GRANDE MOSQUÉE ET ÉGLISE SAINT-UROŠ

Cette mosquée (Xhamia e Madhe, Velika Džamija) et cette église orthodoxe serbe (Kisha e Shën Uroshit, Crkva Svetog Cara Uroša) sont situées en plein centre de Ferizaj/Uroševac, le long de la ligne de chemin de fer qui passe au milieu de la ville. Datant toutes deux du XX^e siècle, elles ne présentent qu’un intérêt limité, sauf qu’elles sont placées l’une à côté de l’autre. Aussi près, c’est rare, même dans les Balkans. Cela apparaît aujourd’hui comme un symbole réconciliation possible entre Serbes orthodoxes et Albanais musulmans. La mosquée se distingue par ses deux minarets de 40 m de hauteur et sa grande coupole de 10,50 m de diamètre. Une première version fut érigée vers 1894 grâce à une donation du sultan Abdülhamid II. En partie détruite après le départ des Ottomans (1913), elle fut reconstruite au début de l’occupation, en 1941. Elle a été renommée mosquée Mollah-Veseli en l’honneur du prédicateur musulman et poète local Mulla Vesel Guta (1905-1986) expulsé en Turquie en 1945 pour collaboration avec les nazis. Elle reste surtout connue sous le nom de « Grande mosquée » et n’a pas eu à subir de dégâts lors de la guerre du Kosovo.

Un ensemble architectural unique. L’église, achevée en 1933, a été dessinée par l’architecte serbe Josif Mihailović (1887-1941), qui fut maire de Skopje dans les années 1930. Celui-ci s’est inspiré de l’église du monastère de Gračanica en couvrant l’édifice de cinq coupoles culminant à 30 m de hauteur. Financée grâce à des dons de la communauté serbe locale (qui représentait encore 10 % de la population avant 1998), c’est l’une des rares églises dédiées à l’empereur Uroš V, dit « le Faible », dernier souverain de la dynastie des Nemanjić, mort en 1371 et canonisé par le patriarcat serbe au XVI^e siècle. Elle a subi des pillages et dégradations plusieurs fois depuis 1999. Avec son campanile volontairement placé à côté du porche de la mosquée, l’église a été construite ici pour marquer la nouvelle domination des Serbes durant la période du royaume de Yougoslavie (1918-1941). Abandonnée depuis le début de la guerre du Kosovo, elle a été rénovée en 2015 et a de nouveau un prêtre depuis 2016. Cette même année, l’église et la mosquée on été classées en tant qu’un seul ensemble architectural par le ministère de la Culture du Kosovo. Aux dernières nouvelles, le prêtre et l’imam qui officient ici sont devenus amis : ensemble, ils parlent de football et ont fait abattre le mur qui séparait leurs lieux de culte.