LAC ABBE : DANS UN AUTRE MONDE
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Lac envoûtant d'une surface de 150 km² permettant de découvrir des pâturages, des roseaux, des sources d'eau chaude, des bassins...
Le lac Abbé a ceci de fascinant qu'il nous entraîne dans un décor d'un autre monde. Et nous ne pouvons que nous incliner devant la beauté de ces paysages lunaires et mystérieux qui se dévoilent à nos yeux. Le lac Abbé a de quoi envoûter les voyageurs, les amateurs de paysages inattendus, uniques, les observateurs de la faune et de la flore qui ne pourront qu'admirer la remarquable adaptation de celles-ci à ce milieu hostile, les rêveurs, les contemplatifs et les agités. Et tous les autres.
Les stars du lac Abbé. Les stars, ce sont ces centaines de cheminées calcaires de toutes formes et tailles, qui se détachent sur l'horizon. On a l'impression d'arriver sur une autre planète... Les plus hautes font près de 50 mètres. Tourmentées, déchiquetées, elles évoquent des termitières géantes à l'architecture désaxée, des carcasses pétrifiées en voie de décomposition, des aiguilles de Bavella miniatures, d'immenses troncs d'arbres fossilisés et torturés. Selon l'heure à laquelle on les regarde, leur couleur change : rouge, ocre, gris, jaune soufre, brun... Leur teinte plutôt sombre contraste avec le sol clair. À y regarder de plus près (ou plutôt de plus loin), on constate que ces êtres de calcaire ne sont pas disposés n'importe comment. Ils semblent s'orienter, se suivre, sur un axe est-ouest. Une poignée de ces cheminées laissent échapper des fumerolles qui sentent le soufre. Leur nom de cheminée devient alors pleinement justifié. L'odeur s'explique par le fait que le lac est alimenté par les eaux de la rivière Awash, détournée par le volcan éthiopien Dama Alé vers des marais. Ces eaux, qui ont traversé lentement une zone volcanique, déposent donc dans le lac Abbé carbonate et sulfate de calcium. Le lac est également alimenté par des eaux traversant des terrains de gypse, parfois réchauffés par des incursions de magma. Ces eaux se déversent ensuite dans le lac, dont elles élèvent la température. Enfin, les différents éléments chimiques contenus dans le lac vont sursaturer ses eaux et former les cheminées, des accumulations verticales (et creuses) de calcite. La vapeur de ces sources d'eau chaude pourrait un jour être exploitée, transformée en électricité géothermique, peu coûteuse et a priori illimitée. C'est un projet... resté à l'état de projet depuis bien longtemps.
Le lac, source de vie. Vous remarquerez vite les « pâturages » et les roseaux qui entourent le lac. Ils sont uniques à Djibouti, créés par des sources d'eau chaude, parfois bouillonnantes, nettement visibles dans des petits bassins. Les enfants nomades des alentours viennent y faire paître les moutons, chèvres, ânes et dromadaires. Tous arrivent le matin puis repartent le soir. L'eau des sources est chaude, mais les animaux (et les plantes) s'y sont habitués. Les eaux du lac sont peuplées une partie de l'année de flamants roses, ibis, pélicans, canards, des oiseaux suffisamment gros pour faire concurrence aux beautés minérales du site et représenter dignement le monde animal. L'envol des flamants au matin est un superbe spectacle. Avec un peu de chance, vous verrez des groupes d'autruches qui s'approchent parfois du lac. La nuit, après le départ des troupeaux, la faune sauvage reprend ses droits, les gazelles surtout. Les chacals et les hyènes peupleront votre sommeil de leurs cris hideux. Un lac est un point d'eau, un lieu majeur de rencontre et de chasse. Les abords du lac sont sableux, parfois vaseux. Le risque de s'embourber appelle à la vigilance. Malgré la présence pas bien lointaine des pâturages, une impression de désolation s'empare des esprits quand apparaissent des troncs fossilisés et des squelettes, propres et lisses, de dromadaires. On est au bord d'un lac, mais l'eau semble lointaine, secondaire. Des tamaris poussent sur les rives, des oiseaux s'y rassemblent, beaucoup d'insectes aussi, trop heureux de trouver un lieu de reproduction.
Un lac en sursis ? Le lac Abbé est le vestige d'une vaste étendue lacustre qui, il y a 9 000 ans, couvrait sans doute toute la zone du Gobaad (d'où les coquillages fossilisés que l'on y trouve parfois). Il couvre aujourd'hui une surface inférieure à 150 km2, alors qu'en 1939 il s'étendait sur plus de 550 km2 ! Il baisse de 4 cm par an.
À l'instar de la mer d'Aral, en Asie centrale, et de bien d'autres étendues d'eau de la planète, le lac Abbé est en danger. Le recul des eaux crée des rives vaseuses et instables. Deux causes expliquent sa régression. La sécheresse de plus en plus marquée du climat éthiopien entraîne la diminution du volume d'eau se déversant dans le lac. Parallèlement, la captation ou le détournement des eaux de la rivière Awash par les Éthiopiens a les mêmes conséquences. Comme dans le cas de la mer d'Aral, il s'agit ici de capter de l'eau pour irriguer des cultures de coton, très grandes consommatrices d'eau.
Petits conseils avant d'y aller. Les abords du lac doivent être visités avec prudence. Il faut être accompagné d'un guide pour éviter les sols mouvants et les boues à parfois 80 °C de certaines rives. Les guides connaissent également les meilleurs points de vue, les meilleurs axes pour embrasser d'un regard l'immense site. Il faut compter une nuit sur place au moins en bivouac ou au campement touristique d'As Boley. Pour plus de confort, nous recommandons The Neem Farm. Le lac Abbé est à 1h de piste en 4x4. Pensez au répulsif anti-moustiques !
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur LAC ABBE : DANS UN AUTRE MONDE
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