TRÔNE DE SALOMON

Dominant la rive ouest de la rivière, la colline du trône de Salomon s’appelait jusqu’au XV^e siècle « Bara Kukh », la « montagne merveilleuse ». Une source d’eau sacrée y coulait jusqu’au début du siècle dernier. Salomon, le fondateur mythique d’Osh, trônait, dit-on, au sommet de cette colline et y serait également enterré. Les légendes qui entourent la vie et la mort du roi Salomon sont aussi nombreuses que contradictoires mais n’ont pas empêché la colline de devenir au fil des siècles l’un des endroits saints les plus célèbres d’Asie centrale. Et si la mosquée construite sur la colline rappelle que Mahomet lui-même serait venu s’y recueillir, le site était sacré bien avant la période islamique comme en témoignent encore les rites des pèlerins, largement teintés de chamanisme. D’après les trouvailles archéologiques sur le site, la plus ancienne construction remonterait à l’époque prémongole. Un mausolée, élevé par le sultan Makhmoudkhan, devint un haut lieu de pèlerinage jusqu’à sa destruction au milieu du XX^e siècle. Le dernier khan timouride, Babur, avait également fait construire au XV^e siècle une khoudj : une petite salle de prière dotée d’un iwan, probablement détruite par les Soviétiques (une explosion accidentelle dont aucune enquête ne parvint à établir la responsabilité) et reconstruite après l’indépendance. Une Française, Marie Bourdon, qui se rendit à Osh en 1877, raconte comment les pèlerins, afin de guérir leurs maladies, devaient passer la tête par trois fois dans une anfractuosité du rocher à côté de la mosquée érigée par Babur. La colline elle-même, dont la forme évoque la silhouette d’une femme enceinte, est devenu l’objet d’un rituel de la part de toutes les jeunes mariées (et de leurs mères) priant pour la venue rapide d’un premier enfant. Sur la gauche du chemin, durant l'ascension, vous verrez une large pierre entièrement lisse : c'est là que les femmes attendant un enfant se laissent glisser pour favoriser leur fertilité. Aujourd’hui encore, les pèlerins viennent chaque jour à Osh escalader la colline, côtoyant les touristes pour qui la principale motivation demeure le point de vue panoramique sur la ville. Un petit mausolée se trouve sur la plate-forme d’observation au sommet, où un imam récite des prières à jet continu. En contrebas, un grand cimetière musulman semble avoir en partie brûlé : la terre est calcinée sur une bonne moitié du terrain. Enfin, au bas de la colline, se trouvent le mausolée Assaf Boukhia et la mosquée Jami Ravat Abdullah Khan, qui est redevenu un lieu de culte depuis l’indépendance.