CHAPELLE SAINT-NICOLAS
La chapelle Saint-Nicolas (Црква Светог Николе/Crkva Svetog Nikole, Kisha e Shën Nikollës) est la plus petite église du monastère patriarcal de Peć. Elle est aussi la seule à ne pas être desservie par le narthex. Accolée à la partie sud de l’église de la Mère-de-Dieu-Hodegetria, elle a été érigée à la même période que celle-ci et que le narthex, entre 1330 et 1337, et pour le même commanditaire, l’archevêque Danilo II. Devant l’entrée, se trouve le sarcophage du patriarche Maxime qui fit redécorer l’intérieur de la chapelle au XVIIe siècle. Principale curiosité : un étonnant cycle de fresques consacré à saint Nicolas.
Histoire
Saint Nicolas de Myre. La chapelle est dédiée à ce personnage du IVe siècle, évêque de Lycie (aujourd’hui en Turquie) et réputé thaumaturge, c’est-à-dire auteur de guérisons miraculeuses. Mais la dédicace est ici surtout un hommage au roi serbe Stefan Dečanski (1220-1331) qui avait fait de saint Nicolas son protecteur. Le souverain affirmait avoir été miraculeusement guéri par lui. Un miracle qui lui assura le soutien du clergé pour monter sur le trône et une immense vénération de la part du peuple serbe.
Influences diverses. Les fresques originelles des années 1330 ont été perdues. Endommagées, elles furent remplacées en 1673-1674 par des œuvres de Radul, l’artiste serbe le plus prolifique – et le plus inégal – du XVIIe siècle. Le résultat est artistiquement médiocre, mais intéressant d’un point de vue historique. Les fresques révèlent en effet des influences de la Renaissance italienne, des croyances populaires serbes, du folklore russo-ukrainien et des coutumes ottomanes.
Fresques de la vie de saint Nicolas
Dans un minuscule espace que quelques mètres carrés, on retrouve des compositions similaires à celles des autres églises, notamment les représentations des commanditaires ou encore des saints et rois serbes. Mais ce qui vaut vraiment la peine ici, c’est le cycle de la vie de saint Nicolas qui s’étend de la nef au sanctuaire.Voûte de la nef – sud. À droite après l’entrée, la partie sud de la voûte est divisée en neuf « cases » égales. Celles-ci illustrent des épisodes typiques de la vie de saint Nicolas : éducation, ordination… Notez la méconnaissance du peintre Radul pour l’art antique grec lorsqu’il représente le saint en train de détruire un temple dédié à Artemis : une statue de la déesse de la Nature et de la Chasse apparaît, ridicule, sur une colonne « corinthienne ». L’évocation ratée du « miracle des trois vierges » (troisième scène à droite de la rangée intermédiaire) s’inspire quant à elle de l’admirable œuvre peinte près de quatre siècles plus tôt par Palmerino di Guido à Saint-Nicolas d’Assise. Dans les deux dernières scènes consacrées au « miracle de Basile », le jeune chrétien détenu par un émir arabe est sauvé par saint Nicolas qui le ramène à ses parents installés autour d’une sofra (table ronde turque) sur laquelle sont disposés couteaux et fourchettes. Cet art de la table typiquement ottoman était inconnu dans l’Occident du XVIIe siècle, mais alors largement répandu dans les Balkans.
Voûte de la nef – nord. La partie basse est occupée par une scène classique de saint Nicolas arrivant avec des bateaux pour sauver la ville de Myre de la famine. La case située en haut à gauche relate l'ordination du saint en tant qu’évêque. Les cinq autres scènes décrivent la légende russo-ukrainienne d'un miracle ayant eu lieu à Kiev au XIe siècle. La ville des grands-princes russes vient d’être détruite par les Coumans, un peuple turcophone chassé d’Asie centrale par les Mongols. Un Couman prisonnier des Russes est relâché en échange d’une promesse de rançon faite devant une icône de saint Nicolas. Mais une fois libéré, celui-ci refuse de payer et il faut deux interventions miraculeuses du saint (dont l’une avec chute de cheval) pour que le Couman s’acquitte de sa dette. Cette série du « miracle de Kiev » illustre, certes, l'influence de la culture russe : au XVIIe siècle, les tsars sont devenus les protecteurs des Serbes sous domination ottomane. Mais les Coumans étaient déjà bien connus des primats de Peć. Plusieurs moines serbes ayant servi au mont Athos ont relaté l’arrivée des Coumans sur la côte égéenne au XIIe siècle. Leurs textes déploraient que ce peuple refuse de s’acquitter des impôts dus aux monastères byzantins.
Voûte du sanctuaire. Le cycle de saint Nicolas se poursuit ici, sur les deux côtés de la voûte. Mais l’accès au sanctuaire est fermé par l’iconostase, sans valeur. À travers la cloison, on peut toutefois voir certaines fresques. L’abside est ainsi surmontée de la Déisis, la « prière » commune du Christ, de la Mère de Dieu et de saint Jean-Baptiste pour le salut des chrétiens. À droite de saint Jean-Baptiste, sur la voûte sud, on aperçoit l’une des deux scènes de la plus ancienne représentation du « miracle de Stefan Dečanski ». Saint Nicolas se manifeste au roi, qui est alité, les yeux bandés, dans un décor de bâtiments byzantins. L’histoire veut que, soupçonné de trahison, Stefan Dečanski fut énucléé sur ordre de son père Milutin, en 1319, et envoyé au monastère du Pantocrator, à Constantinople. Personne ne sait si Dečanski perdit réellement la vue. Mais la légende, racontée dans la scène suivante (difficilement visible), affirme que le futur roi recouvra la vue par l’apposition des mains du saint. On attribua par la suite quantité de guérisons miraculeuses à Dečanski lui-même, notamment dans le grandiose monastère qu’il fit ériger à Dečani.
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