La seconde journée sera plus sportive puisqu'il s'agissait de partir avec AntsaPêche découvrir la pêche sportive dans le canal du Mozambique. Là encore, l'idée est d'avoir une pratique responsable de la pêche en pratiquant le no-kill avec des hameçons adaptés ne blessant pas le poisson et en ne conservant qu'un volume très limité de poissons. Celui-ci est ensuite revendu au marché et une partie de l'argent reversée aux villages dont les pêcheurs en petites barques sont moins bien équipés. 

 

Vincent le skipper et ses marins villageois qu'il a formés à la pêche sportive est un passionné avant tout. Installé depuis quelques années à Antsanitia, il est fier de sa vigilance de tous les jours sur les bateaux de pêche venant illicitement faire la razzia avec leurs grands filets. Il est prêt à en découdre et n'hésite pas à interpeller le ministre de la Pêche. Cela a concrètement permis un retour du poisson pour les pêcheurs traditionnels et ça, tout le monde le sait dans le village.

 

Embarqué avec tout le matériel et un pique-nique, il prévient dès le départ le novice d'un " tu vas comprendre pourquoi l'on dit pêche sportive ! ".  Les marins s'affairent aux préparatifs et lui mène le bateau vers le large. Après quelques minutes, nous avons rejoint les quelques barques des villageois pour quelques prises rapides de petits poissons. Ceux-ci vont servir d'appâts...

 

Vient ensuite la recherche des chasses, c'est-à-dire des zones où se situent les bancs de bonites afin de faire de plus grosses prises. Elles sont repérables grâce aux oiseaux qui les survolent car eux aussi sont à la pêche. Bien sûr, il faut avoir l'oeil et Vincent et ses marins semblent avoir un sixième sens. Le bateau ayant atteint son but, le spectacle est incroyable avec une grosse quantité de poissons et des oiseaux faisant des plongeons pour les attraper. Avec les petits appâts, nos marins pêchent quelques bonites qui serviront à leur tour d'appâts à des poissons beaucoup plus gros.

 

Alors que nous sommes en plein canal du Mozambique sans plus voir la côte, Vincent se dirige maintenant vers ses coins de pêche favoris. Aidé par un petit écran GPS, il surveille la profondeur et la présence de bancs de poissons, un sonar permet de visualiser ce qui se passe en dessous du bateau. C'est avec 30 mètres de profondeur qu'un premier arrêt se fait et il ferre rapidement une grosse prise. Recevant la canne entre les mains avec pour mission de la remonter, il va falloir assurer. Premier réflexe : ne pas passer à l'eau même si le poisson tire fort. Les marins sont attentifs et prêts à me rattraper. Second réflexe : ne pas laisser le poisson trop dérouler le fil car il va falloir remonter tout cela. La bataille sera rude : bien se pencher tout en moulinant, puis se redresser avec la cane et recommencer... Après une petite dizaine de minutes bien sportives, un requin d'une trentaine de kilos apparaît, ayant finalement renoncé à plus batailler contre mes efforts. Une fois près du bateau, les marins le détachent et il repartira nager au calme... pendant que je récupère ! Un peu plus loin avec une profondeur de 100 mètres, d'autres poissons plus gros et certains plus colorés, mais il faudra décupler les efforts pour remonter les prises.

 

Aujourd'hui, Jean-Claude, qui a fondé AntsaPêche, accompagne Vincent sur le bateau. Alors qu'il est un pêcheur accompli ayant navigué  sur de nombreuses mers, celui-ci n'a jamais réussi à attraper de marlin. Ce dernier est l'objet de toutes les convoitises en pêche sportive car c'est un poisson très rapide pouvant atteindre les 120 km/h et pouvant atteindre les 900 kg. Le matériel adapté est donc installé pour faire une tentative. C'est une bonite toute entière et vivante qui servira d'appât. Après une dizaine de minutes à naviguer, un poisson semble avoir mordu à l'appât. Vincent met les gaz et file à toute vitesse pour bien ferrer le poisson. S'il s'agit d'un marlin, il aurait pu nager plus vite, vu que le bateau ne peut atteindre que les 70 km/h.  La prise est ferrée, beaucoup de fil s'est déroulé... le début du combat va commencer.

 

Jean-Claude enfile un tablier solide où sa canne a pêche va se fixer.  Au bout d'une quinzaine de minutes, un marlin saute hors de l'eau au loin, il s'agit bien du poisson tant convoité. La lutte sera rude et les efforts intenses pour le ramener jusqu'au bateau. A un moment, il y est presque, mais les marins ne parviennent pas à s'en saisir pour lui enlever l'hameçon, et le marlin déroulera le fil sur des dizaines de mètres... Il va donc falloir mouliner encore un bon moment. Affaibli, le marlin sera ramené une seconde fois. Il semble faire 200 à 250 kg et Vincent le mesure avant de lui harponner une petite balise, car Antsapêche fait partie d'une association qui répertorie les gros poissons.

 

Au final, Jean-Claude aura bataillé 45 minutes pour voir son rêve de pêcheur sportif se réaliser. Vincent et les marins, heureux de la prise, mettent le cap vers le rivage croisant vers la côte, les pêcheurs rentrant également sur leurs embarcations de bois traditionnelles et leur voile de tissu clair. Épuisé par la journée de pêche mais heureux de l'expérience, je m'endors en rêvant à des activités plus calmes pour le lendemain.

 

Plus d'informations pour une pêche sportive à Madagascar sur le site d'Antsapêche

Plus de photos sur Madagascar sur le site Terimakaci - Madagascar, l'île rouge