KATUTURA TOWNSHIP
Au nord de la ville se trouve le principal township. Depuis plusieurs années, de nombreuses agences de voyages proposent des tours organisés pour découvrir ce lieu et appréhender ainsi le mode de vie et le quotidien de ses habitants. Il est recommandé de passer par elles plutôt que de s'y rendre seul, même si vous ne risquez pas grand-chose en journée. Être avec un guide vous permettra surtout de mieux comprendre la vie locale. Si vous décidez d'y aller, n'oubliez pas de vous arrêter aux halles Single Quarters pour déguster un kapana avec un petit pain frit appelé à juste titre fat cake, traduction : gros gâteau.
Katutura – « l’endroit où nous ne voulons pas vivre » en langue herero – incarne le deuxième visage de la capitale. Situé au nord-ouest de Windhoek, ce quartier est le plus peuplé de la ville. Il compte au moins 60 % des 200 000 habitants de Windhoek, probablement plus, personne ne le sait vraiment. Tous les jours de nouveaux migrants arrivent du Nord (on estime qu’environ 600 à 1 000 personnes s’y installent chaque mois), en grande majorité des Ovambo, afin de tenter leur chance dans la capitale où le travail, quand ils en trouvent, est mieux rémunéré.
Dans les années 1950, l’Afrique du Sud applique le régime de l’apartheid en Namibie. Des lois ségrégationnistes ont alors pour but de séparer les Blancs et les Noirs. C’est à ce moment-là que commence l’histoire de Katutura. En 1959, les Sud-Africains incitent les Noirs à quitter leur quartier de la ville, la Old Location – aujourd’hui connue sous le nom de Hochlands Park – pour s’installer dans un township à l’écart de Windhoek. Par rejet, les Noirs le nomment Katutura. Ce déplacement massif ne se fait pas sans protestation : les habitants d’Old Location tentent par tous les moyens de s’opposer à ce déménagement forcé. Le 10 décembre, leur soulèvement est réprimé dans un bain de sang. Treize personnes meurent. C’est suite à ce massacre que naîtra la SWAPO, qui obtiendra alors l’indépendance de la Namibie plus de trente ans plus tard.
Sous l’apartheid, Windhoek était divisée en trois villes distinctes : Windhoek-centre pour les Blancs, Khomasdal pour les Basters et les Coloureds (les personnes métis), et Katutura, le quartier le plus éloigné du centre, pour les Noirs. Puis, au sein même de Katutura, les Noirs se retrouvaient à nouveau séparés en fonction de l’ethnie à laquelle ils appartenaient. Sur la façade de leurs habitations, une lettre affichait leur groupe ethnique. En traversant le quartier aujourd’hui, on remarque toujours ces inscriptions : H pour Herero, D pour Damara, N pour Nama et ainsi de suite. Après l’indépendance, on a créé à Katutura un quartier se nommant Wa-na-he-da. Il symbolise l’union des peuples de la Namibie : Wa comme Owambo, Na comme Nama, He comme Herero et Da comme Damara. Les lois interdisaient également aux habitants de Katutura de posséder des maisons, ils étaient contraints de les louer auprès de la municipalité. C’étaient des constructions très basiques, toutes identiques : une famille devait se contenter d’un deux-pièces avec toilettes dans la cour. Pour se rendre au travail, les habitants de Katutura montaient dans des bus qui les déposaient dans le centre. Le soir, un couvre-feu veillait à ce qu’ils disparaissaient du centre de la ville. Jusqu’en 1975, il n’y avait pas de commerce à Katutura. Ce n’est qu’après l’indépendance de 1990 que les infrastructures se sont améliorées.
Aujourd’hui, le quartier tente tant bien que mal de canaliser les flux migratoires incessants. Le chômage et le sida, omniprésents, se rajoutent aux conditions de vie précaires dues au manque d’eau potable. On estime que 40 % des habitants n’ont pas accès à des maisons en dur et logent dans des abris de fortune, des constructions en tôle très précaires qui s’accrochent au flanc des collines.
Malgré tout cela, Katutura ne se compare pas aux bidonvilles des autres pays africains. La vie y est certes précaire, mais aujourd'hui, le gouvernement a mis en place des projets pour que les habitants aient accès à l’eau, l’électricité et les sanitaires. La violence, souvent endémique dans les bidonvilles, n’est pas aussi courante et organisée qu’en Afrique du Sud. Le plus grand défi pour l’administration consiste maintenant à trouver un moyen d’absorber les flux migratoires, de lutter contre le chômage et contre le sida qui a considérablement réduit l’espérance de vie des habitants.
Aux visiteurs et voyageurs, Katutura se présente comme un quartier jeune et populaire, sans monument mais d’un intérêt vital pour ceux qui souhaitent comprendre l’histoire et le présent du pays. Il est cependant déconseillé de s’y rendre seul. À Windhoek, plusieurs opérateurs locaux comme Face-to-Face, Asmara, ou encore Katutours… proposent des tours pour visiter Katutura à leur manière. Ceux-ci débutent en général à Old Location et se poursuivent à Katutura où l’on découvre le marché, les shebeens, ces petits bars informels qui se remplissent à la tombée de la nuit et d'où la musique résonne sous la tôle. Les opérateurs locaux font également découvrir un jardin d’enfants, ou encore des projets comme Penduka. C'est une entreprise employant des femmes en difficulté ou handicapées qui permet de les aider face à la discrimination, l'exclusion sociale, en les aidant à se réinsérer malgré toutes les difficultés qu'elles ont rencontrées.
Ces lieux, souvent décriés par la population, sont pourtant chargés d'histoire et abritent les acteurs et les actrices de beaux projets humains et de demain.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur KATUTURA TOWNSHIP
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