Cette immense construction en brique rouge garde la mémoire des Visconti et des Sforza, seigneurs de Milan du XIV au XVIsiècle.
Construit par Galeazzo II Visconti en 1358, le château Sforza a été successivement le lieu de résidence des seigneurs de Milan, une caserne militaire et un hôpital. Sous Ludovico Sforza, dit il Moro (1452-1508), sa cour devint l’une des plus fameuses d’Italie, point d’attraction des artistes les plus importants de la Renaissance. Ayant traversé plusieurs vicissitudes, Napoléon Ier en ordonna la destruction en raison de son délabrement. Heureusement, ce projet fut remplacé par une vaste entreprise de réaménagement qui a donné naissance à l’actuel boulevard circulaire autour du château, le Foro Bonaparte. Sauvé une nouvelle fois des ruines par l’architecte Luca Beltrami, celui-ci restaura à l’identique l’ensemble du bâtiment en 1893. Le périmètre du château en quadrilatère, limité à chaque extrémité par deux tours cylindriques, s'articule autour de la place d'armes centrale (cortile delle Armi). Le Castello accueille aujourd’hui, dans chacune de ses ailes, un pôle muséal qui compte plusieurs chefs-d’œuvre. Prévoyez une bonne journée de visite si vous souhaitez tout voir.
Museo archeologico. Deux sections, la première dédiée à la Préhistoire avec des pièces des différentes cultures qui se sont succédé en Lombardie du Néolithique à l'Antiquité, et une seconde consacrée à l’Égypte antique. Hormis quelques pièces intéressantes, comme un curieux vase rituel au trois canards (VIe siècle av. J.-C.), on préfèrera les collections des autres musées du Castello.
Museo d'Arte Antica. Il surprend par sa muséographie très 1950 : une foule de sculptures dialoguent directement avec le visiteur. Un parcours à travers l’histoire de la ville : la visite commence par le passage symbolique sous la Pusterla urbica (XIVe siècle) qui marquait jadis l’entrée de Milan du côté de la Contrada dei Fabbri, vers l’actuelle Porta Ticinese. A ne pas manquer, le monument funéraire de Bernabo’ Viconti (XIVe siècle) surmonté de sa statue équestre, et le gisant de Gaston de Foix, œuvre de 1523 en pur style Renaissance. Un bas-relief représentant une jeune fille en train de se raser le pubis (XIIe siècle) rappelle curieusement ce genre de pratiques de l'époque exigées parmi les prostituées.
Sala delle Asse (rez-de-chaussée). Se visite dans le cadre du parcours du Museo d'Arte Antica. Léonard de Vinci, invité à la cour milanaise par Ludovic le More, réalise la décoration de cette salle en 1498. Mystérieux, le décor recouvre entièrement le plafond voûté de vigoureuses branches de mûrier, morus en latin, évident hommage à l’illustre commanditaire. Récemment restauré, des dessins préparatoire de l'artiste sont apparus sous la fresque actuelle.
Armeria. L'armurerie déploie une très large collection d'armes anciennes du Moyen Age au XVIIIe siècle : armures, épées, fusils, pistolets, mousquets...
Museo Pietà Rondanini (rez-de-chaussée). Dans une aile ouverte sur la grande place d'armes. Œuvre ultime de Michel-Ange, voici la pièce la plus importante de toutes les collections du Castello. Cette sculpture inachevée, réalisée en 1564, signe le testament d’un Michel-Ange âgé qui y travailla jusqu'à quatre jours avant sa mort. Bien qu’encore à l’état d’esquisse, l’expressivité et la sensibilité du rendu sont ici à leur comble. Avachi, le corps du Christ soutenu par Marie est saisi au moment où il semble vaincre la mort ; une allusion à la résurrection des justes initialement destinée au tombeau romain de Michel-Ange lui-même.
Museo dei Mobili e delle Sculture lignee (premier étage). Plus de 200 pièces de mobilier couvrant six siècles d’histoire, des montants sculptés d’époque Renaissance aux créations d’Ettore Sottsass. Commodes, coffres, cabinets et secrétaires. Cocasse et coquin, un curieux automate à tête de diable est désormais devenu l'une des pièces cultes de la collection !
Pinacoteca (premier étage). La Pinacothèque accueille plus de 1 500 œuvres de la moitié du XVe siècle jusqu’aux vedute des Vénitiens Canaletto et Guardi (XVIIIe siècle), avec certaines bonnes surprises dont les toiles de Mantegna (Vierge en gloire entre les saints Jean-Baptiste, Grégoire le Grand, Benoît et Jérôme, 1497), d’Antonello da Messina (San Benedetto, 1470) et de Giovanni Bellini (Vierge à l’Enfant, 1460). Une attention particulière est réservée aux peintres lombards : Bergognone, Bramantino, Bernardino Luini (Hercule et Atlas), Marco d'Oggiono (Noces de Cana, remarquez la surprenante transparence des verres !).
Museo degli Strumenti Musicali. Est ici conservée (au premier étage) une riche collection d’instruments à cordes, à vent et à clavier de toutes les époques. Violons, mandolines, guitares, flûtes et pianos à profusion. Les instruments lombards sont à l'honneur, mais une section est consacrée aux instrumentes du monde.
Museo delle Arti Decorative (aux premier et deuxième étages). Exposition d’arts appliqués avec une superbe collection de céramiques. Incontournables, les Tapisseries Trivulzio, chefs-d’œuvre de tissage Renaissance illustrant les douze mois de l’année (1480-1530).
Bibliothèques. Le Castello Sforzesco possède un ensemble impressionnant de bibliothèques spécialisées. Réservées aux chercheurs, il vous faudra prendre rendez-vous si vous souhaitez en consulter les documents. Biblioteca Trivulziana (lundi à vendredi de 9h à 12h), Biblioteca archeologica e numismatica, Biblioteca d'arte (lundi à vendredi de 9h à 12h15 et de 13h30 à 16h30), la collection Vinciana et la collection de gravures "Achille Bertarelli" connue par les spécialistes du monde entier.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Avis des membres sur CASTELLO SFORZESCO
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.
Visita obligada si vienes a Milán.