SOUQ WAQIF

Estampillée « attraction n°1 » de la ville, le Souq Waqif s'agrandit au fil de la reconquête du « heart of Doha ». Il tient son nom de son modeste passé de marché au temps de grande simplicité bédouine, quand les vendeurs étaient contraints de se tenir « waqif », debout. Le projet urbain a pris racine sur ses fondations et dans les habitudes, comme un décor de cinéma que personne ne veut démonter. Un village idéal du temps des caravanes, avec un labyrinthe de galeries, des sacs d'épices multicolores, des cages à oiseaux, des porteurs de brouettes, des pipes à eau pour se retaper avant de repartir en méharée. Une chatoyante cohue qui prend son temps tous les soirs.

Un vrai souk ancien rénové. Suprême audace de ceux qui dessinent le destin du petit Qatar, indéniable vista esthétique, le Waqif réussit là où tant d'autres « faux souks » du Golfe ont démérité : il fait vrai. D'ailleurs, tous l'ont adopté et le soir venu des foules de familles qatariennes déambulent, ajoutant à ce décor la composante humaine que nul ne peut télécommander et qui le sauve du même coup du piège à touristes. La force de la proposition tient principalement là-dessus : dans un pays aimanté vers la consommation climatisée sous cloche type mall, dans une région où les habitants ont perdu le goût collectif des extérieurs, il était périlleux de concevoir un espace social mixte, pour le genre et les catégories sociales, quasi exclusivement à l'air libre, en terrasse, sur le pavé. Mais tout Doha est là, et c'est extra, en va-et-vient processionnaire dans la rue centrale, un œil sur les pipeurs à eau, un autre du côté des devantures pleines de bibelots.

Par quel bout le prendre ? On peut commencer par le rond-point du Dhow, et la large rue bordée de cafés et restaurants d'où partent diverses venelles du souk proprement dit. Très propre car balayé à longueur de jour et de nuit par les employés municipaux. Ainsi, en progressant en direction de la Corniche, on traversera en se perdant gentiment dans la section des épices, des jouets et des vélos, des parfums, des tapis, des savons, des articles de pêche, des artisans et des animaux de compagnie. Ne pas négliger les passages couverts qui s'échappent vers la droite de la rue, car certains conduisent à de charmants cafés.

La rue des cafés et des restaurants. Sans conteste la partie la plus animée, d'autant plus que c'est celle qui ferme le plus tard avec des restaurants de qualité et d'autres plus pièges à touristes. On vient volontiers fumer la shisha en observant la foule qui passe, déguster une glace, prendre un thé ou dîner. Devant la mosquée, on trouve de la street food qatarie, des femmes servent des plats typiques mitonnés dans de grandes marmites. C'est peu cher et expérimental : demandez à goûter avant de prendre un plat.

Les boutiques hôtels. Situées au cœur du Souq, elles sont désormais toutes sous la même étiquette du Tivoli Hotel, et offrent une expérience différente de celle au sommet des tours ultramodernes.

Marché aux faucons. Dans la partie la plus à l'est, bordée par le Grand Hamad St, vous découvrirez le marché aux faucons. Prenez comme repère de départ l'hôtel Mirqab et empruntez la rue sur sa gauche. Les éleveurs présentent leurs trésors à plumes, sans chercher à épater le touriste car il s'agit d'un souk « professionnel » et ils savent bien que vous n'allez pas vous porter acquéreur. Avec distance et discrétion, vous observerez le jeu des affaires et découvrirez l'attirail complexe qui entre dans cette pratique culturelle ancestrale. Les faucons encore sauvages (puisque l'objectif d'un acquéreur est d'en faire son faucon), ont les yeux couverts, une chaîne à la patte et attendent patiemment le chaland. Un hôpital pour faucons équipé des dernières technologies peut recevoir les rapaces à toute heure aux urgences et dispose même de salles pour que les maîtres puissent veiller sur leurs protégés blessés.

