DÉTROIT DE BÉRING - CAP PRINCE-DE-GALLES
Cap proche de Wales et face aux îles Diomède qui marque la séparation entre les côtes du Pacifique et de l'Arctique
Point continental le plus occidental de l'Amérique, le cap Prince-de-Galles est situé sur la péninsule de Seward proche de Wales. Il marque la séparation entre les côtes du Pacifique et celles de l'Arctique, et pointe le bout de son nez dans le détroit de Béring : 85 kilomètres de mer qui séparent l'Alaska de la Sibérie.
Géographie. Le détroit de Béring relie au nord et au sud, les mers des Tchouktches et de Béring, au beau milieu desquelles sortent de terre deux petites îles : la petite Diomède, l'Américaine, et la grande Diomède, la Russe.
Béringie. Le peu de profondeur du détroit est une des clés de l'histoire. La mer a-t-elle toujours été là ? Vous entendrez parler du pont terrestre de la Béringie. En effet, il y a environ 21 000 ans, cette zone était terrestre. Le niveau de la mer était alors 120 mètres plus bas qu’aujourd’hui, offrant ainsi un passage entre le continent américain et l’Eurasie. L'Homme venu d'Asie aurait progressivement colonisé le continent américain en passant par la Sibérie alaskienne. Le pont terrestre a ensuite disparu, il y a environ 11 000 ans.
Vitus Béring. Au XVIIIe siècle, un explorateur danois, Vitus Béring, entreprend un voyage à travers le détroit, dans le but de cartographier la région pour le compte de l’Empire russe. Lors d’une de ses expéditions, il découvre les côtes du continent américain et revient avec des peaux de loutres, suscitant l’intérêt des marchands russes. Ces derniers se lancent alors eux-mêmes dans de nouvelles expéditions pour rapporter des fourrures en Russie. À mesure que la colonisation progresse, l’actuel Alaska est intégré à l’Empire russe : on parle d’Amérique russe, même s'ils sont peu nombreux sur le territoire. Mais peu à peu le pouvoir tsariste s'en désintéresse... La fourrure se raréfie, car les loutres ont été décimées, les conditions climatiques compliquent la colonisation, les relations avec les populations locales sont difficiles, parfois violentes. Puis en 1856, la Russie perd la guerre de Crimée contre le Royaume-Un et les redoute au Canada. Pour toutes ces raisons, en 1867, la Russie vend aux États-Unis l'Alaska pour une somme dérisoire. Depuis cette date, le détroit de Béring est devenu une frontière entre deux pays.
« Rideau de glace ». Pendant la guerre froide, le détroit de Béring, alors très surveillé, est un des rares lieux du globe où capitalisme et communisme se font directement face. À l’image du rideau de fer en Europe, il a pris le nom de rideau de glace. En mars 1948, l’URSS décide de fermer la frontière. Les populations autochtones qui vivent de part et d’autre du détroit, les Yup’ik, se retrouvent privées de relations avec leurs proches de part et d'autre de la frontière. Avec la guerre en Ukraine actuelle, le détroit de Béring est très surveillé.
Réchauffement climatique. De périphérique, le détroit de Béring pourrait devenir central. La fonte de la banquise, liée au réchauffement climatique, laisse progressivement la possibilité aux navires de naviguer à l’intérieur du cercle polaire, créant, à terme, deux nouvelles routes maritimes par le détroit de Béring : le passage du Nord-Est et le passage du Nord-Ouest. Elles permettent de réduire considérablement les distances entre l’Europe, l’Amérique et l’Asie, par rapport aux routes traditionnelles.
Le passage du Nord-Est. Ce raccourci maritime permet par exemple de réduire le trajet entre Londres et Yokohama, de 21 000 km par le détroit de Malacca et le canal de Suez, à 14 000 km par le passage du Nord-Est du détroit de Béring. Signe des évolutions en cours, le trafic dans le détroit de Béring est en expansion. Si auparavant les navires étaient escortés de brise-glaces, aujourd'hui, même si la route maritime reste impraticable une bonne partie de l'année, le réchauffement climatique et la débâcle de la banquise l'ont rendue plus accessible.
Le passage du Nord-Ouest. Preuve que ces nouvelles routes maritimes n'attirent pas seulement les gros industriels, l'exploratrice Anne Quéméré se lance un nouveau défi : partir pour le Grand Nord et parcourir 3 500 kilomètres sur un bateau à propulsion solaire, équipé de 10 m2 de panneaux solaires. Si sa première tentative de franchir le passage du Nord-Ouest à travers les glaciers a été infructueuse, elle va retenter prochainement. Anne Quéméré a déjà voyagé dans le Grand Nord, mais elle veut témoigner des bouleversements subis par l'environnement et par les populations : "J'ai envie d'histoires, j'ai envie d'alimenter cette curiosité que je peux avoir par rapport au peuple Inuit", a-t-elle dit lors d'une interview pour France 3 Région.
Mais l'histoire du futur ne s'arrête pas là... La Russie a envisagé encore en 2011 de construire un tunnel sous le détroit de Béring, après plus d'un siècle d'une idée qui existe depuis le XIXe siècle mais qui n'a jamais abouti. Long de plus de 100 km, soit deux fois le tunnel sous la Manche, il relierait les rives américaines et russes. Évidemment la situation de la guerre en Ukraine actuelle ne permet pas d'envisager un quelconque projet de tunnel à l'heure actuelle.
Peut-on s'y rendre ? Seuls les gens qui ont un voilier ou veulent s'aventurer avec l'équipage d'un bateau de pêche sont ceux qui verront le détroit de plus près mais il n'y a pas de visite touristique programmée. Le seul moyen de "découvrir" le détroit est encore de le survoler en hydravion.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur DÉTROIT DE BÉRING - CAP PRINCE-DE-GALLES
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