Les prémices de l’Europe
Tout commence pendant la Deuxième Guerre mondiale, en 1943, lorsque la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg s’unissent pour réglementer les transactions et renforcer les relations économiques : ils signent alors la convention monétaire Benelux. Un an plus tard, alors que la guerre prend fin, les trois pays signent la convention douanière, afin de créer une communauté tarifaire. L’Union douanière entre en vigueur en 1948. Objectif : supprimer les droits d'importation sur les échanges commerciaux internes au Benelux et imposer un tarif extérieur commun vis-à-vis des pays tiers. Parallèlement, la même année, le traité de Bruxelles est signé pour cinquante ans entre la France, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg (Joseph Bech en est le signataire pour le Grand-Duché). Il s’agit d’une alliance qui garantit, entre autres, une assistance militaire en cas d’invasion.
Un an plus tard, ces cinq pays font partie des membres fondateurs de l'OTAN, avec sept autres États. Aujourd’hui, la NSPA (NATO Support and Procurement Agency), l’agence prestataire de services et de logistique intégrée de l’OTAN, a son quartier général à Capellen, dans les environs de Luxembourg-Ville. Sa mission consiste à organiser le soutien logistique des 28 pays de l’OTAN. Puisque l’immatriculation au nom d’une organisation internationale (en l’occurrence l’OTAN) n’est pas possible en droit aérien international, la flotte de détection aéroportée de l’OTAN (15 avions AWACS) est immatriculée au Luxembourg. Le Grand-Duché s’implique par ailleurs activement dans la mise en place d’une politique européenne de sécurité et de défense et prend part aux actions de l’ONU et de l’OTAN. Le Luxembourg a été élu membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2013-2014 et a exercé la présidence du Conseil en mars 2014.
La création d’une Union européenne
C’est finalement le 9 mai 1950 que la construction européenne débute réellement lors de la déclaration de Robert Schuman. Cet homme politique français, né à Luxembourg en 1886, propose de mettre en commun le charbon et l'acier de la France et de l'Allemagne, et réussit à convaincre l’Europe de la nécessité vitale de s’unir dans la prospérité, la paix et la démocratie. Cette déclaration débouche sur la signature du Traité de Paris (18 avril 1951), qui fonde la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) entre six États européens. La première séance de la Haute Autorité de la CECA a lieu à Luxembourg le 10 août 1952. Avec Bruxelles et Strasbourg, la ville se hisse alors au rang des trois villes européennes les plus influentes.
Le 25 mars 1957, les représentants de la Belgique, de l’Allemagne, de la France, de l’Italie, du Luxembourg et des Pays-Bas signent à Rome deux traités. Le premier crée la Communauté économique européenne (CEE), ayant comme but de développer les activités économiques dans l’ensemble de la Communauté. Le second institue la Communauté européenne de l'énergie atomique (CEEA ou Euratom), dont la mission est la formation et la croissance d'une industrie nucléaire européenne. Ils entrent en vigueur le 14 janvier 1958.
Le 18 avril 2012, une déclaration des pays du Benelux a formalisé le renforcement d’une coopération militaire entre les trois pays. Le 1er janvier 2013, le Luxembourg a pris la présidence tournante du Benelux (2013-2014). Le 13 février 2014, les trois pays ont signé une déclaration destinée à combattre le dumping social et la concurrence déloyale puis, le 21 février, un traité sur la coopération transfrontalière. A cette occasion, les ministres des trois pays ont également adopté le plan d’action 2014 du Benelux qui traite essentiellement de la mobilité professionnelle transfrontalière, de la logistique et des transports, et de la lutte contre la fraude. Ce dernier traité, qui renouvelle des procédures existant depuis 1986, ouvre la porte à des coopérations avec la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
L’Europe au Luxembourg
Tous ces évènements auxquels a participé le Grand-Duché du Luxembourg ont fait du pays un témoin-clé de l’Europe, de sa création à celle qu’on connaît aujourd’hui. Il n’est donc pas étonnant que de nombreux lieux symboliques y soient installés. À Luxembourg-Ville se trouvent ainsi la Cour des comptes européenne, le Secrétariat du Parlement européen, la Banque européenne d’investissement, le Tribunal de première instance et la Cour de justice des Communautés européennes, et bien évidemment la Commission européenne. La plupart de ces institutions prennent place sur le plateau de Kirchberg, le quartier d’affaires de la place bancaire et financière luxembourgeoise, relié au centre-ville par le pont Grande-Duchesse Charlotte, communément appelé « le pont rouge ». À Luxembourg-Ville se trouve également la Maison natale de Robert Schuman, une villa du XIXe siècle acquise et rénovée par l’État luxembourgeois en 1985. Située dans le quartier de Clausen, elle est aujourd’hui un lieu commémoratif en l’honneur d’un des pères fondateurs de l’Europe et accueille le Centre d’études et de recherches européennes.
Luxembourg-Ville n’est cependant pas le seul lieu européen du Grand-Duché : dans la région Moselle se trouve Schengen, où fut signé en 1985 le traité sur la suppression des contrôles aux frontières européennes. Aujourd’hui, le village abrite le Musée européen Schengen, inauguré en 2010. Ce dernier prend place dans le Centre Européen et est en grande partie dédié à l’histoire récente de la création de l’Europe et à la signature des accords de Schengen (1985 et 1990). L’exposition relate les modalités de ces accords au travers de nombreux documents retraçant les heures précédant la signature du premier d’entre eux, l’ouverture des frontières et la libre circulation des personnes (rendue notamment envisageable par la chute du Mur de Berlin). Il est ainsi possible de voir des exemplaires du traité signés des mains des différents ministres des Affaires étrangères de l’Europe d’alors (France, Allemagne et Benelux). De nombreux documents d’exception expliqués en trois langues (français, allemand, anglais) pour ce musée qui met l’accent sur l’interactivité. C'est un vrai cours de géopolitique dont aucun citoyen européen ne devrait se dispenser. Une petite partie de l’exposition est en outre consacrée à l’histoire du village de Schengen et de sa région.
Au-delà de ses frontières, le Luxembourg s’est associé avec trois autres villes de la Grande Région pour promouvoir le tourisme à une plus grande échelle. Composée de Luxembourg, en ville-forteresse, de Metz, qui mêle architecture antique et contemporaine, de Sarrebruck, ville baroque par excellence, et de Trèves, ancienne cité romaine, QuattroPole veut être une référence pour assurer la promotion des grands sites touristiques de la Grande Région. Par exemple, les forfaits « Quatre villes, trois pays, un lit » permettent aux visiteurs de réserver un hôtel pour deux ou trois nuits dans l’une des quatre villes et, de là, en visiter chaque jour une autre, soit avec leur voiture personnelle, soit en train. Les forfaits peuvent comprendre des visites guidées et des guides audio, des menus ou bien des dîners de gourmets, comme des entrées pour certains sites. Une heure de trajet sépare en moyenne chacune des quatre villes.