GALERIE DES ICÔNES
Cette galerie nationale (Галерија на Икони/Galerija na Ikoni) est le joyau des musées du pays. La salle du sous-sol, sans grand intérêt, contient des icônes récentes et des objets liturgiques. Mais la salle principale, au rez-de-chaussée, renferme les trente-six icônes les plus précieuses d’Ohrid. Voici notre sélection.
Quarante martyrs de Sébaste – V. 1070 - 43,5 x 33 cm. C’est la plus ancienne représentation de ce type au monde et la deuxième plus ancienne icône de la galerie après celle de saint Basile le Grand et saint Nicolas (n° 272) datant de 1045/1055. Peinte pour la cathédrale Sainte-Sophie, elle illustre le martyre de quarante légionnaires chrétiens mis à mort sur le lac gelé de Sébaste (Sivas, en Turquie) au cours de l’hiver 320. Cet épisode est fréquent dans l’iconographie orientale. Il frappe par la force de conviction et le stoïcisme des martyrs. Mais il est surtout important politiquement : il sert alors de prétexte à Constantin pour s’emparer de tout l’Empire romain et devenir le champion des chrétiens.
Annonciation – Deux icônes avec riza - v. 1115 - 111 x 67,5 cm (chacune). Ce diptyque provient de l’église voisine de la Mère-de-Dieu-Perivleptos et porte au revers le nom de son commanditaire, l’archevêque d’Ohrid Léon II Mung (1108-1120). Il illustre l’annonce à Marie de sa maternité divine par l’archange Gabriel. Chacun des deux personnages est peint sur un support différent dont le fond et les bords sont recouverts d’une superbe riza. Cette protection en métal repoussé sert ici à « peindre » les auréoles, le fond aux motifs végétaux et les personnages saints sur les côtés. Ainsi, autour de Marie apparaissent ses parents Joachim et Anne, le Christ, saint Jean-Baptiste et différents saints et prophètes. Le maforii rouge framboise de Marie est tenu par deux pierres taillées semi-précieuses.
Christ Pantocrator – Avec riza - 1262/1263 - 134,5 x 93 cm. C’est la plus ancienne icône de la région portant une date exacte. Derrière se trouve aussi le nom du commanditaire, le plus érudit des archevêques d’Ohrid, Constantin Kabasilas. Destinée à l’église de la Mère-de-Dieu-Perivleptos, elle représente le Christ « tout-puissant » (pantokrator en grec) drapé de bleu et d’or avec une auréole constituée d’une riza dorée. Les proportions ne sont pas réalistes : les épaules sont trop étroites, mais cela permet au peintre – anonyme – de mettre en avant le visage et les mains. La main droite avec deux doigts tendus symbolise la double nature, humaine et divine, du Christ.
Mère de Dieu Hodegetria (avec riza) et Crucificxion du Christ – Deuxième moitié du XIIIe siècle - 95,5 x 65 cm. Cette icône peinte des deux côtés a été réalisée par deux des plus grands artistes médiévaux des Balkans, Michailis Astrapas et Eutychios, à qui l’on doit notamment les fresques de l’église de la Mère-de-Dieu-Perivleptos. Au recto : la Mère de Dieu Hodegetria (« Conductrice »). La peinture est complétée par une riza avec auréoles martelées et fond en filigrane. Au verso : la crucifixion du Christ avec la Vierge et l’apôtre Jean. La galerie possède deux autres icônes « à double face » qui étaient destinées aux processions, dont l’une, magnifique, du début du XIVe siècle, montrant l’Annonciation et, au recto, la Mère de Dieu Psychosostia (« Sauveuse des âmes »).
Saint Clément d’Ohrid – En relief - fin du XIIIe siècle - 140 x 35 cm. Si elle s’apparente à une statue en bois, il s’agit en fait d’une « icône en relief », un type d’icône très rare dans l’art byzantin. Elle provient de l’église de la Mère-de-Dieu-Perivleptos et c’est la seule du genre dans le pays. L’apparition des icônes en relief au XIIIe siècle pourrait être liée soit aux premières iconostases en bois gravé, soit à l’influence occidentale après la prise de Constantinople par les Latins en 1204.
Sainte Marine – V. 1754 - 92,5 x 60,5 cm. C’est l’une des icônes les plus marquantes de la galerie. Elle a été réalisée par Constantin de Shpat, maître de l’école de Berat, en Albanie. La sainte, connue en Occident sous le nom de Marguerite d’Antioche, est morte en martyre en 305. Comme dans une autre icône de la galerie (n° 158), elle est traditionnellement figurée brandissant un marteau pour tuer un démon et/ou un dragon. Douze vignettes représentent les scènes de sa vie (tentations du démon, apparition de la colombe de l’Esprit saint, etc.) et de son martyre. Perpétuellement soumise à la tentation, elle a fait vœu de chasteté. Mais pour avoir repoussé les avances du gouverneur romain Olybrius, elle est torturée et mise à mort. Les Romains sont ici représentés sous les traits d’Ottomans, Olybrius se retrouvant en tenue de pacha. Un anachronisme sans doute très volontaire.
Mère de Dieu Panton Chara – 1844 - 57 x 41 cm. Elle a été réalisée par le grand peintre mijak Dico Zograf pour l’église Saint-Jean de Kaneo. Elle appartient à la sous-catégorie dite de la « Joie de tous » (Panton Chara en grec) se rattachant aux icônes de la « rose inflétrissable » (évocation de la virginité). Le Christ enfant a revêtu la tenue or-orange du grand prêtre. Les inscriptions sont rédigées à la fois en grec et en vieux-slavon. En bas, figurent six portraits de saints. Le dernier sur la droite porte le fez arabe rouge adopté dans l’Empire ottoman à partir du XIXe siècle. Il revêt aussi un gilet brodé et une fustanelle typiques de la région gréco-albanaise de l’Épire. Il s’agit du néo-martyr saint Georges de Ioannina (Grèce), tué en 1838 pour avoir renoncé à l’islam et s’être converti au christianisme.
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Avis des membres sur GALERIE DES ICÔNES
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