CHEVAUX SAUVAGES DE LIVNO

L’Amérique a ses mustangs. Livno a ses chevaux sauvages (Livanjski Divlji Konji). Ceux-ci sont devenus ici l’attraction n° 1. Formant quatre hardes, ils sont de 600 à 800 à vivre sur le plateau de Krug, à 1 000 m d’altitude, sous le mont Cincar (2 006 m), et jusqu’au col de Borova Glava, entre Livno et Kupres : une zone karstique de 150 km² inhospitalière et inhabitée. Il s’agit de chevaux domestiqués qui ont été abandonnés depuis les années 1960 à cause de la mécanisation de l’agriculture et de la pauvreté. La dernière guerre a aussi joué un rôle, puisque certains chevaux se sont retrouvés livrés à eux-mêmes avec le départ soudain des habitants. Les équidés de Livno ont pour particularité d’être proches du cheval d’avant sa domestication. Pour la plupart, ils sont issus du « cheval de montagne bosnien » aussi appelé « poney bosnien », même s'il atteint de 1,30 à 1,45 m au garrot. La race fut créée par les Austro-Hongrois dans les années 1890 en croisant le tarpan, ancêtre du cheval moderne disparu en 1897, et des chevaux asiatiques de la cavalerie ottomane. Robustes, ces animaux ont été pensés pour le relief accidenté du pays. C’est ce qui leur a permis de survivre.

À découvrir seul ou accompagné. Les anciennes bêtes de somme ou de trait ont appris à se nourrir, à trouver de l’eau et à se méfier des prédateurs : les loups, mais surtout les hommes, des chasseurs qui les abattaient pour leur viande. Jusqu’à ce que l’association locale Borova Glava intervienne. Grâce à une pétition signée par 7 500 habitants en 2013, la municipalité de Livno a interdit de chasser les chevaux. Pour cause de bisbilles politiques, l'arrêt a été suspendu en 2017. Mais il est désormais mal vu de tuer les chevaux. Le nombre d’animaux serait ainsi passé de 286 en 2013 à 418 en 2019. Dès 2013, une agence a été créée en Croatie pour faire venir les visiteurs de Split et de Dubrovnik. C’est maintenant l’agence locale Livno Wild Horses Adventure Tours qui assure des visites guidées. En hiver, les chevaux ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Le manque d’eau les conduit à s’aventurer de plus en plus loin. Quand le gel arrive, ils affluent sur la route Livno-Kupres pour lécher le sel déposé sur l’asphalte, ce qui a déjà occasionné des accidents. Si bien que l’association Borova Glava a dû récemment créer trois points d’eau pour éviter aux hardes de se déplacer. Cela veut aussi dire qu’il est désormais plus facile de savoir où trouver les chevaux.