MONASTÈRE DE DEVIČ

Ce monastère orthodoxe serbe du XV^e siècle (Manastiri i Deviçit, Манастир Девич/Manastir Devič) est situé dans la vallée boisée de Devič, à l’écart du village de Llausha/Lauša (2 700 habitants, à 99 % albanais). Dédié à l’Entrée de la Mère de Dieu au Temple, il abrite des fresques des XV^e et XVI^e siècles, mais il a subi d’importantes dégradations depuis 1915. Son histoire remonte à la fin du X^e siècle : un premier monastère aurait été fondé ici par l’ermite et saint bulgare Joanikije Devič, disciple du moine et saint protecteur de la Bulgarie Jean de Rila (876-946). Saint Joanikije Devič fut enterré sur place et ses reliques firent l’objet d’une grande dévotion. Près de cinq siècles plus tard, le prince serbe et vassal des Ottomans Đurađ Branković (1377-1456) fit ériger ici un nouveau monastère vers 1432. Il attribuait aux reliques de saint Joanikije Devič la guérison miraculeuse de sa fille Mara Branković (1416-1487), atteinte de « folie », qui fut plus tard mariée au sultan Mourad II. Le monastère bénéficia dès lors de la protection des Ottomans et devint un centre religieux important, constamment agrandi jusqu’au XIX^e siècle. Après le départ des Ottomans, le complexe a été incendié à cinq reprises par des nationalistes et pilleurs albanais, la dernière fois remonte aux émeutes antiserbes de mars 2004.

Visite. Aujourd’hui presque entièrement rénové et protégé par la police kosovare, le monastère abrite une petite communauté de moniales. Celles-ci n’accueillent les visiteurs étrangers que s’ils sont accompagnés de personnes de confiance. L’hôtel North City de Mitrovica peut notamment organiser la visite. Le complexe s’étire sur 100 m de longueur au fond de la vallée de Devič. Il regroupe des bâtiments de différentes périodes, parmi lesquels l’église originelle du XV^e siècle. Celle-ci comprend un catholicon (église principale) dédié à l’Entrée de la Mère et deux parecclesions (chapelles latérales) qui sont, eux, dédiés à saint Georges et à saint Joanikije Devič. Cet ensemble a été décoré par un peintre anonyme au XV^e siècle et par le grand maître serbe Longin en 1578. Le catholicon possède encore quelques fresques du XV^e siècle, dont des portraits de saint Joanikije Devič et de saint Acace (ou Akakios de Mélitène, évêque arménien du V^e siècle) ainsi que deux scènes d’un cycle des miracles du Christ, les Noces de Cana et la Guérison du paralytique. Certaines fresques de Longin subsistent aussi, notamment une belle scène de l’Ascension du Christ placée au-dessus du tombeau de saint Joanikije Devič.