaissent avec Darius et semblent influencées par l’art grec (plissé analogue sur le trésor de Siphnos, à Delphes, vers 525 av. J.-C.), mais certains bronzes du Loristan, légèrement plus anciens, montrent aussi un essai de restitution d’un plissé symétrique. Dans le visage, identique pour tous, seul l’œil vu de face vient rompre la perfection du profil. L’armement est le même pour tous : arcs ornés de tête de canard, à la mode assyrienne, carquois sur l’épaule gauche, lance tenue à deux mains, dont l’extrémité en forme de grenade repose sur le pied, selon une tradition de l’ancienne Elam. Ces merveilleuses frises en briques émaillées bleu turquoise de l’Apadana se trouvent au musée du Louvre. Marcel Dieulafoy, qui découvrait en 1885 les éléments d’une de ces frises portant une inscription fragmentaire de Darius, voyait dans les Archers les Immortels décrits par Hérodote, gardes d’élite accompagnant le roi dans ses campagnes et ainsi nommés parce qu’ils étaient toujours au nombre de dix mille. La Frise des Archers fut envoyée en France, à la fin du XIXe siècle, par l’archéologue Jane Dieulafoy. (Voir son livre de récits de voyage, En mission chez les Immortels, Journal des fouilles de Suse 1884-1885.) Parmi les sculptures en métal provenant de Suse, le Lion de Suse est certainement la plus belle pièce qui nous ait été laissée (Paris, Louvre). Les mêmes champs de fouilles ont livré de très beaux bijoux. Le Louvre en possède des exemplaires remarquables. Deux tablettes retrouvées sous le palais de Darius énumèrent les nobles prédécesseurs du roi. Dans la « Charte » de son palais, Darius recensait les peuples qui avaient participé à la construction, symbolique, de l’unité de l’empire. Et il ajoutait : « Les nations qui combattaient l’une contre l’autre, dont les gens les uns contre les autres se tuaient, celles-là, moi, je fis en sorte, avec l’aide d’Ahura Mazda, que leurs gens les uns les autres ne se tuèrent plus, et je réinstallais chacun dans son pays. En présence de mes décisions, ils les respectèrent, de telle sorte que le fort ne frappe ni ne dépouille le pauvre. Voici l’idéal pacificateur tout nouveau. » Une autre tablette funéraire en argile, provenant de Suse et gravée en caractères cunéiformes, semble très proche de nos préoccupations actuelles : « Viens et j’irai, ô dieu, mon maître… Je reprendrai ta main devant les dieux suprêmes ; en attendant ma sentence, je saisirai tes pieds. Illuminant la maison de ténèbres, ô mon dieu, tu me feras franchir les marais de faiblesse et de peine. En ce lieu de difficultés, tu veilleras sur moi. Tu m’abreuveras d’eau et d’huile dans ce champ de la soif. » (Fouilles R. de Mecquenem, 1914, au Louvre.). Aujourd’hui, Suse ne conserve que les restes du fondement des palais. Dans l’Apadana, quelques fragments de fûts de colonnes et de chapiteaux à tête de taureau gisent encore à terre.

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abelios
Visité en novembre 2016
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Le site est vraiment très en ruine et il faut beaucoup d'imagination pour trouver un réel intérêt à la visite de cette cité millénaire. A moins d'être un archéologue averti ou de vouloir absolument voir la tombe de Daniel à une centaine de mètres du site, inutile de faire ce détour.

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