MOSQUÉE IMPÉRIALE
Cette mosquée (Xhamia e Madhe, Carska džamija) fut érigée en 1460 ou 1461 sur ordre du sultan Mehmet II. Malgré ses dimensions modestes comparées aux prestigieuses mosquées ottomanes d’Istanbul, elle est la plus grande du genre en ex-Yougoslavie.
Noms. Tombeur de Constantinople, en 1453, Mehmet II fut considéré comme le plus grand sultan ottoman et prit même pour habitude de se faire appeler « empereur » comme ses prédécesseurs byzantins ou, plus simplement, « le Victorieux » (Fatih en turc). C’est ainsi que toutes les mosquées construites par Mehmet II sont qualifiées d’impériales, de grandes ou de victorieuses. Celle-ci ne fait pas exception et cumule tous les noms possibles. En albanais, si elle est officiellement appelée mosquée Sultan-Mehmet-II-le-Victorieux (xhamia e Sulltan Mehmet Fatihut II), localement, elle est surtout connue comme la Grande mosquée (xhamia e Madhe). Mais on la désigne aussi comme la mosquée du Roi (xhamia e Mbretit), la Mosquée victorieuse (xhamia Fatihut) ou la Mosquée impériale (xhamia e Hynqarite en albanais, Carska džamija en serbo-croate).
Histoire. C’est un architecte de Bursa (aujourd’hui en Turquie), capitale ottomane avant la prise de Constantinople, qui vint ériger le bâtiment à Pristina. On ne connaît pas son nom, mais celui-ci s’inspira de la Grande mosquée de Bursa (1395), dont il réduisit ici les dimensions et le nombre de minarets à un seul. En 1683, Pristina passa brièvement aux mains de l’Empire des Habsbourg. La mosquée fut alors transformée en église catholique. Confiée aux jésuites, elle fut dédiée à saint François-Xavier et servit de sépulture à Pjetër Bogdani, originaire d’Albanie et auteur du premier livre en prose écrit en partie en albanais, Cuneus Prophetarum (La Cohorte des prophètes, 1685). Mais au retour des Ottomans, en 1690, le corps de l’écrivain catholique fut retiré et le lieu redevint une mosquée. Celle-ci fut remaniée aux XVIIIe et XIXe siècles. Elle perdit son minaret lors d’un tremblement de terre en 1955 et le bâtiment dut subir d’importants travaux dans les années 1960. Parmi les ajouts plus récents, il faut noter le jardin de la mosquée qui est doté d’un wudu (bassin à ablutions) datant de 1996. À côté, le bâtiment moderne couleur pastel est le siège de la communauté sunnite de Pristina.
Bâtiment. Il correspond au plan standard des petites mosquées ottomanes des Balkans. Mais celui-ci est ici légèrement surdimensionné. À l’extérieur, la salle de prière forme un cube de 17,70 m de côté. Elle est précédée d’un porche de 5,90 m de profondeur surmonté de trois coupoles. Les trois arches de celui-ci sont dissymétriques : celle du centre est légèrement plus étroite que celles qui l’encadrent. Et la coupole au centre du porche est surélevée. Le minaret, reconstruit en 1967, est placé à l’angle sud-ouest. Il s’élève à 38 m de hauteur, desservi par un escalier de 120 marches. Mais, surtout, ce sont les murs qui font ici la différence avec près de 2 m d’épaisseur. Grâce à eux et à quatre piliers intérieurs, l’édifice supporte la plus grande coupole dont soit dotée une mosquée en ex-Yougoslavie. Mesurant 13,5 m de diamètre, celle-ci est elle-même posée sur un tambour selon le modèle de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople, référence des architectes ottomans après 1453.
Décoration. Depuis 2013, les quatre coupoles sont surmontées d’un alem (« bannière » en turc), un épi de faîtage décoré d’un croissant de lune, motif sans connotation religieuse adopté par les Ottomans à partir du XVIIe siècle. Au-dessus de la porte d’entrée, une haute niche sculptée est surmontée d’une peinture représentant la mosquée. La niche elle-même abrite une plaque de marbre avec une inscription en turc ottoman (turc rédigé en caractères arabes) qui indique que la mosquée fut érigée par « Mehmet II Fatih, père des conquêtes, en l’an 865 ». Cette date de l’hégire tombe à cheval sur les années 1460 et 1461 du calendrier grégorien. C’est le seul document qui permette de dater la construction de l’édifice. De part et d’autre de la porte, les linteaux des deux fenêtres sont ornés de calligraphies en arabe qui reproduisent des versets du Coran. Les trois coupoles du porche sont ornées de peintures aux motifs floraux datant du XIXe siècle et restaurées en 2013. À l’intérieur, les belles peintures des murs et plafonds ont suivi le même processus. Il ne reste en effet plus grand-chose du décor intérieur originel du XVe siècle. Le lustre et le mahvil (estrade ici en bois sur laquelle prennent place les femmes pendant la prière collective) sont de facture récente. En revanche, grâce à la restauration de 2013, deux éléments fondamentaux ont retrouvé leur apparence originelle : le mirhab (niche indiquant la direction de La Mecque) et le minbar (pupitre au sommet d'un escalier utilisé pour les prêches). Tous deux avaient été couverts de stuc et peints. Leur belle structure en pierre finement ciselée apparaît désormais.
Charchia. La mosquée constituait le centre d’une charchia, un complexe mêlant sacré et profane. Trois éléments de ce quartier subsistent. Juste en face, à l’ouest, le bâtiment blanc est l’ancien grand hammam. Datant du XVe siècle, il s’étend sur 800 m2 et conserve ses quinze coupoles. En attente de travaux, il est fermé au public. Derrière, se dresse la tour de l’horloge. Enfin, en prenant la rue Agim Deva qui descend entre la mosquée et le hammam, puis en tournant à gauche rue Iljaz Agushi, vous parviendrez au « vieux marché ».
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Avis des membres sur MOSQUÉE IMPÉRIALE
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