PALAZZO DUCALE

Fleuron de la ville, cet ensemble architectural imposant est parmi les plus importants monuments italiens. Composé de différents bâtiments, il est aussi parmi les plus majestueux d'Europe en ce genre. A l’origine demeure des Bonacolsi, seigneurs de Mantoue de 1272 à 1328, le Palazzo Ducale fut transformé par les Gonzaga en une véritable citadelle. La Magna Domus et le palazzo del Capitano forment le noyau de la Corte Vecchia (XIII^e siècle), tandis que le Castello San Giorgio est un ajout du XIV^e siècle. Différents bâtiments rajoutés par les Gonzague aux XV^e et XVI^e siècles composent la Corte Nuova. L’intérieur renferme une très riche collection de peintures, souvenir du mécénat des ducs qui firent de Mantoue l’une des plus importantes capitales de la Renaissance italienne.

Corte Vecchia. La visite commence par la partie la plus ancienne du palais, habitée par les Bonacolsi d’abord et par les Gonzague ensuite jusqu’en 1459, avant qu'ils ne se déplacent vers le Castello San Giorgio. Le grand escalier des Duchesses (XVII^e siècle) conduit à l'étage noble. Dans la première salle on remarquera la peinture de Domenico Morone, La Cacciata dei Bonacolsi, représentant le triomphe des Gonzague sur la famille des précédents seigneurs de Mantoue ; on y aperçoit également la configuration médiévale de Piazza Sordello avec l'ancien Duomo et la façade du palazzo del Capitano.

De dimensions imposantes, la Salle du Pisanello conserve de magnifiques fragments de fresques illustrant les gestes des chevaliers de la Table Ronde (1440) avec le lyrisme et la précision des traits qui caractérisent Pisanello. Dans ce cycle chevaleresque réalisé pour Jean-François de Gonzague, on reconnaît parmi les personnages illustrés des allusions aux membres de la famille Gonzague. La délicatesse et le raffinement de Pisanello illustrent merveilleusement tout un univers courtois qui tient du fantastique.

La galerie neuve, décorée de retables du XVI^e au XVIII^e siècle réalisés pour les différentes églises de Mantoue, conduit au Salon des Archers. On remarque ici le retable de Rubens, La Famille Gonzaga adorant la Trinité. La Galleria degli Specchi suit ; les miroirs ne datent que du XVIII^e siècle, car au temps du duc Vincent, la loggia était ouverte. Par le couloir de Santa Barbara, les Gonzague accédaient directement à la basilique palatine de Santa Barbara sans sortir du palais. Le Corridoio dei Mori conduit à la Loggetta di Santa Barbara, à la Saletta dei Mori et à la Sala dei Fiumi qui donne sur un beau jardin suspendu. Enfin la Salle des Tapisseries, adaptée à la fin XVIII^e siècle pour recevoir neuf magnifiques tapisseries de Bruxelles, représentant des épisodes des Actes des Apôtres d’après les dessins préparatoires de Raphaël pour la chapelle Sixtine.

Appartements d’Isabella d’Este. Toujours dans la Corte Vecchia, ces appartements furent aménagés par cette grande dame de la Renaissance en 1519, à la mort de son époux François II duc de Mantoue. Cette partie était un véritable écrin de richesses, où Isabelle gardait ses objets les plus précieux. La décoration picturale de son cabinet d’études, le Studiolo, une petite pièce réalisée par les grands de l’époque dont Mantegna, Pérugin et Lorenzo Costa, est aujourd’hui conservée au Louvre.

Castello San Giorgio. Cette partie du palais, conçue entre 1395 et 1406, abrite la pièce la plus prestigieuse, la Camera degli Sposi, dite chambre des époux car ici étaient enregistrés les mariages. Peinte entre 1465 et 1474 par Andrea Mantegna, cette pièce à l'accès limité est un véritable chef-d'œuvre, non seulement par la maîtrise picturale remarquable, mais aussi par la qualité du sujet représenté : une scène de vie à la cour des Gonzague se déroule devant le visiteur dans toute sa magnificence, grâce à sa vivacité et son raffinement. Ici le peintre joue avec l’architecture du lieu, mettant en scène une perspective vertigineuse et une incroyable maîtrise des raccourcis. Sur le mur nord, le duc Ludovic II se tourne vers son secrétaire, tandis que sa femme Barbara regarde de face le spectateur. Autour des époux sont rassemblés enfants, courtisans et une naine mystérieuse. Dans la scène sur le mur ouest figure encore le duc Ludovic en train de rencontrer son fils, le cardinal François, premier membre de la famille à obtenir une charge religieuse si importante. En arrière-plan, une cité idéale aux monuments parfaits, peut-être Rome, ville fort appréciée par l’artiste. Curiosité : Mantegna aurait peint son autoportrait sur le décor grotesque entrelacé sur le faux pilier qui ferme la scène à gauche. Le trompe-l’œil le plus extraordinaire reste l’oculus au plafond : de là-haut, des petits amours et des domestiques contemplent la pièce, donnant ainsi un ton léger à l’ensemble de cette composition solennelle.

Corte Nuova. Un bel escalier d’honneur conduit à la dernière section de la visite. Attardez-vous dans les Appartements de Troie (salles 19 à 21) édifiés et décorés par Jules Romain de 1536 à 1539 pour le duc Frédéric II avec des scènes de L’Iliade. Suit la galerie de la Mostra, une des pièces les plus vastes du palais, destinée à accueillir les collections d’art du duc Vincent I^er. Les trésors artistiques des Gonzague, aujourd’hui dispersés dans les musées d’Europe, y étaient exposés. Enfin, on accède d'ici à la galerie des Métamorphoses, cabinet de curiosités du duc Vincent I^er et décoré par Antonio Maria Viani. Le corps momifié de Passerino (1308-1328), le dernier des Bonacolsi, y aurait été conservé jusqu'au XVII^e siècle.