EGLISE ABOUNA YEMATA (GUH)

Cette église est sans doute la plus difficilement accessible, en raison de sa situation spectaculaire, enfouie comme elle est au cœur d’un piton rocheux, que l’on aperçoit depuis Mariam Korkor au bout de la façade rocheuse qui s’étire vers le nord-ouest. C'est aussi la plus connue sur les photos des églises du Tigré. Après une bonne heure d’ascension, nombreux sont ceux qui abandonnent dans la dernière ligne droite : un petit à-pic percé de trous irréguliers où il faut s’agripper, pieds et mains, quelques branches mortes servant accessoirement de rampe – et depuis peu, enfin, une corde pour passer le passage en paroi le plus périlleux. Si vous avez le vertige, passez votre chemin c'est mission impossible ! Ceux qui surmonteront l’obstacle ne le regretteront pas : l'entrée de l'église est située au bout d'un étroit passage longeant une falaise vertigineuse. L'emprunter sur ces quelques mètres c'est le grand frisson garanti. Une fois les yeux habitués à l'obscurité, on découvre à l'intérieur les fresques qui ornent le sanctuaire. Elles sont décrites comme les plus raffinées jamais découvertes dans la région du Tigré. Sur le plafond de l’entrée, neuf personnages en cercle sont identifiés par des inscriptions comme étant huit des apôtres et, selon une thèse non confirmée, le frère du Christ y serait représenté. Sur l’autre dôme, huit personnages dans la même posture représentent huit des neuf saints syriens, responsables, selon la tradition, de l’évangélisation du pays à partir du VI^e siècle. Le neuvième, Abouna Yemata lui-même, est représenté à cheval sur l’un des murs. La fraîcheur des couleurs est un indice permettant de dater ces peintures du XV^e ou XVI^e siècle. Le jeune prêtre qui s'occupe de cette église vous montrera volontiers des bibles anciennes en ghèze richement illustrées et bien conservées.

Avertissement. En raison du succès de cette église très fréquentée par les touristes, les « aides » à la corde ne se gênent pas pour tenter de racketter les touristes (alors que la corde a été fournie gratuitement par une association pour renforcer un peu la sécurité du site). Ils demandent 100 birrs chacun après vous avoir aidé à descendre, au retour donc, quitte à vous barrer le passage si vous n'obtempérez pas. Ne vous laissez pas faire car ce n'est pas normal, donnez 50 birrs par personne aidée, c'est déjà largement suffisant. Le prêtre aussi demandera 100 birrs par personne, c'est plutôt 50 birrs en plus de l'entrée.