1237

Première mention de la ville de Cölln dans un document officiel. Il y a au XIIIe siècle, de part et d’autre de la Spree, deux bourgades rivales : Cölln et Berlin. Ce n’est qu’en 1307 que ces deux villages de commerçants et de pêcheurs du Brandebourg se dotent d’un conseil commun.

1356

La Bulle d’Or règle le fonctionnement de la monarchie élective en Allemagne : sept princes allemands se voient attribuer le droit d’élire l’empereur. De même que la Saxe, le Palatinat, la Bohême, les épiscopats de Trèves, Cologne et Mayence, le Brandebourg acquiert le statut d’Électorat.

1486

Berlin, résidence de l’Électorat du Brandebourg

Le prince-électeur du Brandebourg Frédéric II, dit « Dent de Fer » (Friedrich Eisenzahn ; de la maison Hohenzollern), pose en 1443 la première pierre de son futur château sur les bords de la Spree qui sera achevé en 1451. En 1486, son petit-fils Jean-Cicéron en fait sa résidence principale, élevant ainsi Berlin au rang de capitale. La famille Hohenzollern règnera sur Berlin pendant plus de quatre siècles.

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1517

La Réforme protestante

La publication des 95 thèses de Martin Luther à Wittenberg provoque un séisme en Allemagne et divise l’opinion entre les fidèles du pape et ses adversaires, critiques à l’égard des excès des institutions catholiques, notamment le trafic des indulgences. Les Brandebourgeois, sensibles aux préceptes de Luther, adoptent petit à petit la foi réformée. En 1539, le prince-électeur Joachim II accepte à contrecœur de se convertir au luthéranisme.

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1618

Le prince-électeur Johann-Sigismung hérite du Duché de Prusse. Petit à petit, les destins du Brandebourg et de la Prusse tendent à se confondre.

1618 – 1648

La guerre de Trente Ans

La défenestration de Prague ouvre un conflit qui va ravager l’Allemagne pendant trente ans. Le Brandebourg est tour à tour dévasté par les troupes impériales (catholiques) et l’armée suédoise (protestante). Le Brandebourg, à l’instar des autres principautés allemandes, perd un tiers de sa population. En 1648, le Traité de Westphalie met fin aux hostilités.

1685

L’Édit de Potsdam

Dix jours après la révocation de l’Édit de Nantes, l’Édit de Potsdam permet l’installation dans l’Électorat du Brandebourg à de nombreux réfugiés protestants fuyant les persécutions en France. Un quart de ces Huguenots s’installe à Berlin. C’est pour cette communauté religieuse que Frédéric le Grand fera construire un siècle plus tard le Französischer Dom sur le Gendarmenmarkt. L’accueil de ces réfugiés participe à la repopulation d’un Etat dévasté par trente années de conflits sur son sol.

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1699

Le château de Lietzenburg à l’ouest de Berlin est inauguré. Il sera ensuite renommé d’après l’électrice Sophie Charlotte. Par extension, le château donnera son nom à la ville puis au quartier de Charlottenburg.

1701

Pour le remercier de son soutien lors de la Guerre de Succession d’Espagne, l’empereur Léopold Ier accorde à Frédéric le statut de roi. Le couronnement a lieu à Königsberg. De retour à Berlin, le prince-électeur devient Frédéric Ier, roi de Prusse.

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1740 – 1786

Frédéric II, roi de Prusse

Le règne de Frédéric II est déterminant pour le positionnement de la Prusse en Europe. Parce qu’il s’inspire des Lumières, qu’il fait abolir la torture et qu’il assouplit la censure, on aime à voir en lui le « Roi-Philosophe ». Contrairement à son père le Roi-Sergent, obsédé par l’armée, Frédéric II fait venir à sa cour artistes et philosophes (le plus célèbre étant Voltaire). Mélomane, il fait construire un opéra à Berlin (aujourd’hui Staatsoper Unter den Linden) et le « Forum Fridericianum ». Il fait agrandir le château de Charlottenburg (aile Knobelsdorff décorée dans le style rococo). L’attention architecturale du roi se porte essentiellement sur Potsdam : Sans-Souci, pavillon chinois, Neues Palais, etc. Son règne est aussi marqué par de nombreuses guerres et une politique étrangère agressive : son invasion de la Silésie déclenche la guerre de Succession d’Autriche et inaugure un antagonisme grandissant avec la maison Habsbourg (et l’impératrice Marie-Thérèse). Frédéric II est aussi à l’origine de la première partition de la Pologne. Le qualificatif oxymorique de « despote éclairé » n’a pas fini d’explorer toutes les contradictions du Vieux Fritz.

