PALAIS DU KHAN HUSSEIN ALEYHAN

L’un des joyaux d’Azerbaïdjan, cette splendide bâtisse tout en bois a été construite au XVIII^e siècle par le deuxième khan du royaume de Sheki, après la rébellion des habitants de la ville contre l’armée iranienne en 1743. Les fenêtres coulissantes en bois de noisetier et de pêcher sont l’un des éléments architecturaux les plus remarquables de l’édifice : cette technique, appelée shebeke, consiste à réaliser des motifs décoratifs avec des croisillons de bois, encastrés sans clou ni colle. Cette technique, oubliée pendant très longtemps, a été réhabilitée dans les années 1950, pour la restauration de l’édifice. Elle est de nouveau très en vogue parmi les riches Azéris de la région de Sheki, qui y recourent pour décorer leurs demeures. Le critère de qualité de ces ouvrages réside dans la quantité des éléments en bois : les fenêtres du palais comptent jusqu’à 14 000 éléments en bois de pêcher par mètre carré !

Le plafond de la pièce de réception du rez-de-chaussée comporte 54 000 pièces de bois. Aucun clou n’a été utilisé pour cet impressionnant ouvrage qui faisait appel aux meilleures techniques artisanales de l’époque. Les couleurs sont tirées de pigments naturels. Les vitraux des fenêtres étaient à l’origine importés d’Italie, échangés contre des épices et de la soie du temps des caravanes marchandes. Ils ont depuis été remplacés par des vitraux de fabrication locale.

Le premier étage comprend la chambre du khan (bien que musulman chiite, le khan était monogame, ce qui explique que le palais ne dispose que d’une chambre), une salle de réception et une pièce faisant office de bureau du khan. Les murs et les plafonds sont entièrement peints. Une longue frise de 2 m de hauteur, qui court tout autour de la pièce principale, représente la guerre d’Indépendance qui a opposé les habitants de Sheki aux troupes iraniennes. Dans le bureau du khan, les grenadiers dessinés sur les murs portent les fruits préférés du souverain. Entre les deux arbres, un lion tue un cerf, symbolisant le triomphe du plus fort sur le plus faible. Au-dessus des deux animaux, un dragon représente le khan, dont les paroles sont comme des fleurs. Au plafond, quatre médaillons mettent en scène un lion tenant un poisson entre ses pattes, tandis qu’une femme arrive dans son dos et lui vole sa couronne. Le message est clair : le khan ne doit pas se laisser aller aux plaisirs faciles, comme le goût des femmes et du luxe, sous peine de perdre son pouvoir.