MISIÓN JESUÍTICA DE SANTÍSIMA TRINIDAD DEL PARANÁ

C’est l’un des sites les plus visités du pays. Les ruines de Santísima Trinidad del Paraná ont été inscrites au patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO en 1993, en même temps que les ruines voisines de Jesús de Tavarangué. Ce sont les deux seuls sites du Paraguay inscrits sur cette prestigieuse liste. La réduction de Trinidad est considérée comme l’ensemble architectural le plus complet et le mieux préservé de toutes les réductions des Treinta Pueblos du bassin du Río de la Plata (à cheval sur les États actuels du Paraguay, de l'Argentine, du Brésil et de l'Uruguay), établies par la Compagnie de Jésus au cours des XVII^e et XVIII^e siècles. Elle n’est pour autant que peu visitée et il est encore fréquent en semaine de se retrouver tout seul au milieu des ruines ! La mission de Santísima Trinidad del Paraná a été fondée en 1706, dans l’est de l’Uruguay, puis s’est déplacée pour fuir les attaques des bandeirantes brésiliens, kidnappeurs d’Indiens pour les convertir en esclaves. La mission s’est installée sur le site actuel six ans plus tard, en 1712, sous la direction du prêtre Juan de Anaya. Les ruines montrent bien la structure urbaine unique des réductions jésuites, que l'on retrouve dans toutes les missions de la région. Un plan à l'entrée montre l'organisation spatiale de la Trinidad : la vaste place centrale (Plaza Mayor), de 200 m sur 130 m, où l’on pratiquait des processions religieuses, des activités culturelles (théâtre, musique) et les mariages collectifs (les prêtres mariaient en même temps, une fois par an, une trentaine de couples). La place centrale est encadrée sur trois côtés 8 casas de indios (sur les 21 d'origine), bien conservées. Ces maisons étaient constituées de pièces de 5 mètres de côté, séparées par d'épais murs. Dans chaque pièce vivait une famille indienne. Sur le quatrième côté de la Plaza Mayor, se trouve l'église principale (Iglesia Mayor), œuvre de l'architecte jésuite italien Giovanni Battista Primoli (qui a dessiné l’aménagement de la mission en général). Accolée à l'église, on trouve le cloître et des cours adjacentes, pour le collège et les ateliers, et de l'autre côté, le cimetière et le verger. Subsistent également une église plus ancienne (Iglesia Primitiva) et un clocher (Torre del campanario ou Torre Atalaya). En haut de cette tour mirador, on aperçoit par temps clair les ruines de Jesús, à une dizaine de kilomètres au nord-ouest. Les deux missions avaient d'ailleurs l’habitude de communiquer entre elles avec des miroirs et des signaux de fumée (à partir de 1759, date de l’installation de la réduction de Jesús de Tavarangué). A côté, on trouve un autre cimetière, où jusqu’à une époque récente les habitants du village de Trinidad étaient enterrés. Dans l’église principale construite entre 1740 et 1763, l’ornementation baroque est d’une grande richesse. On remarquera une frise taillée dans la pierre, illustrant une procession de dizaines de petits anges musiciens, jouant de la harpe, du violon, de la trompette, du basson, ou encore des maracas, instrument indigène. C’est l’un des rares témoignages de la présence de la musique dans les missions jésuites. Il y a également un grand pupitre en pierre et plusieurs sculptures aux détails morphologiques intéressants. La crypte constituait la tombe des prêtres jésuites, quand leur corps n'était pas rapatrié en Europe. Les caciques guaranis étaient quant à eux enterrés sous le sol de l'église, en position fœtale. Dans l’une des deux sacristies, un petit musée expose de belles pièces de pierre sculptée et de gravures, dont quelques-unes ont conservé leurs couleurs originales. Dans la nef, les statues des douze apôtres apparaissent sans tête. Elles furent décapitées par des pillards pensant y trouver l'or caché des jésuites ! En revanche, dans une niche à l’extérieur, on retrouve intacte une statue de saint Paul armé de son épée.

Après l'expulsion de la Compagnie de Jésus par le roi Carlos III, en 1767, la mission de Trinidad fut confiée aux frères franciscains. Le déclin de la mission fut rapide. Les Guaranis abandonnèrent peu à peu la mission, qui ne perdura qu’une trentaine d’années après le départ des Jésuites, avant d'être envahie par la végétation, pendant deux siècles. Les excavations et la restauration ne commencèrent que dans les années 1970 et s’intensifièrent dans les années 1980. Les ruines aujourd'hui ouvertes au public tous les jours de l’année. Il est conseillé de prendre un guide de la Senatur (gratuit) pour apprécier davantage la visite. Depuis peu, deux guides de la communauté guaranie voisine ont été formés. Le site est accessible aux personnes à mobilité réduite et des panneaux d’affichage sont en braille. Les visites guidées peuvent même être réalisées en langue des signes. Les missions de Trinidad et de Jesús sont des sites incontournables lors d’un séjour au Paraguay, et il est recommandé de visiter les deux, toutes proches. Une visite guidée Luz y Sonido (« son et lumière ») a lieu du mercredi au dimanche à 20h30. Les ruines s’illuminent au fur et à mesure que l’on avance, éclairages accompagnés par les sons de la nature, de la vie dans la mission, et de musique. Ce parcours nocturne est assez magique, et peut être combiné (si l'on est véhiculé ou alors prévoir un taxi), avec le « vidéo Mapping 3D » des ruines de Jesús qui commence à 19h30 et dure 20 minutes.