Ce monastère orthodoxe (Бигорски Манастир/Bigorski Manastir, ou Aziz Jovan Bigorski Manastırı en turc) est un des plus réputés du pays, pour son iconostase et son ossuaire. Dédié à saint Jean-Baptiste, il doit son épithète à la pierre de tuf (bigor en slave) utilisée pour la construction de ses bâtiments. Conçu comme une forteresse, il est adossé au mont Bistra et profite de belles vues sur la vallée de la Radika. La légende veut qu’en 1020, l’évêque bulgare Jovan (Jean) de Debar ait découvert une icône de saint Jean-Baptiste flottant en contrebas sur la rivière et décidé de bâtir ici le complexe. Le monastère fut reconstruit aux XVIII^e et XIX^e siècles et, après un incendie en 2009, presque entièrement rebâti à l’exception de l’ossuaire et de l’église principale. Celle-ci abrite la superbe iconostase en bois sculpté réalisée en 1835 par le grand maître Petar Filipovski (1780-1854). Issu de la communauté mijak de Debar, réputée pour ses artisans, Filipovski a notamment œuvré à l’église Saint-Sauveur de Skopje et au monastère de Lesnovo.

Danseuse mijak et précieuses reliques. La paroi se compose de six bandes horizontales. La première, en bas, est formée de panneaux ornés de motifs animaliers et végétaux. La deuxième accueille les grandes icônes dominées par un aigle sculpté. La troisième est décorée d’anges et de grappes de raisin. Les trois derniers niveaux accueillent les plus petites icônes. La partie centrale est occupée par une grande croix entourée de deux dragons portant dans leurs gueules les icônes de la Vierge et de saint Jean-Baptiste. Parmi les détails, remarquez la représentation de la danseuse Salomé (qui demanda la tête de saint Jean-Baptiste), vêtue ici d’un costume mijak, ou encore le visage de Filipovski et celui de ses assistants. Situé en dessous de l’église, l’ossuaire renferme quant à lui certaines des plus précieuses reliques chrétiennes des Balkans, notamment celles de saint Jean-Baptiste, de saint Lazare de Béthanie, de saint Étienne, de saint Nicolas ou encore de saint Clément d’Ohrid. Les pèlerins viennent donc ici tout au long de l’année. Mais le monastère s’anime surtout le 7 juillet pour la célébration de la naissance de saint Jean-Baptiste et les 10 et 11 septembre pour la décollation de saint Jean-Baptiste, c’est-à-dire sa décapitation. Le monastère abrite environ 25 moines qui gèrent ici un centre de traitement de la toxicomanie et une boutique avec des produits gastronomiques et des objets artisanaux.