MONT KORHOGO

Si vous séjournez dans la région des Savanes, une visite de courtoisie au vénérable gardien de la ville s'impose. Les gens, ici, appellent « montagne » ce massif granitique d'origine volcanique qui domine la ville. À la fois sentinelle tutélaire et protecteur, mais aussi domaine mystique rapprochant les simples mortels des génies, où l'on ne s'aventure qu'avec respect et humilité, sa silhouette massive surgit souvent au détour d'une rue ou d'un bâtiment, rappelant à chaque instant que l'on est bien au pays du Poro. En fin de journée (le mont est encore plus beau vu sous les couleurs du couchant, qui font merveilleusement ressortir l'ocre dominant des environs), l'ascension de ses plateaux de roche noire, progressive et rapide (on atteint le sommet en une petite vingtaine de minutes, moitié moins pour les bons marcheurs), vous offrira une très belle vue sur la ville et sa grande mosquée. Le « lac » et les alignements de collines parsemés de forêts claires et de savanes arborées, que surmontent çà et là quelques monts isolés et autres massifs granitiques aux allures d'îles flottantes émergeant rêveusement dans la nébulosité du crépuscule. Parfois, le vent se lève et une vague de poussière rouge enveloppe alors une Korhogo noyée de rouge et de vert. On relève : au pied du mont, la carrière de pierres cassées à la masse pour fabriquer du gravier destiné aux constructions locales ; les tags et graffitis, et le fait (plutôt rare) que les Ivoiriens grimpent en haut du mont pour le simple plaisir de profiter de la jolie vue.