CIRCUIT INTERNATIONAL DE BAHREIN (BAHRAIN INTERNATIONAL CIRCUIT)

Lorsque vous passez les portes de Sakhir, vous ne pouvez pas en croire vos yeux. Là, perdu dans les dunes et les djebels de Bahreïn, un monument de verre et d'acier surplombe l'horizon. Un vaisseau (spatial) abandonné dans le désert ? Non, la tour de contrôle d'un des circuits automobiles les plus impressionnants du monde. Le circuit international de Bahreïn étend ses 140 000 m² d'asphalte au beau milieu des étendues désertiques. Sur la route qui y mène, au détour d'un virage, on s'étonne de ne pas croiser un bolide. Quand on dépasse quelqu'un sur la route, on se demande si ce n'était pas Sebastian Vettel au volant. A l'approche d'une ligne droite, on se retient, difficilement, d'appuyer de toutes ses forces sur l'accélérateur. Pas de doute, nous sommes bien au royaume de la Formule 1.

Comme dans tous les pays du Golfe, la voiture règne en maître absolu. Pour un rien, et comme il fait de toute façon trop chaud pour marcher, les Bahreïnis prennent le volant. Ce n'est donc pas surprenant que les sports automobiles soient un des passe-temps favoris des habitants de l'archipel. Le Prince héritier, Salman ben Hamad ben Issa Al Khalifa, est lui-même un admirateur absolu de ces bolides. Il s'est donc acharné à faire de Bahreïn le premier pays du Moyen-Orient à accueillir un Grand Prix de Formule 1.

En 2004, Salman réalise son rêve. Sur la ligne de départ, qui brille sous le soleil du désert, Michael Schumacher est en pole position. Sous ses mains expertes, la rugissante mécanique de Ferrari gronde. Top Départ ! Nous sommes le 4 avril 2004, la première course de F1 dans un pays arabe commence. 57 tours d'une course serrée de bout en bout. Au 7^e tour, Kimi Räikkönen et sa McLaren-Mercedes sont contraints à l'abandon. Au 42^e tour, l'autre coureur Ferrari, Rubens Barrichello dépasse l'Allemand et se retrouve 1^er. Mais dans l'obligation de laisser la victoire à son illustre coéquipier, le Brésilien s'efface comme prévu au 44^e tour. Second, il empêchera la Honda de Jenson Button de venir gêner Michael Schumacher dans les derniers tours. A la ligne d'arrivée, le plus grand pilote automobile des années 1990 et 2000 lève le poing : il vient de remporter la 73^e victoire de sa carrière. Le premier GP de Bahreïn fut un succès retentissant pour le Royaume bahreïni.

Chantier pharaonique, et occasion unique de faire briller Bahreïn dans le monde, ce projet a été une bataille de tous les instants. Tout a commencé au bord du Concorde. Le Prince Salman est en compagnie de Sir Jackie Stewart, un ancien pilote de F1. En discutant, Salman Al Khalifa a l'idée de construire le circuit de Sakhir qui fera connaître le Royaume au monde entier. Ce n'est qu'en 2002 que le gouvernement, convaincu du projet, décide d'en faire officiellement une « priorité nationale ». Le chantier démarre en octobre. En tout, 70 000 m² de béton, 8 500 tonnes d'acier et, depuis 2015, 495 pylônes électriques jalonnent le parcours. C'est en effet depuis 2015 que la course se déroule de nuit, à 18h. Comme le GP a lieu au mois d'avril, il fait bien trop chaud pour l'effort que requiert la conduite de tels engins. Un pilote pouvait perdre 2 à 3 kilos en une course.

Et la chaleur ne fut pas le seul défi que connut le chantier. L'architecte allemand Hermann Tilke était bien conscient que construire un circuit en plein désert présente des difficultés. La première : le sable, qui risque de venir lécher la piste et de tourbillonner. Ce qui la rendrait dangereusement glissante ! Une solution fut trouvée, appliquer tout le long du tracé un adhésif suffisamment puissant pour empêcher le sable de s'infiltrer sur la piste. Finalement, en mars 2004, le Roi Hamad bin Isa Al Khalifa inaugura le circuit, qui aura coûté 150 millions de dollars, et la première course de F1 dans le pays a pu avoir lieu à temps ! Depuis, le circuit est devenu un régulier du championnat de F1. Seuls les événements de 2011 ont poussé les autorités à annuler l'épreuve, qui a pu se tenir normalement en 2012.

Mais Sakhir, ce n'est pas que de la Formule 1. D'autres compétitions ont régulièrement lieu : des épreuves d'endurance, de karting, de dragsters et même de vélo sont organisées.

Visiter le circuit reste une expérience hors du commun. Hormis la boutique officielle, point d'entrée obligatoire du parcours, de nombreuses installations peuvent se visiter comme la tour de contrôle, d'où vous aurez une vue sans pareille non seulement sur la piste mais aussi sur tout le désert qui l'entoure. Puis, vous y verrez les coulisses, les salles de presse, la salle de contrôle et son mur d'écrans, le boîtier de commande du directeur de course et bien sûr, les stands des différentes équipes. Et clou de la visite, si vous aimez la vitesse, vous pouvez vous essayer à la conduite sportive au volant d'un bolide de location (dates d'ouverture à consulter sur le site internet). Certes, ce n'est pas de la F1, mais l'expérience reste sans égale.