PAGODE SHWEDAGON
L’histoire de la pagode Shwedagon est intimement liée à celle du site Dagon ou l’inverse. Quoi qu’il en soit, la légende fait remonter l’origine du site à plus de 500 ans av. J.-C. Deux marchands venus d’Inde, rencontrèrent Bouddha, lui proposèrent de partager leurs gâteaux au miel, celui-ci les remercia en leur offrant huit de ses cheveux. Sur le chemin du retour, le roi Okkalappa les acclama à leur arrivée et donna une immense fête en l’honneur des reliques sacrées. Le roi choisit alors un site où ériger une pagode dans laquelle elles seraient enchâssées. Au moment d’ouvrir la cassette contenant les cheveux, des miracles se produisirent. Une première pagode en or fut construite, recouverte de plusieurs autres en argent, en étain, en plomb, en marbre et, enfin, en brique.
La pagode Shwedagon ainsi construite fut délaissée par les souverains, jusqu’au XIVe siècle. En 1362, le roi Byinnya U fut le premier à faire preuve d'intérêt pour ce lieu sacré : il décida de rehausser la pagode de quelques mètres. Par la suite, de nombreux souverains eurent à cœur de faire un geste envers ce monument. L’intervention la plus notable fut celle de la reine Shinsawbu (1453-1472) qui, après son accession au trône de Bago, accorda son poids en or : un poids plume de 40 kilogrammes, qui permit, grâce à la finesse des feuilles d’or, de recouvrir intégralement le dôme. Dhammazedi, son fils, fit mieux encore en accordant à la pagode un don conséquent : quatre fois son poids en or et celui de sa femme. Il fit par ailleurs inscrire la légende de la pagode en birman, en môn et en pâli, afin que la postérité n’oublie jamais comment cet édifice avait pu voir le jour.
Au cours des siècles suivants, la pagode fut tour à tour objet de convoitises, proie des tremblements de terre les plus dévastateurs, et lieu hautement stratégique. En 1612, le Portugais De Brito, plus pragmatique que jamais, voulut s’emparer de l’énorme cloche de la pagode pour couler le bronze et en faire des canons. Mais le sort s’en mêla : le poids de la cloche fit couler le bateau qui emportait le trophée. En 1774, le roi Hsinbyushin organisa une splendide procession, pour faire venir d’Ava une nouvelle ombrelle qui devait trôner à l’extrémité du stūpa. Une même initiative fut entreprise par Mindon depuis la cour de Mandalay, en 1871. Mais le message était alors chargé d’un incontestable sens politique. A cette époque, les Britanniques occupaient la basse Birmanie, et Mindon comptait bien, par ce geste prétendument anodin, témoigner de la grandeur de sa cour à Mandalay.
Dès leur arrivée en Birmanie, les Britanniques comprirent l’importance stratégique de Shwedagon, qu’ils occupèrent à partir de 1824. A l’issue de la seconde guerre anglo-birmane, la pagode fut dévalisée par les soldats anglais. Il fallut attendre les années 1930 pour voir l’édifice libéré de la tutelle anglaise.
Aujourd’hui, la pagode est à nouveau envahie, mais c’est une foule fervente qui se presse en ses murs, chacun réalisant ainsi le vœu le plus cher dans une vie de bouddhiste : fouler le sol de Shwedagon. L’entrée principale est située au sud. C’est là que vous obtiendrez le billet valable pour une journée entière. On accède à la pagode par quatre escaliers qui s’élancent depuis les quatre points cardinaux vers la plate-forme centrale. Chaque entrée jouit ainsi d’une atmosphère qui lui est propre. Depuis l’entrée sud, un ascenseur digne de la toute dernière technologie, version birmane, permet d’accéder à la plate-forme d’un seul bond. L’entrée ouest est accessible par un escalator, alors que l’on rejoint les entrées nord et est par deux vastes escaliers qui mènent solennellement vers la pagode dorée.
Aux abords des escaliers, de nombreuses échoppes proposent toute la panoplie du parfait bouddhiste : de jolies ombrelles en papier, des fleurs destinées aux offrandes, des statuettes de Bouddha, mais aussi des jouets de papier mâché, des instruments de musique et mille autres babioles dignes des plus grands bazars, la touche bouddhiste en plus.
En se promenant sur la plate-forme, on peut distinguer plus de soixante stūpa. En effet, le grand stūpa central, entièrement recouvert de feuilles d’or tous les cinq ans, est entouré d’une série d’autres stūpa de toutes tailles, les plus grands marquant les quatre points cardinaux.
