FERME DE DEMONSTRATION DE WEDBILA
C’est le nouveau projet de Clark Lungren, initiateur du ranch de Nazinga et du programme d’extension qui à abouti aux projets GEPRENAF (d’où la Forêt Classée et Réserve Partielle de Faune de Comoé-Léraba gérée par la population riveraine organisée à cet effet, dans le sud-ouest du pays). Il poursuit toujours le même objectif : gérer durablement la faune sauvage au bénéfice des populations rurales. A Wédbila, il est épaulé par ses fils, Derek et Loren. Aussi, œuvrent-ils à partir du Centre pour le Développement de la Production Faunique (CDPF), basé à la ferme, afin d’appuyer le développement la gestion productive extensive, semi-intensive et intensive de la faune à travers la sous-région. L'idée sous-jacente est simple : intéresser directement et individuellement les populations rurales à la gestion de la faune. Le patrimoine naturel, notamment la faune sauvage, est aujourd'hui protégée dans des réserves et des parcs nationaux. Ces espaces protégés, indispensables, souffrent de difficulté d'autofinancement et bénéficient difficilement aux populations rurales riveraines. Les zones tampons limitrophes de ces réserves totales sont souvent confiées à des concessionnaires privés, qui pratiquent généralement une activité de chasse. Là encore, la nature se trouve protégée mais les bénéfices aux populations riveraines ne sont pas évidents. Ces dispositifs sont d'ailleurs parfois mal perçus par les populations qui se voient exclues du processus, perdant l'accès à leurs terres traditionnelles de chasse et ne recevant que peu de bénéfices de cette valorisation de la faune sauvage. Ils supportent d'ailleurs les effets secondaires de ces mesures de protection, qui prennent la forme de dégâts à leurs cultures causés par les éléphants et les herbivores ou de pertes de bétail à cause des prédateurs. Le constat est général : il est nécessaire d'intégrer les populations riveraines à la gestion de la faune sauvage et de diriger le maximum de bénéfices vers elles pour qu'elles trouvent un véritable intérêt économique à la conservation. Cette gestion dite participative existe depuis déjà plusieurs dizaines d'années. Elle connaît localement des réussites (trop souvent temporaires) et certaines expériences sont actuellement très encourageantes au Burkina Faso (Forêt de la Comoé Leraba, Mare aux Hippo…). Cependant cette gestion communautaire peine à se mettre en place de manière durable, le partage des bénéfices étant une notion fluctuante selon les acteurs concernés ! Fin observateur de la situation, Clark Lungren, passionné de faune sauvage, semble convaincu que la gestion de la faune sauvage est une affaire d'investissement personnel. Pour que les populations riveraines des milieux sauvages participent à leur conservation, il est nécessaire qu'elles soient individuellement intéressées. D'où le concept de ferme animalière. L'objectif est de montrer que de telles fermes peuvent être financièrement viables en diversifiant et optimisant leurs activités de valorisation de la faune sauvage (production d'animaux ou de produits d'animaux pour la vente, tourisme, chasse…). Ces entreprises individuelles, en bordure des zones protégées et en territoires villageois, participeront à la conservation des milieux naturels tout en étant moteur du développement local (lutte contre la pauvreté, la sous-alimentation, le chômage…). Il est prévu que le Centre de Formation du CDPF à la ferme servira à la formation des jeunes éleveurs à travers une formation pratique suivi d’un encadrement technique et commercial une fois leurs propres élevages engagés. A ce jour la ferme est au stade expérimental et n'est pas encore entrée en phase de production. Les enclos d'élevage sont ouverts à la visite et permettent d'observer de près de nombreuses espèces que l'on ne peut voir ailleurs dans de telles conditions. La liste est impressionnante : écureuils fouisseurs, porc-épics, caracals, civettes, chacals à flancs rayés, hyènes rayées, mangoustes à queue blanche, mangoustes égyptiennes, civettes d'Afrique, cobes defassa, phacochères, céphalophes de Grimm, céphalophes bai, aulacodes (agoutis), rats de Gambie, ourébis, guibs harnachés, bubales, hippotragues, autruches, genettes tigrinnes, genettes communes, genettes de villier, chats de libye, gazelles à front roux… Déjà plusieurs visiteurs sont venus les admirer, notamment des écoliers pour qui la visite est assurée à tarif réduit dans le cadre d'un programme d'éducation environnementale. La ferme est toujours en développement. Outre l'élevage, un superbe lodge, le « Kounoukweri de Koubri » est en construction. A terme, 70 hectares seront clôturés et une partie des herbivores seront relâchés permettant alors de faire des balades dans la réserve. Ce concept de ferme animalière pourra surprendre certains voyageurs qui n'envisagent pas la compatibilité entre production et contemplation de la faune sauvage. Il est vrai que la question peut faire débat mais force est de constater que dans un monde piloté par des impératifs économiques, la pression sur les milieux naturels et leur faune est forte, il est donc probablement nécessaire de les valoriser de toutes les manières possibles au risque de les voir disparaître. La visite de la ferme permet de s'éveiller à cette problématique. Cette initiative a le mérite de proposer des solutions. Vivement recommandé.
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Avis des membres sur FERME DE DEMONSTRATION DE WEDBILA
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