COLLINE D'AFROSYAB
L’antique cité d’Afrosyab, dont la fondation remonte à la fin du VIIIe siècle avant J.-C., repose sur un plateau de 220 ha, au nord de Samarkand. Baptisée Maracanda par les Grecs, cette cité antique a pris le nom du roi mythique de Touran décrit par le poète Firdussi dans le Shahnamé. Depuis le XIXe siècle, des générations d’archéologues ont étudié les traces des différentes civilisations qui y vécurent. On peut voir le résultat de leurs fouilles dans le musée Afrosyab. Les fondations de la ville présentent un schéma typique des villes antiques centre-asiatiques, généralement situées sur des terres agricoles et près d’un fleuve, avec une longue enceinte entourant une zone d’habitation très dense et une zone de bâtiments officiels, « la ville haute » où se trouve le palais. Les remparts construits au bord de la falaise mesuraient plus de 5 km de longueur. Consolidés sous les Achéménides, ils furent partiellement détruits autour des portes lors des attaques d’Alexandre le Grand, puis reconstruits. Aujourd’hui encore, on peut voir une partie des fortifications hellénistiques, remparts impressionnants aux meurtrières en forme de flèches. Véritables casernes fortifiées, ces murailles comprenaient à l’origine une galerie interne sur deux ou trois niveaux abritant les soldats. Quant au rempart abritant la zone suburbaine, il mesurait 13 km ! Les fouilles, conjointement à l’étude des témoignages rapportés par l’historien grec Arrien, ont permis de localiser le palais des satrapes achéménides dans la partie nord de la cité. C’est lors d’un banquet donné dans ce palais qu’Alexandre le Grand assassina son compagnon Cleitos. Il y a quelques années, le jeune fils de l’archéologue Mukhamadjon Issamiddinov, qui accompagnait souvent son père sur le site des fouilles, découvrit une plaque en argent doré qui faisait partie de l’ornement d’un harnais enfoui dans le lœss. En 1220, le cavalier qui cacha son harnais trop voyant dans le fond de ce puits, aux portes de la cité, devait fuir les Mongols qui assiégeaient la ville. Peut-être espérait-il le mettre à l’abri pour le retrouver après la guerre, mais il n’imaginait sûrement pas envoyer un message à travers les siècles. Durant l’époque kouchan et le développement de la Route de la soie, la cité sogdienne connut un véritable épanouissement. Dans le musée, on peut admirer une fresque du VIIe siècle découverte dans le palais de Varkhouman. Un cortège d’ambassadeurs offrant des présents au souverain de Samarkand, peut-être à l’occasion de son mariage : Bactriens juchés sur des chameaux, Türks aux longs cheveux, nobles Coréens à coiffure en double aigrette, et une princesse chinoise accompagnée de ses suivantes. Quand les conquérants arabes s’emparèrent de la cité au VIIIe siècle, le palais fut détruit, ainsi que le temple zoroastrien, le légendaire « temple des idoles » de Samarkand, dont les archéologues retrouvèrent les traces sous la mosquée édifiée au VIIIe siècle. Ces constructions successives sur les mêmes fondations créent un incroyable enchevêtrement souterrain, qui atteint parfois 10 m de profondeur comportant cinq niveaux de construction différents, parfois plus. Au XIIIe siècle, la conquête mongole mit fin à presque deux millénaires d’existence citadine sur cette colline de lœss et, après la destruction du système d’irrigation et d’arrivée d’eau, les habitants se déplacèrent vers le bas de la ville où fut fondée la nouvelle Samarkand de Tamerlan.
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