CHÂTEAU DE BRAN

Son imposante silhouette se dresse sur un piton rocheux, au détour d'une vallée sinuant entre les monts Bucegi et Piatra Craiului. Le château de Bran, empreint d'histoire et de légendes, se trouve dans le top des attractions touristiques de Roumanie. Il draine des centaines de milliers de visiteurs chaque année venus pour découvrir le supposé château de Dracula, ou tout au moins celui de Vlad Țepeș, le prince valaque du XV^e siècle dont l'écrivain Bram Stoker se serait inspiré pour bâtir son personnage de vampire. S'il ressemble à la demeure du comte décrite dans le roman de Stoker, le château n'a aucune connexion avérée avec Vlad Țepeș. Il est en réalité bien plus lié à la reine Marie, adorée des Roumains, qui a marqué les lieux de son empreinte dans l'entre-deux-guerres.

Construit entre 1377 et 1382 par les habitants de Brașov, sur ordre du roi de Hongrie, le château de Bran occupait une position stratégique. Il avait pour fonction de défendre la Transylvanie contre les attaques ottomanes. Il a aussi fait office de douane entre la Transylvanie et la Valachie jusqu'en 1836. La ville de Brașov, propriétaire des lieux, en fait don à la reine Marie en 1920, en remerciement de son engagement pour le pays lors de la Première Guerre mondiale. À sa mort en 1938, le château est légué à sa fille Ileana. Confisqué par les communistes, il est finalement rétrocédé en 2006 aux héritiers d'Ileana, la famille de Habsbourg.
Le château médiéval, de style gothique, a connu plusieurs évolutions au fil des siècles, comme en témoigne son architecture alambiquée. D'abord doté d'une seule tour, il en compte aujourd'hui quatre. Le vaste chantier de restauration entrepris dans les années 1920 par la reine Marie, avec l'architecte tchèque Karel Liman, a modifié significativement les lieux, leur conférant un aspect romantique.
D'élégantes salles de réception et de confortables chambres ont été aménagées. Toutes en recoins et en alcôves, les pièces sont réparties sur quatre niveaux, accessibles par des escaliers qui forment un dédale, propice à l'exploration. Un passage secret a même été mis au jour dans l'ancienne chambre du conseil. Depuis les meurtrières transformées en fenêtres, la vue sur les alentours est spectaculaire.
La reine Marie a également aménagé un beau parc au pied du château. Vous pourrez vous attabler dans l'ancienne maison de thé de la reine, devenue un agréable restaurant. L'ascenseur construit en 1937 pour relier le château et le parc a été restauré en 2017. Il faut payer un supplément pour l'emprunter et profiter d'une exposition multimédia interactive : à notre avis, vous pouvez faire l'impasse. La visite de la chambre des tortures, dont l'entrée est aussi en supplément (4 €), n'est pas indispensable non plus.
Les touristes venus pour Dracula ne repartiront pas bredouilles : quelques pièces sont consacrées au mythe du vampire et à l'histoire de son inspirateur Vlad Țepeș. Vous en apprendrez aussi davantage sur les strigoi, les morts-vivants du folklore roumain.

Si la draculomanie qui l'entoure peut agacer, le château de Bran n'en reste pas moins un monument d'exception, plein d'âme. Évitez toutefois les périodes de pointe, en été et le dimanche, ou bien visez les premières ou les dernières heures de la journée : la visite peut être rendue pénible par l'affluence. Les panneaux sont en anglais et en roumain, mais un audioguide en français est disponible, moyennant un petit supplément.