ORVAL (ABBAYE NOTRE-DAME)

Orval, une bière unique. Beaucoup de connaisseurs vous le diront. Mais elle l'est avant tout parce que la brasserie ne produit qu'une seule bière, contrairement aux autres brasseries trappistes belges, qui présentent toutes un choix (au moins deux bières différentes, souvent plus). Elle se différencie également de ses consœurs par sa teinte cuivrée si particulière et un volume d'alcool peu élevé (6,2 % vol.) qui faisait d'elle, jusqu'il y a peu, l'une des trappistes les plus légères. Récemment, Westmalle et Chimay ont décidé de commercialiser des versions inférieures à 5 %. Les modes de consommation brassicole ont largement évolué ces dernières années. Les bistrots sont délaissés par le public. Et si la pils est encore de loin le style le plus bu, le consommateur accorde une place de plus en plus importante à la bière spéciale à déguster chez soi au coin du feu. En la matière, l'authenticité d'une trappiste et le goût jumelé à un relativement faible volume d'alcool de l'Orval semblent bien répondre aux nouvelles attentes du public. C'est toutefois l'horeca qui absorbe 70 % de la production d'Orval, la présence en grande distribution étant assez aléatoire. L'amateur aura donc plus de chances aujourd'hui de se procurer cette célèbre ambrée précisément au café.
L'abbaye Notre-Dame d'Orval, c'est aussi la légende de la comtesse Mathilde de Toscane qui égara son anneau nuptial dans une fontaine proche de l'abbaye. Une truite vint alors à la surface avec le bijou dans sa gueule. Et la comtesse de s'exclamer que le lieu est un véritable « Val d'or ». La truite à l'anneau, elle, a obtenu une reconnaissance à l'épreuve du temps puisqu'elle figure aujourd'hui sur le logo de la bière. Autre personnalité féminine, aujourd'hui sur le devant de la scène à Orval, Anne-Françoise Pypaert a repris la tête de la production après le départ du bouillant Jean-Marie Rock. Sous sa houlette, l'activité continue de croître de façon raisonnée », comme aiment à le préciser les responsables. Entendez 2 % par an tout de même. En 2021, 80 000 hectolitres d'Orval sont sortis de la brasserie. Un nouveau hall de fermentation et une nouvelle ligne d'embouteillage ont été inaugurés au printemps 2022.
Si vous envisagez une visite de l'abbaye, prenez la peine de faire une halte à L'Ange gardien, la taverne située à deux pas. Outre une carte privilégiant les plats de la région, vous pourrez y savourer un Orval Vert, soit une version au fût et plus légère (4,5 %) que son aîné. Une bombe houblonnée que Jean-Marie Rock a mis au point peu avant son départ en 2013, pour que « ces Américains, avec leur IPA, arrêtent de lui casser les pieds ! »