Intérieur du musée Isabella Stewart Gardner. shutterstock -LnP images.jpg
L'Institute of Contemporary Art. shutterstock -Wangkun Jia.jpg
Street art au coeur de Central Square. shutterstock -EQRoy.jpg

Les débuts de la peinture en Nouvelle-Angleterre

Le climat intellectuel américain a été longtemps défavorable à la peinture. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, elle se limite à l’exécution de portraits et ce n’est que vers la première moitié du XIXe qu’apparaît le paysage, sous forme de scènes romantiques ou de vastes panoramas.

Les grands peintres de l’époque se nomment John Singleton Copley (1738-1815), James Whistler (1834-1903) – premiers artistes américains de renommée internationale –, Mary Cassatt (1844-1926), Winslow Homer (1836-1909), Robert Reid (1862-1929) ou encore John Singer Sargent (1856-1925), un Européen qui vint à Boston pour peindre plusieurs portraits de commande, notamment celui de l’importante mécène Isabella Stewart Gardner (1888), visible au Isabella Stewart Gardner Museum.

C’est en 1870 que Boston se dote d’un Musée des Beaux-Arts, le Museum of Fine Arts (MFA), qui devient vite une référence nationale. En 1899, Charles Hawthorne (1972-1920) fonde également une colonie d’artistes à Provincetown, MA, la Cape Cod School of Art. Ce très grand peintre américain, déjà reconnu à son époque, invite ainsi d’autres artistes à le rejoindre.

En 1916, six écoles d’art ouvrent leurs portes, attirant des peintres de tout le pays. Hawthorne est aussi le fondateur du Provincetown Art Association and Museum (PAAM) toujours en activité aujourd’hui. Quelque temps auparavant, en 1903, Isabella Stewart Gardner ouvre un musée éclectique à Boston et accueille les pièces d’artistes locaux, participant ainsi à leur reconnaissance et à leur diffusion. On y croise notamment des œuvres de John Noble (1974-1934) ou de Norman Rockwell (1894-1978) – qui a aujourd’hui un musée dédié à Stockbridge, dans le Massachusetts, le Norman Rockwell Museum. L’école de Cape Cod se place ainsi sur le devant de la scène pendant plusieurs décennies.

En parallèle, alors que la peinture américaine est dominée par des tendances réalistes et des soucis d’ordre social, une nouvelle école nationale réaliste à dimension plus documentaire se crée. Le peintre le plus connu appartenant à ce courant est George Bellows (1882-1925). Ce dernier livre une vision captivante de la société américaine à une époque charnière, en pleine transition vers la modernité.

En 1948, les descendants du riche mécène William Farnsworth, inaugurent le Farnsworth Art Museum musée non loin de Boston, à Rockland, dans le Maine. L’endroit réunit des œuvres de peintres ayant représenté le Maine et la Nouvelle-Angleterre en général. On y voit notamment des peintures d’Andrew Wyeth (1917-2009) et de Winslow Homer (1836-1910), mais également d’Edward Hopper (1882-1967) ou Bellows. Winslow Homer, peintre réaliste, fameux pour ses marines, est d’ailleurs également à l’honneur dans le Maine, à Prout’s Neck, près de Portland : son ancien atelier, le Winslow Homer Studio, est ouvert depuis 2013 au public.

Vers un modernisme américain

Dans les années 1920, une école appelée American Scene réunit certains artistes, dont Grant Wood (1891-1942) et Edward Hopper, dont le désir commun est de redécouvrir une réalité familière et provinciale propre à leur pays, en réaction à des courants expressionnistes véhiculés par des artistes venus d’Europe centrale.

Le précisionnisme fait son apparition au début des années 1920. Ce mouvement présente certaines caractéristiques du cubisme et du futurisme et a généralement pour thèmes l'urbanisation et l'industrialisation du paysage américain. Il est porté par des artistes tels que Charles Demuth (1883-1935), avec sa fascination pour les silos à grains, Elsie Driggs (1898-1992), dont on se rappelle le tableau de Pittsburgh avec son aciérie menaçante, Charles Sheeler (1883-1965), qui représenta les usines Ford dans Criss-Crossed Conveyors, et Georgia O'Keeffe (1887-1986), avec ses inoubliables interprétations des gratte-ciel de Manhattan. En 1929, le Currier Museum of Art de Manchester, NH, est fondé – toute une galerie y est réservée aux peintres du New Hampshire. En 1936, c’est le Boston Museum of Modern Art – une institution sœur du MoMA de New York – qui ouvre ses portes. Véritable lieu d’innovation, ce musée se construit une grande réputation en repérant les artistes émergents de l’époque et devient indépendant en 1948, où il prend le nom de Institute of Contemporary Art (ICA).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Amérique accueille de nombreux artistes étrangers chassés par le nazisme (dont Max Ernst, Yves Tanguy, André Masson, Fernand Léger, Salvador Dalí ou Marc Chagall) : c’est ainsi que le pays devient le foyer international des arts. L’avant-garde occidentale est très bien accueillie, le surréalisme connaît un nouvel essor et nombreux sont les adeptes de la tendance européenne. Néanmoins, las du poids de l’influence européenne et de son envergure, quelques peintres américains ne tardent pas à réagir. Un renouveau artistique se produit ainsi autour des expressionnistes abstraits comme Jackson Pollock (1912-1956), Willem De Kooning (1904-1997), Mark Tobey (1890-1976) et Franz Kline (1910-1962), qui fondent l’école de New York, donnant ainsi à la ville un rôle central en matière d’art. Natif du Massachusetts, Frank Stella (1936), et les minimalistes leur emboîtent le pas.

