DUOMO SANTA MARIA ASSUNTA

Consacrée à Sainte Marie de l'Assomption, la cathédrale de Naples est particulièrement chère au cœur de ses habitants car elle abrite les reliques de leur saint patron, San Gennaro (saint Janvier), évêque de Bénévent qui aurait subi le martyre en l'an 305 dans l'amphithéâtre romain de Pouzzoles. A l'intérieur de la cathédrale, la Chapelle du Trésor de San Gennaro abrite deux curieuses ampoules dans lesquelles le sang coagulé du saint est conservé depuis des siècles. Trois fois par an, au cours de festivités qui mêlent ferveur religieuse et dévotion populaire, les fidèles assistent au miracle de la liquéfaction du sang, synonyme de prospérité pour la ville. Un événement très attendu, qui s'accompagne d'une procession à travers la ville et attire toute la population dans les rues.

Cathédrale. Construite sous Charles II d’Anjou à la fin du XIII^e siècle et inaugurée en 1315, en présence de Robert d’Anjou et de son épouse Sancia de Majorque, la cathédrale s’élève sur un site autrefois occupé par les basiliques paléochrétiennes de Santa Restituta et Santa Stefania. S'il ne reste rien de la seconde, celle de Santa Restituta a été englobée dans le projet du Duomo. Les formes gothiques de la cathédrale d’origine ont été restaurées et remaniées à partir de la seconde moitié du XV^e siècle, et ce jusqu’au XX^e siècle. La façade néogothique du XIX^e siècle intègre les trois portails réalisés au début du XV^e siècle par Antonio Baboccio. Celui du centre est le plus remarquable, l'artiste y a intégré des éléments sculptés remontant au siècle précédent : dans le tympan, une Madone à l'Enfant due à Tino di Camaino et, de part et d'autre de l'entrée, des lions stylophores (porteurs de colonnes). L’intérieur solennel, aux proportions grandioses, est en forme de croix latine. La nef centrale, aux parois supérieures décorées de splendides fresques de Luca Giordano, est surmontée d’un plafond en bois du XVII^e siècle, enrichi de gravures et de dorures. Sur la nef droite s'ouvre, par une monumentale entrée, la Chapelle du Trésor de San Gennaro, tandis qu'en face, de la nef gauche, on accède à la basilique Santa Restituta. Plusieurs chapelles de la cathédrale sont particulièrement dignes d'intérêt : dans une chapelle du transept droit, chef-d’œuvre du Pérugin, L’Assomption. Les deux chapelles à droite de l'abside ont conservé leur structure gothique d'origine : la chapelle Tocco (chapelle directement à droite de l'abside) est ornée de fresques d'artistes divers, parmi lesquels Pietro Cavallini, peintre romain contemporain de Cimabue et de Giotto (début XIV^e siècle). A côté, la chapelle Minutolo a conservé son pavement de mosaïques à motifs zoomorphes de la fin du XIII^e siècle. A l'extrême gauche du chevet, la chapelle San Lorenzo ou degli Illustrissimi est peinte d'un Arbre de Jessé de Lello di Orvieto (vers 1315).

Chapelle du Trésor de San Gennaro. Accès payant (3,50 €). Le Trésor désigne le buste-reliquaire conservant les os du crâne du saint homme ainsi que les fioles qui contiendraient son sang solidifié. La chapelle a été édifiée au début du XVII^e siècle, en hommage au saint patron de la ville, invoqué par la population suite à une épidémie de peste. Elle représente une haute expression du style baroque : la coupole est décorée d'un Paradis de Giovanni Lanfranco, tandis que les pendentifs et les lunettes, peints par le Domenichino, décrivent des scènes de la vie de San Gennaro. Celui-ci réalisa également cinq des six tableaux d'autel (le sixième étant de Jusepe di Ribera).

Crypte de San Gennaro. Elle a été édifiée sur décision du cardinal Oliviero Carafa au XVI^e siècle afin d'abriter les ossements du corps du saint. Le cardinal venait d'obtenir du pape Alexandre VI Borgia la permission de ramener les reliques de San Gennaro à Naples. Ces dernières avaient été dérobées aux Napolitains par les Lombards du duché de Bénévent en 831 et, depuis des siècles, elles reposaient à l'abbaye de Montevergine, près d'Avellino. La crypte constitue l'unique chapelle de style Renaissance de tout l'édifice, attribuée à Tommaso Malvito ou bien à Bramante puisque l'architecte était en contact avec la famille Carafa à Rome. Entièrement recouverte de marbre, la chapelle présente un plan rectangulaire divisé en trois nefs par des colonnes qui soutiennent un plafond à caissons. Au centre trône la statue du Cardinal Carafa en prière, du sculpteur Tommaso Malvito.

Basilique Santa Restituta, baptistère et zone archéologique. La basilique Santa Restituta est la plus ancienne de la ville, érigée par l'empereur Constantin au IV^e siècle. Englobée dans la construction du Duomo, elle a été fortement remaniée et entièrement redécorée au XVIII^e siècle. Des tombes en marbre des XIV^e et XV^e siècles ont toutefois été conservées ainsi qu'une mosaïque du XIV^e siècle représentant la Vierge entre San Gennaro et Santa Restituta. Au fond de la nef à droite, on accède au baptistère et à la zone archéologique (accès payant : 3,50 €). Le baptistère San Giovanni in Fonte (fin IV^e-début V^e siècle) est considéré comme le plus ancien d'Occident (antérieur à celui du Latran à Rome) et ses mosaïques forment l'un des exemples les plus aboutis de cet art en Italie méridionale. On poursuit par la zone archéologique qui s'étend sous Santa Restituta et le palais épiscopal, et qui révèle des vestiges des époques grecque, romaine et du haut Moyen Age.