LES PYRAMIDES DE MÉROÉ

Entrée 20 SDG. Il faut maginer ce qu'a dû ressentir Frédéric Cailliaud à la vue de ces pyramides, il y a presque 200 ans ! A l'époque, elles étaient en meilleur état et possédaient encore leur sommet. Disons d'emblée que le site de Méroé est exceptionnel et qu'il conserve une ambiance et un environnement coloré bien différents de ceux que l'on peut trouver en Egypte. Le gris (très) foncé de la pierre et le jaune (très) orangé du sable mettent en relief son caractère singulier. Toutefois, ces pyramides, dont il y avait à l'origine plus de 200 exemplaires dans la région, n'ont pas les dimensions de leurs grandes sœurs égyptiennes. Elles sont d'ailleurs différentes. Plus pentues, remplies de remblai (la chambre funéraire se trouve dessous et non dedans), et avec une chapelle ornée à pylône, orientée à l'est et censée mener, via une fausse porte, vers le dernier lieu de repos du défunt, ou de la défunte d'ailleurs. Car les candaces, ces mythiques reines de Méroé, avaient aussi droit à leur pyramide personnelle. Les défunts, à la façon égyptienne, étaient notamment représentés sous la forme de l'oiseau Bâ, qui avait leur tête.

En visitant les différentes chapelles, ne manquez pas d'observer les petites merveilles des bas-reliefs inspirés du Livre des Morts. Comme, par exemple, l'unique représentation soudanaise du jugement de l'âme, où le cœur du souverain est placé sur la balance et comparé avec la plume de Mâat, sous le regard d'Anubis et d'Osiris… Si vous êtes passionné (et que vous avez du temps), sachez qu'il y a une pyramide dont une pierre d'angle en hauteur comporte le nom hiéroglyphique d'Amon, une autre avec, sur un mur extérieur de sa chapelle, un modèle de l'angle utilisé par les architectes pour bâtir ces édifices, et une dernière avec la représentation d'une grappe de raisin et d'une jarre dont certaines mauvaises langues disent qu'il s'agissait d'un patron pour dessiner les plantureuses reines nubiennes !

Des pyramides, il y en a de plusieurs styles. D'abord en escalier, au sud, elles deviennent lisses plus au nord. Des archéologues ont reconstitué certaines d'entre elles en anastylose, qui donnent une bonne idée, avec leur revêtement en mortier couleur crème, de ce à quoi devait ressembler le site à l'origine. Il faut noter qu'il existe historiquement plusieurs nécropoles dans la région. La plus ancienne (et la plus délabrée), qui date probablement des débuts du royaume de Méroé, vers le III^e siècle avant J.-C., se situe plus à l'ouest du site principal, près du Nil et surtout de l'ancienne cité royale (voir plus loin). Vous remarquerez aussi, sur le site principal, plusieurs pyramides plus éloignées au sud-est. Celles qui sont alignées le long de la crête, ces pyramides qui se voient de loin depuis la route, sont les plus "récentes" et en meilleur état.

Dernière chose concernant les sommets. Les éléments ne sont pas seuls responsables de leur disparition ! En 1834, Giuseppe Ferlini, un chasseur de trésors italien eut l'idée d'ététer les pyramides à coups de dynamite, persuadé qu'il y trouverait mille richesses. Après qu'il eut massacré un bon nombre, au point que plusieurs semblent être aujourd'hui sur le point de s'effondrer, une seule confirma ses espoirs. Celle de la reine Amanishakheto, désormais connue pour son "trésor".

Le site se trouve à plus de 500 m de la route. Des marchands du temple vendent des souvenirs mais vous ne trouverez aucune épicerie. Pensez donc à apporter eau et nourriture. Des chameliers vous inviteront certainement à grimper sur leurs dromadaires (désolés, nous ne connaissons pas de « dromadairiers »). Une expérience originale sur un site extraordinaire ! Mais qui ne sera pas gratuite. Préparez-vous à négocier si cela vous intéresse.

Pour les photos, si jamais vous êtes sur le site au lever du soleil, pensez à gravir l'une des collines à l'est pour obtenir une remarquable vue d'ensemble. Le soir, la lumière orangée est simplement magique.