Guide de voyage Taouila

Depuis Shibam, le parcours jusqu'à Taouila, puis Mahouit, se fait par une excellente route de près de 80 kilomètres. A la sortie de Shibam, on s'enfonce dans le ouadi Ajar, très vert la plus grande partie de l'année, étant arrosé par de multiples sources, résurgences et cascades. Le café, cultivé autrefois, a été remplacé par le qat. Les maisons que l'on aperçoit en chemin sont souvent construites à même de grandes roches érodées, dont elles épousent les formes pour se passer de fondations. Les tours de garde, forteresses et villages fortifiés se succèdent jusqu'à Taouila. Le bourg est niché au creux de quatre pics, Mahjour, Manqout, Shamsan et Housn, à une altitude de 2 750 mètres.

La première mention du village dans les chroniques date de 1470, mais sa forteresse fut construite plus tôt, au XIIe siècle. Taouila s'est surtout développée pendant la deuxième occupation turque, au XIXe siècle, car elle devint base militaire et centre fiscal du district de Caucaban. Ce rôle administratif fut confirmé par l'imam Yéhia, puis supprimé par le pouvoir républicain au profit de la ville de Mahouit. Les échoppes du souk, sous les arcades, s'animent le dimanche et le vendredi, jours de marché. Des montagnards en costumes régionaux, vêtus de houppelandes ou de gilets de fourrure de chèvre, et enturbannés d'imposants châles de laine brodée, viennent, entre autres achats, y discuter âprement le prix du qat. L'une des plus jolies vues est offerte par la mosquée et son minaret se découpant sur un fond de montagne.

Les façades, dans cette région, sont décorées de basalte noir ou de frises de petits triangles peints en vert ou bleu. Le cheikh de la ville est sans doute l'un des plus respectés du Yémen. Mohamed Ibhaly est connu pour son caractère droit. Dans sa maison, une énorme pièce sert de tribunal pour régler les problèmes de Taouila et des villages environnants. Son jugement est fort et juste, tout le monde l'accepte compte tenu de son impartialité. La prison est sur les hauteurs derrière la ville : il est interdit de monter au sommet sans autorisation. Une ficelle en contrebas active une cloche de la prison pour avertir le gardien de la venue des visiteurs. Ce système original est utilisé depuis très longtemps.