GRANDE CHARCHIA
Ce quartier (Çarshia e Madhe, Velika Čaršija) est le cœur historique de Gjakova/Đakovica. Il s’agit de la plus grande charchia ottomane du Kosovo (3,5 ha), un quartier à la fois commercial et religieux musulman qui fut construit autour de la mosquée Hadum à partir de 1595. Endommagée par les Monténégrins en 1912 lors de la Première Guerre balkanique et entièrement détruite par les forces serbes (armée yougoslave et paramilitaires) en 1999, la charchia a été progressivement reconstruite dans les années 2000. C’est dans le cadre d’un vakuf (fondation religieuse) que Hadum Soliman Aga Bizeban lança la construction de la charchia à la fin du XVIe siècle, presque en même temps que sa mosquée : les loyers perçus par les 595 commerces servaient à financer le salaire des imams et les œuvres caritatives. Cette charchia permit à la ville de devenir une grande étape commerciale entre Constantinople à Shkodra. Elle fut aussi le principal vecteur de propagation de l’islam dans la région.
Visite
La charchia s’étire sur 1 km du longueur du nord au sud le long d’un axe rectiligne qui change trois fois de nom : la rue Ismail Qemali, au nord, la rue Sylejman Hadum Aga au centre, la rue Izet Hima qui mène jusqu’à la place Agron Rama, rond-point marquant l’entrée sud de la ville.
Monument de la Ligue de Prizren (Lapidari i Lidhjes së Prizrenit, Spomenika Prizrenske Lige). Cette colonne en pierre soutenue par trois arcades marque l’entrée nord de la charchia, au croisement des rues Ismail Qemali et Remzi Pula. Elle a été érigée en 1978 pour le centième anniversaire de la première action de la Ligue de Prizren qui se déroula ici les 3-6 septembre 1878. Les insurgés parvinrent à empêcher le général ottoman Mehmed Ali Pacha de livrer au Monténégro les territoires albanais comme convenu au congrès de Berlin (13 juillet 1878).
Hôtel Çarshia e Jupave. Placé au début de la rue Ismail Qemali, ce tchardak du XIXe siècle a été reconstruit et transformé en hôtel avec restaurant et centre de conférence. Au rez-de-chaussée, une galerie abrite des magasins de souvenirs et de produits traditionnels. On peut passer à travers pour rejoindre la Krena.
Kula Hosni-Koshi (Kulla e Hysni Koshit, Kula Husni Košija). Située en face de l'hôtel Çarshia e Jupave, cette maison fortifiée de trois étages date de 1870 et a appartenu à l’une des grandes familles albanaises des la ville, les Batusha (elle est d’ailleurs plus souvent appelée kulla e Batushë par les habitants). Reconstruite après la dernière guerre, elle abrite désormais un restaurant.
Commerces. La rue Ismail Qemali se poursuit ensuite vers le sud sous le nom de Sylejman Hadum Aga. Elle bordée de dizaines d’échoppes reconstruites « à l’identique » avec leurs volets verts. Elles ne sont plus qu’une évocation de ce qu’a pu être la charchia avant les destructions causées en 1912 et 1999. On y trouve toutefois encore quelques artisans travaillant le cuir (Fehmi Vejsa) ou la soie (Remzi et Ruzhdi Hasimja). Des menuisiers sont quant à eux regroupés près du caravansérail de Haraqija (lire ci-après).
Mosquée Hadum. Située plus bas dans la rue Sylejman Hadum Aga, c’est toujours le centre névralgique de la charchia. Après la mosquée, il est plus intéressant de prendre la deuxième rue à gauche, la rue Bajram Daklani.
Tekké des bektashis (Teqja e Bektashinjëve, Bektašijska tekija). À l’angle des rues Bajram-Daklani et Qazim-Bakalli. Construit en 1790 et reconstruit en 2006, ce lieu de culte soufi appartient à la confrérie des bektashis, peu présente au Kosovo, mais dont le siège international se trouve à Tirana (Albanie). Avec son grand porche vert, ce complexe d’inspiration ottomane abrite les tombes de sept des neuf babas (derviches supérieurs, appelés dede en albanais) qui ont dirigé le tekké depuis le XVIIIe siècle. Prenez ensuite à gauche pour remonter la rue Qazim Bakalli vers le nord.
Caravansérail de Haraqija (Hani i Haraqisë, Han Haračije). Au coin de la rue Qazim Bakalli et de la rue Martiret e Lagjes Hadum (qui revient vers la mosquée), se trouvent aujourd’hui les restaurants Hani i Haraqisë et Hani të Vjetër. Ils sont installés dans le caravansérail de Haraqija dont les origines remontent au XVIe siècle. Les balcons et toitures en bois sculptés surplombent la cour dans laquelle les marchands venaient entreposer leurs biens en sécurité et faire reposer leurs montures pour la nuit. L’ensemble du complexe a été détruit en 1999 et reconstruit en 2005. Continuez ensuite vers le nord dans la rue Qazim Bakalli, puis prenez à gauche la rue Vëllezërit Frashëri. Cette dernière se divise en deux quelques mètres plus loin : tout droit elle revient vers la rue centrale de la charchia ; à droite, elle mène à la tour de l’horloge.
Tour de l’horloge (Kulla e Sahatit, Sahat-kula). Particulièrement haute (30 m), elle a été érigée peu après la mosquée Hadum, en 1597, pour indiquer l’heure des cinq prières quotidiennes aux habitants musulmans. Son mécanisme complexe (les heures de prière changent chaque jour) a été emporté par les Monténégrins en 1912 et la tour, détruite en 1999. L’édifice a été reconstruit en 2005 « à l’identique »… mais en béton. Sur la façade ouest, on peut encore voir une pierre gravée, provenant de la tour initiale, sur laquelle apparaissent le croissant et l'étoile de David côte à côte. De là, vous pouvez quitter la charchia pour rejoindre, par exemple, le Grand tekké, 100 m à l’ouest, par la rue Sefedin Xerxa qui fait l’angle au pied de la tour de l’horloge.
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Avis des membres sur GRANDE CHARCHIA
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