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1786 – 1797

Le règne de Frédéric-Guillaume II est marqué par la Révolution française. La Prusse rejoint la coalition contre la France révolutionnaire et fait face à une nouvelle vague de réfugiés français.

1803 – 1815

Les guerres napoléoniennes

En 1806, les Prussiens subissent deux lourdes défaites à Iéna et Auerstedt face à l’armée française. Sous un effet de panique, plusieurs milliers de Berlinois quittent leur ville. Le couple royal, Frédéric-Guillaume III et Louise, fait de même et s’enfuit à Königsberg. Le 27 octobre 1806, Napoléon entre dans Berlin à la tête de 150 000 soldats. Il s’installe pendant un mois dans le château. Les œuvres d’art de la ville sont pillées par les Français. Napoléon fait déboulonner le quadrige de la Porte de Brandebourg pour le faire transporter à Paris. En 1813, la Bataille des Nations à Leipzig change le rapport de force. Les Prussiens parviennent à repousser les Français et entrent dans Paris. Le quadrige peut rentrer à Berlin.

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1810

L’université de Berlin fait sa première rentrée. Le projet est porté par l’éminent linguiste Wilhelm von Humboldt, à qui l’université emprunte aujourd’hui le nom. L’institution s’installe dans le palais du prince Heinrich, en face de l’opéra.

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1848

Les espoirs de la révolution

La nouvelle du soulèvement populaire à Paris fait des émules à Berlin. Les revendications des manifestants sont nombreuses : une assemblée panallemande et les libertés de la presse, d’expression et de réunion. Le 18 mars, une foule considérable se rassemble au pied du château de Berlin. Le roi Frédéric-Guillaume IV accorde plusieurs concessions, mais la foule ne se dispersant pas, le cavalerie charge. Les combats se prolongent jusqu’à la nuit, faisant environ 180 morts parmi les insurgés. En avril 1849, les parlementaires de Francfort proposent à Frédéric-Guillaume de devenir empereur d’Allemagne. Le monarque, qui a le plus grand mépris pour cette assemblée, refuse la couronne. La révolution est étouffée.

1868

Le mur d’octroi de la ville est démoli. C’est l’une des mesures prises par James Hobrecht, conseiller en construction. Pour faire face à la croissance rapide de la ville, il lance aussi un plan de construction d’immeubles locatifs que l’on raille par le sobriquet de Mietskasernen, « casernes à loyer ».

1871

L’unification allemande

Après trois guerres (contre le Danemark en 1864, contre l’Autriche en 1866, contre la France en 1870), l’Empire allemand (Kaiserreich) est proclamé dans la Galerie des Glaces de Versailles. Berlin, qui compte alors environ 1 million d’habitants, devient la capitale d’un grand Empire fédéral composé de 4 royaumes (Prusse, Bavière, Saxe, Württemberg), de nombreux duchés et de villes libres. Il faut un lieu où puisse siéger son Assemblée : la construction du Reichstag, confiée à l’architecture Paul Wallot, commence en 1884.

1871 – 1918

Le Kaiserreich

Le Kaiserreich vit un essor phénoménal. Sa capitale, Berlin, connaît une croissance de population spectaculaire et compte 2 millions d’habitants en 1900. C’est une période de fièvre constructrice : des quartiers entiers sortent de terre, à Prenzlauer Berg ou à Kreuzberg. On construit les premières cités-jardins, mais aussi des édifices fastueux dont la pompe remplit des fonctions représentatives : le Berliner Dom, le Theater des Westens, etc. L’Hôpital de la Charité permet de nombreux progrès dans la médecine : Robert Koch identifie le bacille de la tuberculose ; Emil von Behring met au point un vaccin contre la diphtérie ; Wilhelm Röntgen découvre les rayons X. Le cinéma connaît ses premiers balbutiements. C’est aussi l’essor d’une bourgeoisie avide de loisirs et de divertissements (cafés, théâtres, sport, baignade, etc.) et d’une classe ouvrière en quête d’émancipation.

1912

L’égyptologue Ludwig Borchardt découvre le buste de Néfertiti (Nofretete en allemand) lors de fouilles à Tell el-Amarna. La reine égyptienne connaît un immense succès à Berlin où elle continue aujourd’hui de séduire les visiteurs du Neues Museum.

