La musique traditionnelle
Pour partir à la découverte des musiques traditionnelles des Alpes italiennes, le mieux est encore de suivre à la trace les groupes folkloriques de la région qui, pour certains, ont accompli via leurs œuvres un travail proche de l’ethnomusicologie. En Lombardie, le groupe Barabàn a acquis une notoriété locale très importante pour sa recherche d’équilibre entre traditions musicales du nord de l’Italie – polyphonies de la vallée du Pô, chansons archaïques des Apennins, etc. - et sensibilité contemporaine. On peut entendre dans sa musique des instruments populaires du nord de l’Italie tels que le piffero (un haubois), la müsa (une cornemuse), la vielle à roue ou encore la baghèt, une autre cornemuse, celle-ci typique de Bergame.
Dans le même esprit, Elsa Abonico mène depuis plusieurs décennies des recherches dans le domaine de la tradition populaire musicale lombarde. Elle a consigné et interprété ses recherches dans de nombreux disques.
Plus spécifique à la région de la Brianza, le groupe folklorique I Brianzoli fondé en 1987 a pour objectif de préserver et transmettre les traditions typiques de sa terre natale. Sa quarantaine de membres ont créé un spectacle retraçant la vie paysanne du XVIIe siècle tout en danses et en chants aussi interprétés avec un instrument typique de la Brianza appelé firlenfeu, sorte de flûte de pan.
Citons enfin un document très intéressant : Milanese - Antologia della canzone lombarda. Cette anthologie de la chanson lombarde en douze albums (interprétés par Nanni Svampa) catalogue l'une des plus importantes collections de recherches et chansons sur l'histoire musicale et dialectale de la Lombardie et la ville de Milan en particulier. Soigneusement classés, ces douze volumes permettent autant d’écouter les ballades anciennes que les chansons parlant du travail ou que celles abordant la pègre.
La musique classique
La réputation de l’Italie en matière de musiques savantes n’est plus à faire. Et c’est en grande partie grâce à ses terres lombardes, parmi les plus fertiles du domaine. C’est ici que réside, à Milan, la Scala, considérée comme le principal opéra d’Italie. Construit en 1778, ce théâtre mythique est une des plus grandes scènes lyriques du monde accueillant chaque saison ce qu’il existe de plus prestigieux comme interprètes.
C’est aussi d’ici que sont originaires quelques-uns des plus grands directeurs d’orchestres du pays : Claudio Abbado (1933-2014) ou Riccardo Chailly (tous deux passés à la tête de La Scala) sans oublier Daniele Gatti. Le premier fut l'un des chefs les plus emblématiques de son temps. Directeur musical au Teatro alla Scala à 35 ans, il enrichit le répertoire du lieu et l’ouvre à un nouveau public. Successivement directeur de l’Orchestre symphonique de Londres et de l’Opéra d’Etat de Vienne, avant de succéder à Karajan à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin, le nom de Claudio Abbado reste étroitement attaché à d’autres aussi illustres de son temps comme Martha Argerich ou Zubin Mehta. Riccardo Chailly devint à 20 ans seulement l’assistant de Claudio Abbado à la Scala. Un tremplin qui l’a conduit à la tête des plus prestigieuses institutions musicales comme le DSO Berlin, l’Orchestre philharmonique de Londres et l’Opéra de Leipzig avant de devenir directeur musical de la Scala en 2017. Un retour aux sources et une consécration. Chailly a également été à la tête de l’Orchestre symphonique Giuseppe Verdi de Milan, moins connu bien qu’excellent et explorant un répertoire allant de Bach aux grands noms du XXe siècle. Installé dans l'Auditorium di Milano Fondazione Cariplo, il est souvent une option intéressante pour voir un bon concert à Milan pour un prix bien inférieur à celui de la Scala.
Dernier mais pas des moindres, Daniele Gatti a été de nombreuses fois salué pour la qualité de ses interprétions autant dans le domaine de l’opéra que de la symphonie. Le public français a un petit faible pour lui depuis qu’il a été directeur musical de l’Orchestre national de France entre 2008 et 2016 avant de prendre la direction du prestigieux Concertgebouw d’Amsterdam.
Outre la Scala qui attire l’attention du monde entier, Milan regorge de beaux lieux où voir un concert de classique ou un opéra. À commencer par le Teatro dal Verme, avec son auditorium moderne et son ensemble en résidence Orchestra i Pomeriggi Musicali. Citons également le Teatro Arcimboldo ou TAM, très moderne et ouvert sur la danse, ou encore le Teatro Lirico qui accueille aussi du jazz et du théâtre.
Au nord-est de Milan, à Bergame, la fierté locale est Gaetano Donizetti (1797-1848), grand compositeur à l’origine de quelques-uns des plus grands opéras romantiques comme Lucie de Lammermoor, Don Pasquale et l’Elixir d’amour. Gaetano Donizetti est très souvent mis à l’honneur dans sa ville et notamment au sein du Bergamo Musica Festival ainsi que du théâtre baptisé en son honneur Teatro Donizetti qui ne ratent, l’un comme l’autre, pas une occasion de le jouer. Plus au sud, dans la vallée du Pô, on trouve Crémone, une ville réputée pour sa lutherie et ses illustres praticiens, tels que la famille Amati, la famille Guarneri et les fameux Stradivarius. Claudio Monteverdi (1567-1643), dont l’Orfeo est considéré comme le « premier opéra », est également natif de Crémone.
La région ne manque pas de rendez-vous intéressants dédiés au classique mais citons-en deux affichant toujours de bonnes programmations : Mito Settembre Musica qui propose des concerts de grande qualité à petits prix (classique, jazz, rock) ainsi que le Festival Pianistico Arturo Benedetti Michelangeli de Brescia, l’un des plus importants récitals de musique classique d’Europe depuis 1964 (dédié au grand pianiste originaire de Brescia : Arturo Benedetto Michelangeli).
Théâtre
Milan est la ville de tous les arts et naturellement le théâtre a connu quelques heures heureuses ici. Surtout entre les mains de sa figure la plus illustre : Dario Fo. Sûrement l’auteur contemporain le plus éclectique, ce lauréat du prix Nobel en 1997 reste gravé dans les mémoires pour des œuvres intemporelles comme Mystère Bouffe ou Faut pas payer ! Autre figure marquante milanaise, Giorgio Strehler a été l’un des metteurs en scène de théâtre les plus fascinants de son temps. Adepte d’un théâtre « pour les gens et avec les gens », il a fondé le Piccolo Teatro en 1947 pour promouvoir sa vision et a offert à la ville un lieu culte du théâtre expérimental. En France, on se souvient de lui lorsqu’il fut nommé, en 1983, directeur du Théâtre de l'Odéon par Jack Lang. Moins connu en France, Giovanni Testori (1923-1993), écrivain, poète, dramaturge, metteur en scène, reste aujourd’hui encore parmi les voix les plus novatrices du théâtre italien. Populaire, polémique, parfois prophétique, Testori laisse derrière lui une œuvre dramatique bien trempée.