Le bazar des épices nous est raconté par notre correspondante Camille Nemery : « Des odeurs sucrées-salées, des couleurs splendides, les papilles en éveil, tous les sens sont mis à rude épreuve ! On trouve entre autres du curcuma, du safran, du curry, des bâtons de cannelle, de la noix de muscade ou encore du gingembre. Dans de gros sacs en toile de jute sont entreposées les herbes séchées : coriandre, menthe, origan mais aussi des citrons confits, des boutons de rose et du thé aux fleurs d'hibiscus. Des fruits secs plus beaux les uns que les autres trônent dans de petites bannettes en osier : ananas, papayes, mangues, figues, raisins, abricots, pruneaux, bananes. Des graines en tous genres apportent des couleurs invraisemblables allant du vert émeraude au noir intense. Pistaches, noix de pécan, amandes et pignons de pin n'attendent plus que d'être croqués. Les marchands n'hésitent d'ailleurs pas à faire goûter leurs clients indécis devant le large choix des produits. Après la pesée, ils repartent la bouche pleine avec leur sachet de provisions. »

Marché aux animaux. Outre le marché aux faucons, dédié seulement à l'animal roi, on trouve une cour centrale avec des vendeurs de chatons, de chiots et surtout des oiseleurs qui arborent des aras et perroquets colorés immenses sur des perchoirs. Les enfants sont au paradis dans cette aire animalière.

Haras nationaux. Une partie du souk est dédiée aux haras de chevaux qui vivent dans leurs écuries urbaines et sur des terrains adjacents au souk. On peut venir caresser les chevaux à travers la barrière, et avec un guide faire une visite guidée de cette partie de Waqif.

Marché aux parfums. Ah ! les parfums orientaux ! Ils flottent souvent dans l'air des rues du Souq Waqif. Les fioles et bouteilles alignées dans les magasins de parfumeurs font rêver tant ils sont mystérieux, avec des noms inconnus de senteurs épicées et ambrées, orientales en somme. D'autres noms sont en revanche familiers, car ici on peut acheter une imitation de parfum de marque fabriqué par des nez locaux ! Le mieux est de sentir pour découvrir et repartir avec de petites fioles que le vendeur n'oubliera pas d'étiqueter pour qu'on se rappelle ce dont il s'agit. Excellent cadeau à ramener également.

Marché aux étoffes. On trouve des tissus, mais aussi des chaussures, des habits courants, des abayas pour les femmes et des thobes (ou dishdasha) pour les hommes, des plus sobres aux plus riches modèles cousus d'or. Il est situé dans les rues étroites du souk.

Marché aux souvenirs et brocantes. Bienvenue dans un monde globarabe des souvenirs. On ne trouve quasiment rien de qatari, mais en revanche des vieilleries lustrées venues de toute la péninsule (des anciennes pièces de monnaie, objets de brocante divers et variés d'obédience bédouine). Les souvenirs sont quant à eux plutôt turcs (poteries, faïences, sacs, lampes, etc.) ou du Moyen-Orient (tapis iraniens et syriens peu chers et magnifiques !). Essayez de marchander jusqu'à 30 % avec le marchand de tapis, c'est de bonne guerre.

Marché aux perles et sabres. Au cœur du Souq Waqif, vous ne manquerez pas d'entrer dans quelques boutiques qui proposent des perles et des bijoux. Les perles qataries, celles du Golfe, et même la perle noire de Tahiti et la vulgaire perle artificielle chinoise sont proposées dans ces magasins, ainsi que tout un lot d'outils et ustensiles de brocante datant de l'époque perlière du pays. D'autres magasins dans ce coin sont dédiés aux sabres, qui viennent de la péninsule arabique et du Proche-Orient (Jordanie, Syrie...).

Miels, fromages. On trouve des fromages fabriqués localement dans un coin du souk, mais aussi des boutiques de miels artisanaux tous différents et remarquablement bons. Entrez et goûtez, pas seulement avec les yeux !

Souq Waqif Art Center. Il n'est pas rare de voir certains artistes en résidence ici actifs devant leur chevalet, à peindre ou retoucher un dessin, dépeignant souvent la vie quotidienne des Qataris ou des paysages désertiques. Le hall surmonté d'une chaîne de lampes turques sous un immense plafond impressionne.

Gold Souk. Ce souk de l'or a ouvert dans le prolongement du Souq Waqif, de l'autre côté de la Grand Hamad Street, et compte 42 magasins spécialisés dans du 18 et 22 carats, or et bijoux. Il est aussi spécialisé dans les tapis fort chers, la plupart venus d'Iran.