GRAFFITOUR COMUNA 13

La Comuna 13 représente l'un des exemples les plus significatifs du processus de transformation sociale qu'a connu la ville de Medellín ces dernières années. La sécurité s'y est fortement améliorée et le quartier San Javier, l'un des 22 barrios de la Comuna 13, fait même l'objet du city tour le plus populaire de Medellín ! Des petits commerces et ateliers d'artistes se sont montés, et des centaines de familles vivent aujourd'hui directement et indirectement du tourisme. On peut s'y rendre seul, mais la visite est plus intéressante avec un guide local. Le Graffiti Tour (ou Graffitour) de la Comuna 13 a été créé par Casa Kolacho, un centre culturel réunissant des artistes du quartier qui se sont unis pour faire passer un message de paix à travers la culture hip-hop.

L'histoire commence au début des années 2000. À l'époque, la Comuna 13 est contrôlée par les milices populaires de l'ELN et des FARC. Pour « pacifier » les quartiers, le président Álvaro Uribe, fraîchement élu, lance l'opération Orión du 16 octobre 2002 : 3 000 policiers, militaires et paramilitaires des AUC (Autodéfenses unies de Colombie) prennent d'assaut la Comuna 13, faisant des centaines de morts et disparus, essentiellement parmi la population civile. Le quartier est bouclé plusieurs jours pour un « nettoyage » (les corps sont jetés dans des décharges). La Comuna 13 passe aux mains des AUC qui s'allient au Cartel de Medellín. La société civile s'organise pour changer la donne et des politiques d'urbanisme social efficaces ont permis que la situation des habitants s'améliore grâce au désenclavement des quartiers (escaliers roulants, téléphérique...). Malgré tout, le narco-paramilitarisme est toujours présent et en 2009, Héctor Pacheco, alias « Kolacho », l'un des leaders du collectif, est assassiné. Casa Kolacho est créé en son honneur.

Quinze ans plus tard, la Comuna 13 n'est plus la zone de non-droit qu'elle était. Le centre culturel, qui refuse les subventions publiques pour garder son indépendance, finance ses actions en faveur des jeunes du quartier en partie grâce aux Graffitours. Durant la visite à pied, on admire de superbes graffitis, mais on apprend surtout l'importance du mouvement hip-hop dans le processus de transformation sociale. Il n'est proposé pour l'instant qu'en espagnol et en anglais, mais certaines agences locales offrent l'accompagnement avec un interprète francophone. Il serait en effet dommage de ne pas comprendre les explications données par ces jeunes artistes, qui ont tant envie de transmettre leur histoire et celle de leur quartier.