MONASTERE DE HAGHPAT ET FORT DE KAYAN BERD
Situé sur un plateau surplombant le canyon boisé du Débet, à 1 000 m, d'où on jouit d'une vue panoramique sur la région, le monastère de Haghpat n'a pas usurpé sa réputation et constitue l'un des principaux points d'intérêt de la région. D'une architecture assez semblable à celle de Sanahin, le monastère a connu à peu près la même histoire, bercée par les mélodies et ballades du célèbre musicien, troubadour et poète arménien Sayat Nova, qui y a séjourné de 1775 à 1779, sous le nom de Père Stépanos, après avoir enchanté les cours princières de la région, dans presque toutes les langues parlées dans le Caucase. Dominant les chalets du village, les nombreux bâtiments du monastère sont assemblés de manière compacte derrière un long et épais mur d'enceinte ponctué de tours arrondies et auquel est accolé un vaste réfectoire, semblable à celui de Haghartsine. D'autres constructions, dont un ermitage et une fontaine, s'élèvent hors des murailles de ce grand ensemble monastique de l'Arménie féodale, qui possédait d'importants domaines dans la vallée. Comme Sanahin, ce monastère a été fondé par la reine Khosrovanouch en 976 ; comme lui, il a été propriété des princes Kiurikian aux Xe-XIIe siècles, jusqu'à ce que les princes zakarides lui donnent un nouvel essor au XIIIe.
Le monastère de Haghpat s'organise autour de l'église principale Saint-Signe (Sourp Nchan), achevée en 991 par le roi bagratide d'Arménie Smbat, et son frère Gurguén ou Kiuriké, roi du Tachir ; ils sont représentés – le premier couronné du grand turban conféré par le califat, le second coiffé d'une sorte de toque, portant dans leurs mains le modèle de cette église construite par l'architecte Trdat d'Ani – sur une plaque sculptée au fronton de cet édifice imposant, un peu massif, mais aux proportions élégantes. Les murs intérieurs de l'église étaient entièrement recouverts de fresques dont d'importants fragments se sont conservés, dans l'abside et surtout dans l'hémicycle, où sont représentés l'Annonciation, la Nativité, la Présentation au Temple, le Baptême, et la Communion des Apôtres ou Pentecôte, sur le mur nord. Les inscriptions géorgiennes qui accompagnent les commentaires, en langue arménienne, de ces fresques, trahissent l'influence de la Géorgie.
Jamatoun. L'église Saint-Signe est précédée d'un jamatoun construit en 1185 et qui faisait office de mausolée des princes Kiurikian. L'espace intérieur est soutenu d'une paire d'arcs croisés, qui apparaît ici pour la première fois en Arménie. C'est depuis le parvis du jamatoun, qui s'ouvre sur un vaste porche en plein cintre, qu'on a la vue la plus spectaculaire de l'ensemble monastique, avec sa symphonie de coupoles et de rotondes se détachant sur les montagnes boisées.
L'ensemble composé de la toute petite chapelle Sainte-Mère-de-Dieu (Sourp Asdvadzadzine, XIIIe siècle), à gauche du jamatoun précédent et située devant un autre narthex, dit « jamatoun de Hamazasp » (1257), et, à l'autre extrémité, du clocher-campanile, est réellement impressionnant.
Le clocher, construit en 1245, mérite qu'on fasse le tour du complexe pour en observer les détails : c'est une tour polygonale à deux étages, aux angles brisés par des stalactites ou comblés par des trompes, et surmontée d'une rotonde dont la colonnade est coiffée d'un toit pyramidal.
De hautes croix sont sculptées sur les murs percés de fenêtres en ogive et de baies géminées, qui désignent ce curieux édifice comme le produit d'une synthèse entre l'Orient et l'Occident.
Devant le clocher, la bibliothèque, construite en 1262, grande salle carrée dont les murs, soutenus par une paire de solides arcs croisés, sont percés de niches pour les livres, témoigne de l'activité intellectuelle que connurent ces lieux. Activité artistique et musicale aussi, car l'histoire du monastère de Haghpat, comme celle de Sanahin, est bercée des mélodies du trouvère arménien du XVIIIe siècle, Sayat-Nova. Probablement originaire du village de Sanahin, le poète termina ses jours au monastère de Haghbat, où il avait été envoyé en relégation, son étoile ayant pâli dans les principautés de la région. Le monastère de Haghpat renferme de nombreux khatchkar, dont celui d'Aménaprkitch (Sauveur de Tous), datant de 1273, dressé devant l'église Saint-Signe. Adossé au mur d'enceinte, on remarque le mausolée des Ukanides, qui regroupe trois caveaux servant de socle à une rangée de khatchkar du XIIIe siècle.
L'ermitage de la Mère-du-Seigneur (Tiramayr), ou des Femmes, est situé un peu à l'écart des murs d'enceinte du monastère, sur un tertre à l'est du village aux maisons aux toits pentus, dont les pignons sont recouverts de pans de bois, typiques de la région. C'est une petite chapelle du XIIIe siècle, dont la coupole est parcourue d'une élégante arcature trilobée.Enfin, la fontaine médiévale, construite en 1258, continue à alimenter le village, comme à Sanahin ; elle est un peu plus grande, et son large toit en bâtière surmonte trois arcades soutenues par deux colonnes massives.
Fort de Kayan-Berd. Il est accessible au terme d'une randonnée entre Haghpat et Sanahin. Les murs ruinés de cette forteresse renferment la chapelle de la Sainte-Mère-de-Dieu de Dsevank, d'où l'on a une vue superbe sur le canyon. On y accède depuis un sentier à mi-chemin de la route entre Alaverdi-Sanahin et Haghpat, indiqué par une buvette, environ 2h de marche.
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