COMPLEXE ARCHÉOLOGIQUE D'ORHEI VECHI

Forteresse thraco-géto-dace. Les Daces, aussi identifiés aux Gètes, sont des indo-européens, qui ont vécu entre les Carpates, le Danube et la mer Noire. Leur territoire s'appelait la Dacie. Le promontoire de Butuceni est un site idéal pour ériger un point de défense. L'ensemble de la forteresse suit un plan ovoïde naturel défini et orienté par le relief est-ouest. Au nord, les limites surplombent le fleuve Raut à plus de 60 m et au sud-ouest on se trouve entre 2 et 3 m au-dessus de l'eau. Des murs (datant du XI^e au V^e siècle av. J.-C.), une citadelle et un sanctuaire y furent érigés, dont quelques éléments sont encore visibles aujourd'hui. Un des murs fait 364 m de long.

Forteresse médiévale. Sous le règne de la Horde d'or, les Mongols fondent vers 1330, à Peștera, un village appelé Sehr al-Cedid (« nouvelle ville »). A la fin des années 1360, un mausolée et une crypte sont construits. Cet édifice sera transformé en palais du gouverneur mongol en 1366. Son architecture suit un plan trapézoïdal avec quatre tours à chaque coin. Au XIV^e siècle, le site compte également une mosquée, des thermes et un caravansérail. La mosquée est dans l'enceinte du palais mongol, suivant un plan presque carré de 58 x 52 m de longueur, avec une entrée au sud et les ruines d'un minaret au nord. Après le retrait de la Horde d'or en 1369, la citadelle est habitée par les Moldaves natifs de la région. Sous le règne de Stefan cel Mare, elle sera reconstruite et servira de résidence au gouverneur ou aux princes. Au sud-ouest de la citadelle, on note la présence d'habitations de pierre, datant du XV^e siècle. A cet endroit ont été découverts deux canons de bronze datant du règne de Stefan cel Mare. Les canons sont visibles au Musée national d'archéologie et histoire à Chişinău.

Église médiévale. La partie centrale du site d'Orhei Vechi a gardé intactes les bases d'une église du XIV^e siècle. La composition à trois compartiments est rectangulaire avec un autel, une nef carrée et un narthex. Les archéologues ont trouvé deux tombes sous la nef. Près de l'église, on voit les restes d'un cimetière avec des inscriptions cyrilliques. Une église se tient au bout du promontoire de Butuceni, construite au XIX^esiècle, très récemment rénovée.

Quatres sites troglodytes et rupestres. Les premiers chrétiens traqués par les Romains arrivèrent au nord du Danube au IV^e siècle. Entre le Prut et le Dniestr, ils trouvèrent de grandes brèches calcaires, véritable cadeau du ciel, pour installer des monastères, s'isoler du monde et se protéger. A Orhei Vechi, on note la présence de quatres sites :

Ermitage Peştera. Il est composé d'une église et de douze cellules, à 50 m d'altitude. L'église possède une nef, un autel, un narthex et un porche. L'autel est composé d'une table de pierre. Jadis, on pénétrait dans le monastère au moyen de cordes descendant le long de la falaise, puis par des escaliers en bois. Aujourd'hui, l'accès se fait par un tunnel créé en 1820, quand le monastère devient la paroisse du village. C'est un endroit envoûtant, où nous sommes accueillis par un prêtre qui vit toujours ici avec un jeune moine. Il parle plusieurs langues et répond volontiers à toutes vos questions. Les lieux sont décorés de nombreuses icônes et un balcon naturel à flanc de falaise permet d'observer les environs. En 1822, à l'entrée du tunnel est construit un beffroi. Depuis l'extérieur, il semble sortir du sol et indique l'emplacement de cet ermitage. Non loin de ce beffroi s'élève une massive croix de pierre, datant du XVIII^e siècle. Selon la légende, elle guérit les âmes. La toucher et en faire le tour assurent aussi la réalisation de nos vœux. Depuis cet endroit, vous pourrez aussi profiter d'un très beau panorama sur le site naturel d'Orhei Vechi. À une centaine de mètres, vous apercevrez et pourrez visiter l'église Sainte-Marie, avec son beau clocher à bulbe doré.

Monastère Bosie Pîrcâlab. Grottes creusées dans le calcaire, surplombant les rives du fleuve à 25 m de hauteur. Ce monastère se compose d'une église et de cellules en enfilade. L'église était dédiée à saint Nicolas, elle possède un autel et une nef. Dans l'église, on peut lire deux inscriptions, une en langue slave datée de 1665, "7173", évoquant la construction de ce monastère par Bosie Pîrcâlab et sa famille, une autre en langue roumaine mais alphabet cyrillique de 1689, "7198".

Monastère Albu Pîrcâlab. Situé au sud du promontoire de Butuceni et également appelé "ermitage de Măşcăuţi", ce monastère fut en quasi totalité détruit par les tremblements de terre successifs. L'accès à ce site est interdit, les archéologues utilisent un matériel adapté pour s'y rendre, il est à plus de 70 m de hauteur. Plus de 20 salles ont été identifiées, situées à quatre ou cinq niveaux différents. Dans les grottes sont gravés des symboles chrétiens.

Cellules troglodytes. A l'est du promontoire de Peştera, plus de 150 cavités ont servi de cellules monacales, entre les XV^e et XVIII^e siècles. Établies sur dix niveaux, elles s'élevaient à une altitude comprise entre 10 et 70 m. Elles sont quasi inaccessibles. Des espaces plus grands sont dédiés aux confréries monastiques et d'autres salles au plan circulaire sont également identifiables. Deux chapelles sont aussi répertoriées, avec des pierres gravées de symboles chrétiens, de croix et d'inscriptions en caractères cyrilliques.