On se laisse rapidement envoûter par l’ambiance et l’effervescence qui règnent en ces lieux, à toute heure. Il ne faudrait pas pour autant oublier d’admirer la richesse du stūpa en sa pointe : la girouette brille du millier de diamants et pierres précieuses qu’elle abrite, et la sphère supérieure est sertie de diamants à faire pâlir le sultan d’Oman. Peut-être apercevrez-vous aussi le solitaire qui pointe à l’extrémité du stūpa.
La pagode est un lieu étonnant où la vie bat son plein entre les multiples tazaung. Chaque temple est dédié à son donateur. Si l’on commence le tour de la pagode dans le sens des aiguilles d’une montre, comme le veut la tradition bouddhiste, on découvre tout d’abord, au sud, un tazaung édifié en l’honneur de Konagamana, le deuxième bouddha de ce monde. Si vous êtes né un mercredi matin (et non l’après-midi, vérifiez vos chroniques), un pilier vous est tout particulièrement dédié, associé à la planète Mercure. En remontant vers l’ouest, les natifs du samedi verront, avec intérêt, se dresser devant eux le pilier de Saturne. Plus loin, un sanctuaire chinois renferme vingt-huit images de Bouddha.
En se dirigeant vers l’angle sud-ouest de la plate-forme, on tombe bientôt nez à nez avec deux sympathiques nat, Thagyamin, le roi des nat, et Bobogyi, chargé de protéger la pagode Shwedagon. Si, à la place de ces deux personnages, vous apercevez un bouddha couché du long de ses huit mètres, c’est que vous êtes allé trop loin. Retour à la case départ… (sans gagner vingt mille francs !).
Parmi les statues et sanctuaires que vous verrez par la suite, notez la sculpture de Mai Lamu et Thagyamin (le roi des nat, toujours lui), qui donnèrent naissance au roi Okalappa (le bon roi de la légende, si vous avez suivi scrupuleusement l’historique de la pagode). En face, un pavillon est connu sous le nom de « Tazaung à deux sous » ; c’est en effet grâce aux petits dons quotidiens de tous les commerçants de Yangon que fut construit ce sanctuaire. Sur votre route en direction du nord-ouest, l’autel des jours de la semaine associés aux planètes vous permet de réviser vos maigres connaissances bouddhistes sur la question.
Impossible de manquer la cloche Mahagaunta. Certes, la cloche que vous avez sous les yeux n’est pas celle d’origine, qui est restée au fond de l’eau, on s’en souvient. Celle-ci date du XIIIe siècle, mais a failli connaître le même sort que sa consœur. En effet, les Britanniques tentèrent, eux aussi, d’emporter la cloche, non pas pour en faire des canons mais en guise de trophée cette fois-ci. En route, le navire coula, une fois n’est pas coutume. Les Britanniques essayèrent, en vain, de récupérer la cloche, et firent finalement appel à la population birmane pour aller la repêcher. Les Birmans firent preuve de la plus grande ingéniosité, attachant autant de bambous et de bois que possible, afin de faire flotter les seize tonnes immergées. Ils parvinrent ainsi à leurs fins et purent récupérer la cloche, ici présente.
Au nord-est du parvis, se trouvent deux banians, l’arbre sacré sous lequel Bouddha connut l’Illumination. Puis se succèdent sanctuaires et autres petits temples. Selon la légende de Dagon, c’est dans ce coin qu’existerait une ouverture permettant d’accéder aux cheveux sacrés enchâssés dans l’édifice. C’est par ici aussi que vous pourrez voir les inscriptions de Dhammazedi et relire, dans le texte (si vous êtes au niveau en môn, pâli ou birman), l’histoire de l’origine sacrée de la pagode. Le tour prend fin à l’est de l’édifice, où s’élève un autre arbre sacré. Selon l’heure et la lumière du jour, il ne vous reste plus qu’à choisir le point d’où vous aurez la meilleure vue sur ce dôme au pouvoir envoûtant.
Notre conseil : Visitez la pagode le matin, soit avant 7h dans la foule des pèlerins, soit entre 7h et 10h, au calme, avant que le soleil ne soit au zénith. Puis revenez (avec le même billet) à la tombée du jour, profiter de la magie des lieux.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Avis des membres sur PAGODE SHWEDAGON
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.
L'ambiance est hors du temps.
Il faut la visiter à plusieurs heures de la journée.
Rajouter à tout cela la population très attachante.
Comme dans un rève.
De prime abord l'entrée est assez simple et on est assez déçu des premiers mètres et escaliers, jusqu'à ce qu'on débouche sur la vraie zone religieuse avec non pas un temple mais des dizaines de temples/pagodes/stuppas de forme et de couleurs différentes (en plus du doré omniprésent).
On y voit les birmans faire leurs dévotions et on s'excuserait preque d'être là si ce n'était le plaisir de découvrir la beauté des lieux.