MASDJED-E DJOMEH (OU MOSQUÉE DU VENDREDI)
Le double minaret de la mosquée forme l’entrée des ruelles du bazar. La très sobre mosquée du Vendredi, la seule de Perse à conserver intacts des bâtiments et des décors des périodes seldjoukide (1051-1220), ilkhanide (1220-1380), timouride (1370-1506), safavide (1502-1736) et turcomane la plus baroque, est un véritable musée d’architecture islamique du XIe au XVIIIe siècle. Malgré les invasions, les destructions, les reconstructions, l'ensemble conserve une harmonie et une richesse de styles qui en font l'un des monuments les plus intéressants de la ville. Elle est souvent appelée vieille mosquée par le habitants, en opposition à la mosquée du Shah, mais la visite vous convaincra rapidement qu'elle n'a rien à lui envier !
Pour commencer votre visite, attardez-vous sur l'exposition de schémas 3D à l'entrée, une fois passé le portail. Ils permettent de se rendre parfaitement compte de l'évolution de l'édifice lors des dynasties successives et de la construction ou disparition de ses différentes parties.La mosquée du vendredi d'Ispahan demeure la plus grande mosquée d’Iran, comptant 474 voûtes individuelles originales, et bénéficie d’une architecture complexe mêlant époques et styles. Les vestiges d’une première mosquée à orientation climatique remontent au VIIIe siècle (773) et fut érigée sous le règne des Abbassides. C'est à l'époque seldjoukide que fut ajoutée, sur ordre du vizir Nizâm al-Molk, en 1080, une exceptionnelle coupole à une seule voûte selon le principe architectural des temples du feu. Il faut dire que Nizam al-Molk, vizir du sultan Malek Chah, avait juré de prendre la place de ce dernier et que la mosquée avait été entièrement détruite par ses partisans. Le vizir quant à lui, ordonna la construction de la coupole nord, prodige d'architecture pour l'époque. Les deux bâtiments issus du conflit furent les seuls à survivre au grand incendie de la mosquée, en 1121.
C'est dans la partie sud de la mosquée que se trouve le mirhab principal, mais un des iwan les plus notables est certainement celui du flanc ouest, avec ses ensembles de faïences séfévides. Notez également la sobriété des nombreuses salles voûtées en brique ocre, ceinturant la cour centrale à quatre iwan datant tous du XIIe siècle. Voir aussi les niches en forme de bonnet soufi et de couronne safavide… La voûte de l’iwan sud, la plus impressionnante, est recouverte de larges alvéoles et de superbes céramiques de faïence des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Du côté de l’iwan nord, « l’iwan du derviche », les motifs étoilés sont le fait de la disposition précise des briques. La petite tour de l’iwan ouest sert à l’appel à la prière. A droite de celle-ci, la petite salle du sultan mongol Oldjaitou (dont le mausolée se trouve à Soltaniyé) abrite un très beau mihrab en stuc de 1310. Admirez également la très belle calligraphie et la finesse des motifs floraux sculptés. Située au sous-sol, le Shabestan (salle d’été et d’hiver), achevée en 1447, s’étend sur 50 m de long et 20 m de large. La faible lumière filtrée par les soupiraux en albâtre translucide permettait de veiller en prière toute la nuit. Enfin vous pourrez clore la visite de la mosquée du vendredi par un tour des bâtiments annexes. La mosquée abritait effectivement des madrasas (écoles coraniques) ainsi que des salles d'eau pour les ablutions des fidèles.
À l'issue de la visite, vous aurez embrassé ce que les écoles d'architecture iraniennes successives ont produit de plus beau et de plus abouti au cours des siècles !
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