Construit par l’émir Bachir II Chéhab au début du XIXe siècle, le palais sera édifié sur le site d’une khalwa (lieu de prière des Druzes) à partir de plans réalisés par des architectes italiens. Surplombant la vallée, enchâssé dans 60 000 m² de jardins et de vergers disposés en terrasses, le palais avec ses larges cours joue avec le soleil et les perspectives. D’architecture essentiellement libanaise, construit entre le XVIIIe et le XIXe siècle, il se compose de cours centrées sur le liwan.
De la fin du XIXe siècle à 1914, le palais devient la résidence du gouvernement des moutassarefs puis, de l’indépendance à 1982, la résidence estivale des présidents de la République libanaise. En 1934, le palais du Peuple est classé monument historique et la direction des Antiquités est chargée de sa restauration. En 1982, l’invasion israélienne entraîna malheureusement un certain nombre de ravages et de pillages.
Depuis, des travaux de rénovation menés sous l’impulsion du leader politique druze Walid Joumblatt, l’ouverture de musées et la création d’un festival d’été au mois d’août ont permis au palais de Beiteddine de devenir un centre culturel dynamique. Ce palais est absolument superbe et fait partie des sites touristiques incontournables au Liban.
Grande cour (midan). Une vaste cour, d’une centaine de mètres de longueur, s’ouvre au sud-ouest sur la vallée. A l’opposé se dresse la madafa, grande bâtisse réservée autrefois aux hôtes de passage. Lamartine aurait d’ailleurs bénéficié de cette hospitalité au cours de son voyage en Orient. Au centre du midan trône une grande dalle de basalte au milieu de laquelle jaillit la « flamme immortelle », allumée en 1984 à la mémoire des hommes tombés au champ d’honneur lors de la guerre de la Montagne. Au fond de la cour, le buste en granit rose de Kamal Joumblatt, offert par l’Union soviétique, semble superviser les allers et venues des visiteurs.
Musée Rachid Karami. Installé dans la mafada, le musée Rachid Karami (ex-Premier ministre libanais, assassiné) présente une collection d’objets anciens dont certains remontent à l’âge du bronze, de bijoux antiques (surtout des boucles d’oreilles et des bagues), de photographies – noir et blanc – du Liban des années 1950 et de sarcophages romains en métal. Une exposition d’armes dont les plus anciennes remontent au XVIIe siècle, suivie d’une présentation de costumes traditionnels datant de la période féodale du Mont-Liban, clôture la visite.
Dar el Wousta ou pavillon Cheikh Bachir Joumblatt. A l’extrémité du midan, on accède par un escalier à deux volées à la partie centrale du palais (Dar el Wousta) construit autour d’une cour agrémentée d’un jet d’eau et gardée par une sentinelle. Destinée autrefois à tous les officiels du palais, cette partie, appelée « pavillon Cheikh Bachir Joumblatt » à la mémoire de l’homme politique qui sut tenir tête à Bachir II, est maintenant réservée aux invités. A partir du portail d’entrée, un corridor voûté conduit à droite sur les appartements de la famille Hamadeh qui était autrefois chargée de la protection du palais. Les belles salles de réception, situées au rez-de-chaussée, exposent aux visiteurs leurs somptueuses boiseries peintes par des artistes damascènes appelés « comandaloune ».
Dans la partie sud-ouest de la cour centrale, une terrasse surplombe les jardins du palais. A ce niveau, le hall de réception – une magnifique pièce – appelé le Salamlik, orné d’un patchwork de marbre et de bois sculpté et construit sur deux niveaux était à l’origine destiné à recevoir les dignitaires du palais ou les visiteurs de marque.
Dar el Harim, les appartements privés. Face à l’entrée de la cour centrale, les appartements privés de l’émir Bachir. Cette partie du palais est en fait la plus ancienne et se compose du harem supérieur, du hall de réception, du harem inférieur, des cuisines et des bains. Un grand portail agrémenté de marbres polychromes donnait accès au harem qui conserve toute son intimité autour de sa cour fermée bruissant du jet des fontaines de marbre.
A gauche du portail, une petite porte s’ouvre sur le Diwan, salle de conseil du souverain ou des ministres richement décorée de mosaïques de marbre, de stuc et de boiseries multicolores. Ici, l’émir réglait les problèmes majeurs de la principauté. Pour les grandes circonstances, il s’installait dans l’abside surélevée, se tenant ainsi à distance de ses visiteurs.
Hammam. Au nord du pavillon du harem sont installés les somptueux bains qui présentent, comme dans la tradition antique, des salles froides et chaudes. Au plafond, des coupoles munies de cabochons de verre coloré laissent filtrer la lumière. Dans la première salle, des divans, installés autour d’un bassin, permettaient aux usagers de se reposer avant ou après le bain en conversant et en fumant le narguilé. Dans les salles suivantes, tout comme dans les thermes romains, se succédaient frigidarium, tépidarium et calidarium.
Musée de Mosaïques byzantines et les écuries. Installé dans les anciennes écuries Dar el-Wousta et Dar el-Harim, qui servaient jadis à accueillir plus de six cents cavaliers – et chevaux – et cinq cents fantassins, se trouve le musée des Mosaïques. Ces splendides mosaïques – transportées à la demande de Walid Joumblatt au palais de Beiteddine – proviennent d’églises, telles celles de Jiyyé, ancien port de Porphyrion ou d’Ouzaï (qui représente une allégorie de Ktisis « la fondation » que l’on trouve sous la forme d’un personnage vêtu de costume militaire). Une fois restaurées, ces œuvres datant des Ve et VIe siècles de notre ère, furent installées avec d’autres pavements dans les anciennes écuries et les jardins du palais. Cette collection de mosaïques byzantines est, à l’heure actuelle, l’une des plus importantes du Moyen-Orient.
Khalwa de Beiteddine. Située à l’extrémité du palais – juste à côté du musée des Mosaïques –la « khalwa », lieu de prière des Druzes, qui existait bien avant le palais.
Tombe de l’émir Bachir II Chehab (Sitt Chams). La dépouille de Bachir II, mort à Constantinople en 1840, fut ramenée de Turquie en 1943 par Béchara el Khoury, alors président de la République libanaise. La tombe de l’émir est actuellement entreposée dans le jardin situé au nord-est du palais. L’émir Bachir II avait fait construire un palais pour chacun de ses trois fils : Qassim, Khalil et Amine. Celui de Qassim est aujourd’hui en ruine et l’on peut l’apercevoir en haut de la colline faisant face au Grand Palais. Le deuxième, celui de Khalil sert de sérail et est occupé par l’administration de Beiteddine. Quant au palais d’Amine, le troisième fils de l’émir Bachir et de sa femme Sits Chams, il fut bâti par l’émir et achevé en 1838. S’élevant à 950 m, véritable exploit de l’architecture orientale, le palais est aujourd’hui restauré. En 1987, il fut transformé en hôtel de luxe, après avoir servi de club privé à l’armée pendant les années 1970.
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