MONASTÈRE DE TIBHIRINE
Rattaché à l'abbaye de Notre-Dame d'Aiguebelle, le monastère Notre-Dame de l'Atlas fut fondé en 1938 par quelques moines trappistes sur le domaine agricole de Tibhirine à 7 kilomètres de Médéa.
Le monastère, qui reçut le statut d'abbaye en 1947 et de prieuré autonome en 1984, était devenu ce que souhaitait tant le prieur de la communauté, Christian de Chergé, une « maison de prière pour tous les peuples ». Entretenant de très bonnes relations avec le peuple algérien, les moines de Tibhirine créèrent une coopérative agricole avec les habitants du village et ils cultivaient les terres ensemble. Malgré la montée du FIS et les menaces islamistes, les moines décidèrent unanimement de rester à Tibhirine. Sept des neuf moines furent enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Leur assassinat, plusieurs semaines après leur enlèvement, fut attribué au GIA mais une enquête est toujours en cours. Lieu de douloureux souvenirs, le monastère est en passe de devenir l'un des arrêts inévitables au cours d'un pèlerinage. Rouvert au public depuis peu, il a été l'objet de travaux de restauration et il est désormais possible d'y résider contre un don au monastère. Toutes les personnes, quelle que soit leur confession, sont les bienvenues pour une retraite spirituelle ou un séjour au calme pendant une certaine période.
Visiter les lieux. Le monastère est depuis septembre 2016 confié par l'Église catholique en Algérie à la Communauté du Chemin-Neuf. Pour visiter les lieux, vous pouvez prendre rendez-vous au +213 6 96 23 10 22. La visite s'effectue toujours avec un guide (un frère ou une sœur de la communauté).
Pour des raisons de sécurité, il est demandé aux visiteurs étrangers de venir avec leur passeport et visa et 2 photocopies en indiquant dessus les noms des parents.
Testament de Christian de Chergé, Alger, 1er décembre 1993, Tibhirine, 1er janvier 1994
« S'il m'arrivait un jour – et ce pourrait être aujourd'hui – d'être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j'aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était donnée à Dieu et à ce pays. Qu'ils acceptent que le Maître unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal. Qu'ils prient pour moi : comment serais-je trouvé digne d'une telle offrande ? Qu'ils sachent associer cette mort à tant d'autres aussi violentes, laissées dans l'indifférence de l'anonymat. Ma vie n'a pas plus de prix qu'une autre – elle n'en a pas moins non plus. En tout cas, elle n'a pas l'innocence de l'enfance, j'ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde et même de celui qui me frapperait aveuglément. J'aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cœur à qui m'aurait atteint. Je ne saurais souhaiter une telle mort. Il me paraît important de le professer. Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j'aime soit indistinctement accusé de mon meurtre. C'est trop cher payer ce qu'on appellera, peut-être, la « grâce du martyre » que de la devoir à un Algérien, quel qu'il soit, surtout s'il dit agir en fidélité à ce qu'il croit être l'islam. [...] L'Algérie et l'islam, pour moi c'est autre chose, c'est un corps et une âme. Je l'ai assez proclamé, je crois au vu et au su de ce que j'en ai reçu y retrouvant si souvent ce droit fil conducteur de l'Évangile appris aux genoux de ma mère, ma toute première Église. Précisément en Algérie, et, déjà, dans le respect des croyants musulmans. Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m'ont rapidement traité de naïf, ou d'idéaliste : “Qu'il dise maintenant ce qu'il en pense ! ” Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s'il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec lui ses enfants de l'islam tels qu'il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de sa Passion investis par le don de l'Esprit dont la joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance en jouant avec les différences. Cette vie perdue totalement mienne et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l'avoir voulue tout entière pour cette joie-là, envers et malgré tout. Dans ce merci où tout est dit, désormais de ma vie je vous inclus bien sûr amis d'hier et d'aujourd'hui, et vous, ô mes amis d'ici aux côtés de ma mère et de mon père, de mes sœurs et de mes frères et des leurs, centuple accordé comme il était promis ! Et toi aussi, l'ami de la dernière minute, qui n'auras pas su ce que tu faisais. Oui pour toi aussi je le veux ce merci, et cet “À Dieu” envisagé de toi. Et qu'il nous soit donné de nous retrouver larrons heureux, en paradis s'il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. Amen ! Inch'Allah ! »
Pour aller plus loin, n'hésitez pas à découvrir ou redécouvrir le superbe film Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois. Primé au festival de Cannes 2010, le film retrace les trois dernières années de la vie des moines de Tibhirine.
Bon à savoir : Le monastère ne reçoit aucune subvention et vit seulement des revenus de sa petite production agricole. Vous pouvez donc aussi acheter des produits qui en sont issus dans la petite boutique sur place (confitures, miel...).
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur MONASTÈRE DE TIBHIRINE
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.