ÉGLISE SAINT-ANTOINE DE BINÇA/BINAČ
Cette église catholique moderne (Kisha e Shna Ndout, Crkva Svetog Antonija) étonne par sa forme octogonale, mais encore plus par ses peintures murales réalistes et un peu kitsch. Située dans le village de Binça/Binač (1 100 habitants, dont 98 % d’Albanais), elle a été construite en pierre par des maçons locaux en 1968-1972, puis décorée en 1989-1990 par deux artistes de la région : Demir Behluli (né en 1938) et Zeqirja Rexhepi (né en 1955), peintre de renom aujourd’hui installé au Canada. En dessous de scènes du Nouveau et de l’Ancien Testament, six grands panneaux décrivent la « persécution albanaise » de 1846. En 1839, l’Empire ottoman entreprit une importante réforme portant notamment sur une plus grande tolérance à l’égard des chrétiens. Les laramanë (cryptocatholiques albanais) du Kosovo interprétèrent cela comme la possibilité de vivre leur foi au grand jour. Plusieurs communautés comme celle de Prizren furent reconnues par les Ottomans en 1845.
Exode et arche de Noé. Les laramanë de la région de Viti/Vitina tentèrent d’obtenir le même droit, mais leurs représentants furent emprisonnés à Skopje et Constantinople. À leur retour en 1846, ceux-ci refirent la même demande au gouverneur local Maliq Bey. Ils sont représentés ici en habits traditionnels albanais face au fonctionnaire vêtu à l’orientale. Nouveau refus : Maliq Bey craint que des conversions en masse provoquent une déstabilisation du Kosovo. Il décide de faire un exemple en expulsant 150 laramanë et prêtres de la région en Turquie. Après une dernière messe, ceux-ci prennent le chemin de l’exil, à pied, puis en bateau. Vingt d’entre eux meurent en chemin et soixante-dix autres décèdent en Turquie, du fait de conditions de vie particulièrement rudes. Les survivants sont finalement autorisés à renter au Kosovo en 1848. Le panneau situé au-dessus de l’entrée principale est occupé par les portraits de Skenderbeg et de mère Teresa entourés par ceux des écrivains et prêtres catholiques Shtjefën Gjeçovi (1874-1929) et, à gauche, Pjetër Bogdani (v. 1630-1689). Cette église unique en son genre est dédiée à saint Antoine de Padoue, mais également au « curé d’Ars », le saint français Jean-Marie Vianney (1786-1859), perçu ici comme un symbole de la résistance catholique face à l’oppression. À Viti/Vitina, l’église du Sacré-Cœur, achevée en 2007, vaut quant à elle un coup d’œil pour sa forme d’arche de Noé qui évoque, elle aussi, le périple des laramanë de 1846.
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