ÉGLISE SAINT-PANTELEIMON DE NEREZI

Placée à 580 m d’altitude, sur le flanc nord du mont Vodno, cette église orthodoxe (Црква Свети Пантелејмон/Crkva Sveti Pantelejmon) abrite des fresques exceptionnelles du XII^e siècle. Dédiée à saint Pantaléon de Nicomédie, elle appartenait à un monastère fondé en 1164 par la famille impériale byzantine des Comnènes (1081-1185). Le monastère fut actif jusqu’en 1555, date à laquelle il fut partiellement détruit par un tremblement de terre. Construite en briques et blocs de pierre irréguliers, l’église possède un plan en croix avec une coupole principale montée sur tambour, quatre coupoles secondaires, trois nefs et un narthex rectangulaire. Elle conserve son iconostase de marbre du XII^e siècle, mais celle-ci a perdu ses éléments décoratifs lors du séisme. L’église est cernée de murs et par des bâtiments de l’ancien complexe qui abritent normalement un restaurant (fermé lors de notre dernier passage). L’église fut restaurée en 1885 et les fresques originelles couvertes de nouvelles peintures. La coupole principale fut reconstruite et ornée d’un Christ Pantocrator (« Tout-Puissant »). À l’occasion d’une nouvelle restauration, en 1923, les fresques du XII^e siècle furent redécouvertes. Si certaines parties sont manquantes, l’essentiel des scènes a pu être sauvé. Remarquez en particulier celle de la Lamentation du Christ, sur le mur nord, sous la fenêtre.

Réalisme et émotion. Par leurs couleurs vives et la pureté de leur composition, ces fresques sont un témoignage très rare de l’art byzantin de la dynastie des Comnènes, avec pour seul équivalent celles du monastère de Latomou, à Thessalonique, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Réalisées par quatre ou cinq peintres anonymes sans doute dirigés par un grand maître venu de Constantinople, elles sont aussi la première représentation iconographique connue du « thrène » (déploration du Christ par la Vierge et mise au tombeau) qui commence à se développer au XII^e siècle dans la Chrétienté. Enfin, les fresques de Nerezi étonnent par leur réalisme et leur émotion qui tranchent avec l'habituel aspect statique des fresques byzantines. Elles préfigurent en cela le travail des Primitifs italiens qui développeront l’humanité et le réalisme de leurs personnages 150 ans plus tard, ouvrant la voie au mouvement de la Renaissance. La scène de la Lamentation du Christ rappelle ainsi par l'émotion qu’elle dégage la même scène réalisée par Giotto dans l’église de l'Arena de Padoue vers 1305.