ÉGLISE SAINT-DÉMÉTRIOS
L’église Saint-Démetrios (Црква Светог Димитрија/Crkva svetog Dimitrija, Kisha e Shën Dhimitrit) a été commanditée par l’archevêque Nicodème Ier (1317-1324) et fut achevée en 1324. Située au nord (à gauche) de l’église des Saints-Apôtres, elle est dédiée à saint Démétrios de Thessalonique, martyr du début du IVe siècle, l’un des saints les plus vénérés des orthodoxes. Les fresques datent d’environ vingt ans après la fin du chantier et furent commandées par l'archevêque Joannice II (1338-1354). L’église abrite en outre deux sarcophages de prélats serbes.
Fresques du naos
La minuscule nef regorge de fresques originelles du XIVe siècle qui n’ont fait l’objet de presque aucune modification ultérieure. Sur les murs commence un cycle liturgique représentant les douze grandes fêtes orthodoxes et les fêtes de la semaine sainte. Ce cycle se poursuit à travers toute l’église.Mur ouest. Au-dessus de la porte, la niche est consacrée au commanditaire des fresques. Saint Joannice le Grand, un ascète grec du VIIIe siècle, est agenouillé devant la Mère de Dieu. C’est à lui que Joannice II a emprunté son nom monastique. De part et d’autre sont peintes deux scènes du Samedi saint (cycle liturgique) : la déploration du Christ et une rare représentation des Myrhophores (« porteuses de parfum ») venant embaumer le corps du Christ sous la protection d’un ange alors que les gardes sont endormis. Plus bas, quatre personnages armés encadrent la porte. À gauche : saint Procope d’Antioche (martyr du IVe siècle) et l’archange Michel. À droite : l’archange Gabriel et saint Mercure de Césarée (légionnaire et martyr du IIIe siècle). Notez l’anachronique arbalète tenue par ce dernier, une arme dont l'usage s'est répandu dans les Balkans à partir du XIe siècle.
Mur sud. Dans le coin, au-dessus du sarcophage en marbre du patriarche Sava IV (1354-1375), se trouvent quatre personnages. De gauche à droite : l’archevêque Nicodème Ier et le roi Stefan Dečanski (tous deux à l’origine de l’édification de l'église), puis le futur empereur Dušan (alors âgé d’environ 15 ans) et saint Sava, dont c’est ici le plus beau portrait réalisé au Moyen Âge. La partie haute du mur est dominée par une grande scène de la dormition de la Mère de Dieu (cycle liturgique).
Mur nord. Une scène de la Pentecôte (cycle liturgique) occupe le registre supérieur. Puis, autour de la fenêtre gothique, se tiennent les « saints Théodore » (Théodore le Stratilate et Théodore Tiron, martyrs du IVe siècle) et les saints anargyres (qui soignent « sans argent ») Côme et Damien. Sur les dormants de la fenêtre se dressent deux saintes non identifiées, dont l’une est sans doute la reine serbe d’origine française Hélène d’Anjou (1237-1314), mère du roi Milutin. Dans la partie basse se trouvent le portrait d’un donateur privé ajouté au XVIIe siècle et le tombeau du patriarche Jefrem (1375-1380).
Voûte. Les fresques sont ici très endommagées. Autour du Christ Logos (incarnant « la raison ») sont représentés quatre conciles. Les empereurs byzantins Constantin et Théodose dominent les conciles œcuméniques de Nicée et de Constantinople (IVe siècle). À ces deux scènes font écho saint Sava, Milutin et Dušan présidant les premiers conciles de l’Église orthodoxe serbe.
Fresques de la zone du dôme
Les œuvres originelles sont dans l’ensemble bien conservées avec toutefois des parties restaurées (XVIIe siècle) plus nombreuses que dans la nef.Dôme. Le programme suit le modèle de l’ascension du Christ ornant le dôme de l’église adjacente des Saints-Apôtres. Mais au niveau des évangélistes, sur les pendentifs, on note une innovation graphique : une main trempant la plume dans l’encre pour figurer la rédaction des Évangiles. Les parties entre les pendentifs ont été peintes au XVIIe siècle et s’inspirent de celles figurant dans la même zone dans l’église voisine de la Mère-de-Dieu. Elles représentent le Mandylion, le Keramion et deux chérubins. Plus bas apparaissent les prophètes Salomon, Isaïe, Habacuc et David.
Transept. Les fresques sont ici divisées en trois registres qui s’étalent horizontalement sur les murs. Les plus importantes sont celles du registre intermédiaire : c’est l’une des premières fois dans l’iconographie orthodoxe que la vie de saint Démétrios est peinte sous forme de cycle. Six scènes subsistent. Sur le mur nord, les deux premières représentent Démétrios en tenue de légionnaire devant l’empereur romain Maximien Hercule, puis en train de bénir son disciple Nestor. S’ensuivent la grande scène où Nestor tue Lyaeos, gladiateur massacreur de chrétiens, et, à gauche, la mort de Démétrios dans sa cellule. Sur le mur sud, après les funérailles de Démétrios, une grande scène de bataille relate l’intervention miraculeuse du saint lors de la défense de Thessalonique face aux Bulgares en 1207. La dernière scène est manquante. Mais on retrouve Démétrios une nouvelle fois sur le mur nord, en bas à droite, entouré de deux autres saints « guerriers » et doté d’une cape au drapé très peu réaliste.
Sanctuaire. Réservé au clergé communiant, il est interdit d’accès aux visiteurs, aux fidèles et aux moniales. Mais on peut toutefois admirer la magnifique Orante (XIVe siècle) de l’abside, avec la Mère de Dieu entourée des archanges Gabriel et Michel. L’iconostase date de la construction du bâtiment. C’est la plus ancienne du monastère avec des colonnes de marbre s’élevant à près de 3 m de hauteur. Mais ses icônes originales ont disparu, remplacées par des images sacrées sans valeur artistique.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Réservez les Meilleures Activités avec Get Your Guide
Avis des membres sur ÉGLISE SAINT-DÉMÉTRIOS
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.