Du Pop Art à l’art contemporain, une période foisonnante

Dans les années 1960, l'école de New York se renouvelle en ressuscitant le dadaïsme : le mouvement néo-dada engendre une peinture à dimension sociale, inspirée des matériaux de la vie quotidienne, avec des artistes comme Robert Rauschenberg (1925-2008), Jasper Johns (1930) ou Louise Nevelson (1899-1988).

C’est sur les bases du néo-dada que le pop art se développe aux États-Unis, à la fin des années 1950, s’emparant des codes de la culture populaire contemporaine, de la publicité aux comics. Au sein de ce mouvement se distinguent les incontournables Andy Warhol (1928-1987) et Roy Lichtenstein (1923-1997). Ces derniers mettent l’art américain au centre de l’attention internationale, et contribuent au développement de la scène contemporaine locale. Y naissent bientôt des formes nouvelles et subversives comme l’installation, la performance, le happening ou l’art vidéo, avec comme figures de proue Claes Oldenburg (1929) ou Allan Kaprow (1927-2006).

Depuis lors, cette énergie créative ne cesse de faire vibrer New York et d’irriguer la scène de la Nouvelle-Angleterre, où le Massachusetts MoCA est créé en 1985 afin d’exposer des œuvres d'art aux formats inhabituels, qui ne seraient pas montrables dans des institutions d’art conventionnelles. Avec une programmation diversifiée, ce centre d’art reste aujourd’hui, avec l’ICA de Boston, un lieu idéal pour découvrir des artistes de la scène locale et nationale.

L’aventure photographique en Nouvelle-Angleterre

La photographie s’est installée en Nouvelle-Angleterre dès les premiers développements de la technique. Le daguerréotype, inventé en 1839 par le français Louis Daguerre, se diffuse rapidement aux États-Unis, et c’est au printemps 1840, à la Massachusetts Historical Society de Boston, que l’une des premières démonstrations américaines est réalisée. Dans les années 1950, des dizaines de studios éclosent dans la ville, avec pour figures de proue Albert Sands Southworth (1811-1894) et Josiah Johnson Hawes (1808-1901). Les premières images réalisées sont principalement à vocation utilitaire et dédiées aux élites, au sein desquelles le portrait est très en vogue. Ce n’est que plus tard qu’une photographie proprement artistique se développe, avec des pionniers comme le pictorialiste F. Holland Day (1864-1933).

Pour découvrir des clichés de la région, rendez-vous dans les différentes maisons-musées de Historic New England, une association dédiée à la préservation du patrimoine historique local. Leurs collections photographiques sont vastes, avec plus de 500 000 images datant du XIXe siècle à nos jours. Elles représentent d’innombrables facettes de la vie de la région : scènes urbaines, paysages ruraux, vie en mer ou réunions de famille. Pour admirer une photographie plus contemporaine, on trouve à Boston différentes galeries spécialisées, comme la Panopticon Gallery ou la Galerie Robert Klein.

De la sculpture au street art : apprécier l’art en plein air

Outre sa verdure, ses montagnes et ses rivières, le paysage de la Nouvelle-Angleterre accueille également de nombreuses œuvres à découvrir en plein air. On y trouve en effet moult parcs dotés des collections publiques permettant de se cultiver tout en se promenant, quand les œuvres ne sont pas directement peintes sur les façades des immeubles !

Une des institutions de référence en la matière est le DeCordova Sculpture Park and Museum de Lincoln, qui abrite une soixantaine d’œuvres modernes et contemporaines sur un terrain de plus de 35 hectares. Dans un genre plus classique, le musée Chesterwood à Stockbridge abrite les œuvres de Daniel Chester French (1850-1931), célèbre sculpteur américain originaire du New Hampshire. On y trouve également les travaux d’artistes émergents lors d’expositions temporaires. À Ridgefield, dans le Connecticut, le Musée d'art contemporain d'Aldrich comporte aussi un jardin dédié à la sculpture actuelle, avec des œuvres pour la plupart créées spécifiquement pour le lieu. Enfin, pour les passionnés de jardinage ou pour une sortie familiale, ne pas manquer le Green Animals Topiary Gardens de Portsmouth, un jardin aux sculptures végétales toutes plus incroyables les unes que les autres, qui rivalisent sans peine avec celles d’Edward aux mains d’argent !

En termes de street art, les rues de Boston abritent quant à elles de nombreuses pépites. Il ne faut pas manquer la Graffiti Alley au cœur de Central Square, un des lieux de prédilection des graffeurs de la région. Avec un peu de chance, vous pourrez peut-être les admirer à l’œuvre !