1914 – 1918

Première Guerre mondiale

Si Berlin n’est pas directement touchée par les combats de la Grande Guerre, sa population est concernée par le rationnement dès 1915 : le pain d’abord, puis les légumes, le lait, le beurre, le sucre, la viande, le café… Les grèves sont interdites et les spectacles censurés.

9 novembre 1918

La révolution de Novembre

L’empereur Guillaume II abdique. Le social-démocrate Philipp Scheidemann proclame la République depuis une fenêtre du Reichstag. Au même moment, le spartakiste Karl Liebknecht proclame la République depuis un balcon du château. C’est le début de la révolution de Novembre. À Berlin s’affrontent les révolutionnaires et les corps francs du SPD. Les révolutionnaires Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg sont assassinés et leurs corps sont jetés dans le Landwehrkanal. La capitale est en proie à un climat de guerre civile et la nouvelle Assemblée élue siège d’abord à Weimar, d’où le nom que l’on donne à la République née de la révolution allemande. La nouvelle République se dote d’une constitution et introduit le suffrage féminin.

1920

Les communes qui entourent Berlin y sont intégrées : Charlottenburg, Schöneberg, Wilmersdorf, etc. Ce « Grand Berlin » compte à présent près de 4 millions d’habitants.

30 janvier 1933

Adolf Hitler est nommé chancelier par Hindenburg. Une marche aux flambeaux est organisée sous la Porte de Brandebourg. Hitler fait dissoudre l’Assemblée. La machine totalitariste se met en place à toute vitesse.

27 février 1933

Incendie du Reichstag

Si les causes de l’incendie sont encore discutées par les historiens, ses conséquences ne laissent aucun doute : l’incendie est instrumentalisé par les nazis pour interdire le KPD (parti communiste) et restreindre les libertés publiques. Cet événement accélère la machine totalitariste : Hitler obtient les pleins pouvoirs en mars.

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10 mai 1933

Josef Goebbels, ministre de la Propagande et virtuose de la mise en scène, organise un autodafé sur Opernplatz (aujourd’hui Bebelplatz). De nombreux livres, emblématiques de la culture allemande, sont brûlés, simplement parce que leurs auteurs sont libéraux, communistes ou juifs : Marx, Mann, Schnitzler, Döblin, etc. L’événement a une portée hautement symbolique mais la répression des artistes est réelle : nombreux sont ceux que l’on pousse à la démission, ou qui seront par la suite contraints à l’exil, à perdre leur nationalité, ou à la déportation.

1936

Les Jeux olympiques de Berlin

Les Olympiades de Berlin sont la vitrine de l’Allemagne fasciste voulue par Adolf Hitler. Cette opération de communication vient à point nommé après les atrocités qui ont marqué le début de la dictature et ont épouvanté le monde libre : la Nuit des Longs Couteaux (1934) et les lois raciales de Nuremberg (1935).

9 novembre 1938

La Nuit de cristal

Dans toute l’Allemagne, des institutions et des magasins juifs sont mis à sac. 91 personnes sont tuées. A Berlin, 40 synagogues sont brûlées. La Neue Synagoge survit à ces destructions mais ne sera pas épargnée par les bombardements alliés.

20 janvier 1942

Conférence de Wannsee

On estime qu’environ 55 000 juifs berlinois ont été déportés dans les camps. Seuls 2 000 en ont réchappé. Un mémorial leur est consacré dans la Haus der Wannsee-Konferenz.

20 juillet 1944

Un attentat qui devait tuer le Führer en Prusse-Orientale échoue. A Berlin, les officiers mis au courant de la conspiration hésitent à profiter de la confusion pour enclencher le coup d’État. L’opération Walkyrie se solde par l’exécution des conjurés.

Fin avril – début mai 1945

La bataille de Berlin se solde par une victoire de l’Armée Rouge. Le 30 avril, Eva Braun et Hitler se suicident dans leur bunker. Le 1er mai, le drapeau soviétique flotte en haut du Reichstag. Le soir, Josef et Magda Goebbels font empoisonner leurs 6 enfants et se donnent la mort. Pour les civils berlinois, c’est une période de pillages, de faim, de peur, de barbarie, d’exactions, de viols. À l’issue de la guerre, Berlin est un champ de ruines que les Alliés partagent en quatre secteurs.

