FORT DE BAHREÏN (QAL'AT AL BAHRAIN)
Site exceptionnel inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO, occupé par l'homme depuis 4 000 ans.
Inscrite par l'UNESCO au Patrimoine mondial de l'Humanité en 2005, la forteresse de Bahreïn est un site exceptionnel. Il est occupé par l'homme depuis 4 000 ans. Sous la forteresse portugaise érigée par les colons au XVIe siècle, les archéologues danois P.V Glob et Geoffrey Bibby découvrent un tell, une colline artificielle créée par l'accumulation d'habitats humains à travers les âges. En d'autres termes, ils mettent au jour les restes de la capitale de Dilmun, des fortifications de Tylos, des premières traces de l'islam à Bahreïn et de la colonisation portugaise, réunis sur un seul site, stratifiés par le temps et remarquablement conservés par le sable du désert.
En 1977, la mission française d'archéologie reprend le flambeau. Monik Kervan d'abord, puis Pierre Lombard, dirigent ces fouilles qui se sont révélées être parmi les plus prometteuses de la région. Plus les équipes creusent profond dans le tell de Qal'at Al Bahrain, plus ces travaux prennent l'allure d'un voyage dans le temps hors du commun.
La capitale de Dilmun. Tout commence à la fin du second millénaire avant notre ère. La civilisation de Dilmun, qui règne sur la côte est de l'Arabie saoudite et le chapelet d'îles du golfe Persique, établit sa capitale sur l'île de Bahreïn. Le choix du site n'est pas laissé au hasard. En surplomb de la plage et d'un chenal naturel, il est idéal pour établir un port. Les vestiges enfouis le plus profondément datent de 2200 av. J.-C. A l'époque, la « Ville n°1 » comme l'appellent les archéologues, n'est en réalité qu'un petit village. Ses maisons sont construites avec des murs d'argile et des sols en plâtre. Un atelier qui travaillait le cuivre était situé à proximité, preuve que cette civilisation commerçait déjà avec Sumer en Mésopotamie, Oman et la vallée de l'Indus.
Le village devient ville entre 2050 et 1750 av. J.-C. Il s'agit de la « Ville n°2 », qui correspond à l'âge d'or de Dilmun. Le site s'étend alors sur 15 hectares ; des fortifications ceinturent la capitale et des constructions monumentales prouvent qu'un système d'organisation sociale et politique réglemente la vie des habitants. La porte d'entrée de la capitale se situait juste en face de la mer, signe de l'importance des activités maritimes pour cette civilisation. Les statues, poteries, inscriptions cunéiformes, ancres et sceaux retrouvés sur place laissent envisager des relations intenses avec les civilisations voisines. La civilisation de Dilmun périclite après 1750 av. J.-C. pour des raisons que les archéologues étudient encore.
Une ville sous influence étrangère. La Ville n°3 apparaît au XVe siècle av. J.-C., sans que les archéologues puissent expliquer le hiatus temporel avec la Ville n°2. Ce qui est sûr en revanche, c'est la présence des Kassites, une dynastie qui régnait alors sur Babylone. Des poteries et des inscriptions que l'on retrouve dans tout le Moyen-Orient en attestent. Les gouverneurs kassites occupent l'ancien palais de Dilmun et renforcent les fortifications. Au XIVe siècle av. J.-C., un incendie ravage le palais, et l'administration babylonienne est déplacée, probablement au Koweït.
Par la suite, les ruines de la ville demeurent inoccupées, le site ayant perdu sa fonction de capitale politique. Une « Ville n°4 » est tout de même mise au jour sur les fondations de l'ancien palais. Mais on ne sait pas vraiment qui étaient ses occupants. La théorie la plus plausible reste le roi Uperi, un souverain indépendant, dont on trouve des traces de correspondances dans les archives du roi Sargon II en Mésopotamie. L'architecture des maisons de la ville n°4 rappelle les riches demeures assyriennes, dont des tracés similaires se retrouvent à Ur ou Babylone. La ville est ensuite abandonnée à nouveau.
Bahreïn, à la croisée de l'Orient et de la Grèce. En 325 av. J.-C., une expédition navale d'Alexandre le Grand accoste à Bahreïn. Les amiraux du conquérant macédonien nomment l'île Tylos, qui passe sous contrôle des Séleucides, un des empires d'Orient fondé par les généraux d'Alexandre après sa mort. Entre le IIe siècle av. J.-C. et le IIe siècle, le royaume characène (en Irak actuel) contrôle l'archipel. Il ne reste plus grand-chose du faste de Dilmun, les habitations retrouvées ne servant qu'à des usages domestiques, et les remparts, abandonnés, leur servant de fondations. La ville conserve la main sur les échanges commerciaux et le site demeure le point d'entrée de toutes les marchandises importées, comme l'attestent les nombreux objets et statues retrouvés sur place. Tous ont un style grec. Au IIe siècle, la ville est une nouvelle fois abandonnée, cette fois-ci pour très longtemps, et le nom de Tylos tombe dans l'oubli du désert.
Un poste militaire pour le contrôle de la mer et de la terre. Au VIIe siècle, Bahreïn embrasse l'islam, et sa capitale est alors au centre de l'île, proche de la mosquée Al Khamis. Qal'at Al Bahrain, qui régna sur le golfe Persique n'est sûrement plus qu'un village de pêcheurs. Le commerce s'atténue, particulièrement durant la République des Qarmates. Ce n'est qu'au XIVe siècle que la vieille forteresse de Tylos révèle de nouveaux signes d'occupation. Une forteresse est bâtie sur le tell. Rasée par les Portugais en 1507, les colons la rebâtissent en 1561, dans le style européen pour contenir l'ennemi omanais. Puis, ils abandonnent la forteresse, en raison de l'étroitesse du chenal.
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