MONT TAJAN

Cette montagne qui s’élève à 1 297 m d’altitude est, depuis 2008, classée « monument naturel » (Tajan Spomenik Prirode). L’aire protégée s’étend sur 50 km² de part et d’autre de la route R466 (Kadanj-Zavidovići) et des gorges de la rivière Gostović. On y trouve une centaine de grottes et cavités karstiques, quantité de sources, ruisseaux et rivières, des cascades, des canyons et un petit lac. Grâce à un financement de l’UE, le site est bien aménagé (sentiers, terrains de sport, activités encadrées) et dispose de deux restaurants et d’hébergements, dont 25 chalets en location. Le centre d’information est situé au bord de la R466.

Activités. L’été, le mont Tajan est un des rares endroits des Balkans où de simples touristes débutants peuvent s’initier à la spéléologie avec des professionnels. Le site compte aussi 60 km de sentiers balisés, plus de 100 km de pistes pour VTT, des terrains de sport et des aires de jeux pour enfants. On peut y louer des VTT et du matériel d’escalade ou de spéléologie. Il est également possible de pratiquer la plongée dans le lac Mašica et du kayak sur certaines rivières. Par ailleurs, dans le même périmètre, mais en dehors de l’aire protégée, se trouvent une station de ski et un terrain de golf. Le Golf Klub Krivaja (golfclubkrivaja.com) est situé 6,5 km au nord-ouest du centre d’information. Avec ses 18 trous, c’est l’un des trois seuls terrains de golf du pays. 17 km au sud du centre d’information, en suivant la R466, on peut skier à Ponijeri. Culminant à 1 215 m d’altitude, cette ministation possède une piste de 900 m de longueur éclairée le soir en hiver, des sentiers de randonnée et des hébergements.

Lac, grottes et canyons. Situé à 720 m d’altitude dans la partie ouest de l’aire protégée, le lac Mašica se trouve à 12 km du centre d’information. On peut y accéder par un sentier ou par la route. Noyée dans la verdure, cette petite étendue d’eau de 180 m de longueur pour 30 m de largeur s’est formée suite à un glissement de terrain en 1985 au niveau de la rivière Mašica. En contrebas, cette même rivière a creusé l’une des plus belles gorges du pays : le canyon de la Mašica atteint jusqu’à 350 m de profondeur et ne dépasse pas les 3 m de largeur dans sa dernière partie. Depuis le lac, en grimpant environ 30 minutes, on accède aux deux seules grottes aménagées pour des visites classiques. Il y a tout d’abord la grotte Srednja Stijena (« roche moyenne »), avec une grande salle qui s’enfonce sur 140 m de longueur. C’est la plus visitée aujourd’hui. Mais comme son entrée n’est pas grande, elle ne fut découverte qu’en 2004. Non loin, se trouve la grotte Lukina. Celle-ci s’enfonce de manière rectiligne sur 200 m de longueur sans montée ni descente, mais plusieurs passages étroits nécessitent de s’accroupir. Par endroits, elle est décorée de peintures rupestres datant sans doute du paléolithique. Dans la partie orientale de l’aire protégée, environ 10 km au sud du centre d’information, la grotte Duboka Tajašnica est signalée par une immense entrée et s’enfonce sur 225 m de longueur sous la montagne. C’est ici que se trouve la source de la rivière Tajašnica, dont le canyon de 8 km de longueur n’a pas encore été complètement exploré. Près de Duboka Tajašnica se trouve la petite grotte Pavlova. Si son entrée est cachée par une épaisse couche de lierre, ce fut pourtant la première du site à avoir été cartographiée en 1986. Toujours à proximité, se trouvent les entrées des grottes Jama Atom et Ponor. Il a fallu plusieurs expéditions pour que les spéléologues découvrent récemment que ces deux cavités profondes et complexes étaient reliées. Elles ne forment qu’une seule grotte, désormais appelée Atom-Ponor. Avec ses 2 000 m de longueur, c’est donc la quatrième plus longue grotte du pays après celles de la Vjetrenica (Herzégovine), de Bijambare et d’Orlovača (région de Sarajevo).

Faune et flore. L’aire protégée est densément boisée avec principalement le sapin blanc et le hêtre des Balkans, suivis de l’érable sycomore, du frêne et de l’érable plane. Interdite aux chasseurs, cette forêt accueille ainsi environ 25 ours qui pour certains hivernent dans de petites grottes du canyon de la Mašica. On trouve aussi des loups, des renards, des cerfs, des lapins, des loutres, des chats sauvages et une cinquantaine de hardes de sangliers. Quant aux rivières, aux ruisseaux et au lac Mašica, ils sont riches en poissons, notamment la truite fario. Chez les oiseaux figurent le tétras lyre, l’alouette hausse-col, la mésange huppée, quelques faucons et deux couples d’aigles royaux. Certaines grottes comme Duboka Tajašnica servent pour leur part de refuge aux chauves-souris. Les grottes du Tajan abritent aussi une faune endémique : une sous-espèce du triton alpestre (Ichthyosaura alpestris reiseri), un isopode troglodyte uniquement présent ici (Cyphonetes tajanus) et une araignée récemment signalée de la famille des Linyphiidae. Côté flore, trois espèces des Balkans ont été identifiées ici pour la première fois : une variante du lierre grimpant dotée de grosses feuilles de 30 cm, une jolie pensée (Viola beckiana) et l’euphorbe de Gregersen (Euphorbia gregersenii), étrange plante grasse aux petits pétales jaunes qui pousse sur les affleurements de serpentine. Mais les stars sont deux fleurs endémiques typiques du pays : le lys martagon (Lilium martagon) et, surtout, le lys bosniaque (Lilium bosniacum) qui fut l’emblème des rois de Bosnie au Moyen Âge et qui est aujourd’hui le symbole de la communauté bosniaque.