CAPPELLA SANSEVERO

L'ancienne chapelle funéraire de la famille Sangro a été érigée à la fin du XVI^e siècle face à son palais auquel elle était reliée par un passage (détruit en 1889). Elle fut remaniée et embellie au XVII^e et surtout au XVIII^e siècle lorsque Raimondo di Sangro, prince de Sansevero, imagina un vaste programme artistique à la gloire de sa famille. Ce personnage haut en couleur, intellectuel, franc-maçon et alchimiste à ses heures, alimenta de nombreuses légendes au sein de la ville. Dans un écrin fastueux coiffé d'une voûte aux fresques baroques réalisées par le peintre napolitain Francesco Maria Russo (seconde moitié du XVIII^e siècle), la chapelle abrite les sépultures de membres de la famille Sangro et des sculptures allégoriques. Parmi les tombes, notez, au-dessus de l'entrée, celle de Cecco di Sangro, qui illustre un épisode de la vie du condottiere : feignant d'être mort sur le champ de bataille, il se laissa déposer dans un cercueil avant d'en surgir l'épée au poing et de terroriser ses ennemis ! De part et d'autre de l'abside, deux magnifiques allégories sculptées : à gauche, La Pudeur d'Antonio Corradini, figure féminine recouverte d'un voile de pierre d'une extrême légèreté ; à droite, La Désillusion de Francesco Queirolo, personnage masculin tentant de se libérer d'un filet aux mailles serrées. Une œuvre mériterait à elle seule la visite de la chapelle : il s'agit du Christ voilé de Giuseppe Sanmartino. Toute la virtuosité de l'artiste se matérialise de façon spectaculaire dans le fin voile de marbre qui laisse apparaître par transparence le corps du Christ. On peut admirer la minutie de chaque détail, une veine saillante barrant le front, des membres à la musculature parfaitement exécutée, les plaies laissées par les clous. A Naples, le bruit courait que le voile du Christ n'était pas de marbre, mais qu'il s'agissait d'un tissu réel pétrifié par le prince suivant un procédé alchimique ! Dans la pièce conduisant à la crypte, sépulture de Raimondo di Sangro, devant un pavement orné d'un motif de labyrinthe, dessiné par le prince lui-même. A l'intérieur de la crypte, on s'étonnera devant les deux « machines anatomiques » qui, selon la légende, furent le fruit des expériences de Raimondo di Sangro : celui-ci serait parvenu à pétrifier le réseau sanguin des cadavres de deux serviteurs sacrifiés pour la cause ! En réalité, c'est un médecin de Palerme au service de Raimondo qui, avec de la cire et des colorants, reconstitua le réseau sanguin du corps humain avec une précision qui, aujourd'hui encore, étonne les scientifiques.