PALAIS DE LA BAHIA

Ce palais de conte des Mille et Une Nuits mérite vraiment le détour. Il fut érigé à partir de 1880 par le grand vizir Sidi Moussa pour sa favorite (Bahia signifie « belle »), parmi ses 24 concubines officielles. La plus grande partie des travaux eut lieu sous les ordres de son successeur Ba Ahmed. Une fois terminé, le palais dépasse en richesse tous les monuments du royaume, et l’on dit que le jeune roi, Moulay Abd el-Aziz, en sera fort contrarié (ce qui explique peut-être l'ordre de pillage de la Bahia en 1900 !). L’ensemble est érigé de façon un peu chaotique (architecturalement parlant) et de plain-pied afin, dit-on, de favoriser les déplacements du grand vizir Ba Ahmed, dont l’embonpoint légendaire rendait les mouvements problématiques. L’architecte local, El-Hadj Mohammed ben Makki el-Misfoui, inspiré par l’art andalou, construit le palais en plusieurs étapes et le termine au terme de sept ans de travail. Comme il faut bien relier entre elles les nouvelles ailes du palais, la demeure du grand vizir prend l’aspect d’un véritable labyrinthe, sans ordonnancement précis. L’une des salles de réception, aux splendides boiseries en bois de cèdre des environs de Meknès, est transformée à partir de 1912 en salle du conseil par Lyautey lors de ses séjours à Marrakech. La salle d’honneur est dotée d'un plafond remarquablement sculpté en bois de cèdre de l’Atlas, peint et enluminé par les plus grands artisans de Fès. La cour d’honneur voisine fait 80 m². Pavée de marbre de Carrare et entourée d’un déambulatoire aux colonnes peintes et ornées de zelliges, elle faisait office de harem au temps du grand vizir. Elle donne aussi accès au jardin mauresque planté d’orangers, de cyprès, daturas et jasmins. De ce grand riad, un point de vue superbe permet de découvrir le nord de la médina et les montagnes de l’Atlas. Dans la cour d’honneur, comme dans les patios fleuris, se trouvent de multiples vasques à jet d’eau en marbre de Meknès. Les nombreuses salles de réception sont tapissées de faïence de Tétouan et surmontées de plafonds en cèdre de l’Atlas. Les moucharabiehs (ces fameux grillages de bois placés devant les fenêtres et permettant de voir sans être vu) qui ornent la partie supérieure de la pièce sont en stuc et en plâtre, tandis que les vitraux sont faits de verre importé d’Irak (uniques au Maghreb). Abandonnez-vous à la rêverie pendant cette visite en imaginant ces 150 pièces richement meublées et décorées de tapis, de fauteuils en bois de cèdre, de poufs et de canapés chatoyants, de lits à colonnes et de teintures…