1948 – 1949

Le blocus et le pont aérien

En coupant le trafic terrestre entre Berlin-Ouest et le reste de l’Allemagne occidentale, les Soviétiques espèrent que les Occidentaux feront le choix d’abandonner la partie Ouest de Berlin pour éviter une escalade du conflit. Pendant onze mois, les alliés ravitaillent quotidiennement l’enclave de Berlin-Ouest. C’est le pont aérien. Cet épisode cristallise les tensions entre les deux puissances de la guerre froide.

1949

En mai, la fraîche République fédérale adopte la Loi Fondamentale, et choisit Bonn comme capitale. En octobre, les autorités est-allemandes créent la RDA avec Berlin pour capitale.

1950

Le château de Berlin, résidence des princes-électeurs, des rois de Prusse et des empereurs d’Allemagne, est dynamité. Walter Ulbricht, secrétaire général du comité central, veut à cet emplacement construire le Palais de la République. Ce dernier est à son tour détruit dans les années 2000. En 2013 ont commencé les travaux de reconstruction du château. En 2021, les travaux ont abouti et le complexe muséal et culturel, Humboldt Forum, est inauguré.

17 juin 1953

En réaction à une hausse des cadences de production, des grèves et des manifestations éclatent à Berlin-Est et dans toute la RDA. Pour mater la révolte, les autorités est-allemandes font appel aux chars soviétiques. La répression est sanglante et le bilan est de 125 morts pour toute l’Allemagne de l’Est. Plus tard, Budapest, en 1956, et Prague, en 1968, subiront le même sort.

13 août 1961

Walter Ulbricht lance l’Opération Muraille de Chine. Le matin, les Berlinois découvrent que des barbelés séparent les deux parties de la ville.

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1967

La jeunesse ouest-berlinoise manifeste contre la venue du Shah d’Iran. C’est le début d’une mobilisation étudiante qui annonce Mai 68.

1987

Pour célébrer les 700 ans de la ville, les autorités est-allemandes inaugurent le quartier Saint-Nicolas, l’ancien cœur médiéval de Berlin, qu’ils viennent de faire reconstruire.

9 novembre 1989

Les Berlinois célèbrent en liesse l’ouverture du Mur qui sépare la ville depuis 28 ans.

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3 octobre 1990

L’Unité allemande

C’est dans le Kronprinzenpalais, sur l’avenue Unter den Linden, qu’a été signé le traité de la Réunification allemande un mois avant. Le 3 octobre, le Tag der Einheit, le jour de l’Unité, est choisi comme fête nationale.

1999

La capitale fédérale est transférée de Bonn à Berlin. Le Bundestag, l’Assemblée fédérale, s’établit à Berlin et emménage dans le Palais du Reichstag, nouvellement réaménagé par Norman Forster. La ville est un immense chantier, les ministères emménagent les uns après les autres. Pariser Platz et Potsdamer Platz sont rebâties. On retisse les lignes de métro et de bus. De nombreux noms de rue sont modifiés.

Mai 2005

Le monument commémoratif de l’Holocauste (Holocaust-Mahnmal), à deux pas de la Porte de Brandebourg, est inauguré.

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2020

L'année 2020 voit l’ouverture de nouveaux lieux à Berlin : l’aéroport BER accueille ses premiers passagers et la ligne de métro U5 est prolongée pour relier la gare centrale à Alexanderplatz.

26 septembre 2021

Après 16 ans à la tête du pays, chancellière Angela Merkel perd les éléctions fédérales et cède sa place à Olaf Scholz du Parti social-démocrate d'Allemagne.

2022-2023

De 2022 à aujourd'hui, Berlin continue à se développer avec de nouveaux projets passionants. 2022 marque l'ouverture d'un nouveaux musée, le musée de Samurai, ainsi que l'enrichissement de certains lieux emblématiques de la ville, tel que l'ouverture de la Stabi Kutlurwerk, le premier musée-bibliothèque à l'intérieur de la bibliothèque nationale. Durant cette année 2023, le musée de la médécine, Charité, qui retrace 300 ans d'histoire de la médecine, re-ouvre ses portes après une période de rénovation. L'année 2023 introduira également le nouveau Fotografiska Berlin dans l'établissement historique Kunsthaus Tacheles et deviendra la quatrième dépendance du célèbre musée de la photographie, après Stockholm, New York et Tallinn.