LA GRANDE RUSIZI (PALMERAIE, RUKOKO)

La zone de la palmeraie est la partie la plus vaste du Parc de la Rusizi. Elle connaît des conditions plus difficiles que le delta. L’aridité est manifeste, avec une faible pluviométrie, des vents asséchants et des sols alluvionnaires qui laissent filtrer l’eau. La végétation et la faune ont donc dû s’adapter à des sécheresses prolongées.

La forêt de palmiers endémiques (Hyphaene petersiana) est la caractéristique essentielle de la grande Rusizi. Elle se déploie sur plus de 1 200 ha. On appelle ce palmier umukoko en kirundi, ce qui explique le nom donné à cette partie du parc, la Rukoko. L’hyphaene est un palmier original, avec un tronc longiligne qui atteint plus de 20 m de hauteur. Ses noix étaient autrefois ingérées par les éléphants, ce qui facilitait sa pousse après leur digestion. Mais aujourd'hui, sa population a reculé et n’occupe plus qu’un dixième de la superficie du Parc. Il reste néanmoins bien visible et en demeure l’emblème. Il cohabite avec des euphorbes candélabres.

On trouve aussi des savanes arborescentes et arbustives marquées par des variétés d’acacias et divers épineux (dattiers sauvages). Une steppe herbeuse les prolonge, avec une forte densité de bosquets xérophiles et de plantes à fleurs, dont le Bulbine abyssinica dont la floraison est spectaculaire en octobre-novembre. Depuis plusieurs années, des vaches paissent dans les parages, ce qui a marqué un recul de la diversité botanique du parc.

La faune de la Rukoko ne comporte guère de mammifères. Les guibs sont plutôt situés vers le delta, de même que les hippopotames qui ont été chassés par les hommes parce qu'ils provoquaient des dégâts dans les champs. En revanche, le chacal à flancs rayés abonde dans le secteur palmeraie alors qu'il ne s’aventure guère vers le delta.

Les crocodiles sont bien représentés près de la rivière, ainsi que plusieurs autres espèces de reptiles. On a des chances d'y voir, par exemple, le varan du Nil, réputé être le seul prédateur potentiel du crocodile. Sous ses allures préhistoriques et un peu effrayantes, ce saurien qui se nourrit d’œufs et de petits mammifères est en réalité craintif et préfère s'enfuir à l'approche des hommes. Il est protégé car il était menacé d'extinction : sa chair est dégustée par les gens de l’Imbo. La plupart des serpents sont aussi consommés par les riverains. L’un des plus menacés est le Python sebae, non venimeux, qui devient rare.

Avifaune : comme le secteur delta, la Rukoko abrite une grande variété d’oiseaux terrestres et, plus rarement, aquatiques. On citera, parmi les espèces caractéristiques, les cichladuses à collier et les martinets des palmes. Les nids des tisserins pendus aux arbres sont observables un peu partout.