Préhistoire

L'Ille-et-Vilaine et les Côtes-d'Armor bénéficient comme toute la Bretagne de nombreux témoignages du passé préhistorique de la région. On peut citer tout particulièrement La Roche-aux-Fées dans la forêt de Tressé, composée de quarante pierres formant un grand couloir. On observe de nombreux mégalithes disséminés dans le département, notamment le menhir du Champ-Dolent près de Dol-de-Bretagne, haut de 9 mètres. A voir également, l’alignement mégalithique du champ des Roches à Pleslin-Trigavou qui se compose de 65 blocs de quartz blanc de différentes grosseurs ou encore le menhir de la Tremblais haut de 8 mètres qui a pour caractéristique principale d’être incliné à 45°. Il pèse entre 150 et 160 tonnes. Avant de partir à l’assaut de Fort Lalatte, vous passerez devant le doigt (ou la dent) de Gargantua, un menhir de 2,64 mètres de hauteur. La légende dit que le géant Gargantua aurait perdu sa dent ou son doigt alors qu'il enjambait la Manche pour rejoindre les côtes d'Angleterre. La trace de ses sabots et de sa canne serait visible dans la roche.

Antiquité

Pendant l'Antiquité, Saint-Malo n'existait pas dans sa définition actuelle. Le rocher sur lequel a été construite la ville intra-muros était juste occupé par quelques pêcheurs. Les Celtes avaient investi le territoire du Couesnon jusqu'à Corseul à partir de -1000. Y vivaient le peuple des Coriosolites, ancêtres des natifs de la Côte d’Émeraude. La cité gallo-romaine d'Aleth (située dans les hauteurs de Saint-Servan) a été conquise par les Romains en -56 et l'île d'Harbour (où trône un fort depuis la fin du XVIIe siècle) aurait abrité le port d'Aleth, principal port entre Brest et la presqu'île du Cotentin. C’est au Ve siècle que les Bretons se libèrent du joug romain. Lors de votre séjour, vous pourrez apprécier des ruines gallo-romaines à Corseul avec l’ancien sanctuaire appelé le Temple de Mars ou encore à la cité d’Aleth où subsistent des traces d’un édifice gallo-romain du IVe siècle ainsi qu'un important mobilier archéologique. Enfin au Quiou, près de Dinan, les vestiges d’une ancienne villa gallo-romaine.

Du VIe au XVe siècle

Moyen Âge

Au VIe siècle, un ermite nommé Aaron, retiré loin des tentations du monde, construit sur « le rocher » son ermitage et accueille le Gallois Mac Low (ou Malo en français). Ce dernier devient évêque d'Aleth et est à l'origine du nom de la ville de Saint-Malo. Son successeur, saint Gurval, aurait érigé une église en son honneur sur ce même rocher. Les guerres sous Charlemagne et les invasions normandes ont eu raison de l'église. Il faut attendre 1152 pour que Jean de Châtillon, évêque d'Aleth, la reconstruise pour en faire une cathédrale nommée Saint-Malo. Il sera à l'origine du transfert du siège épiscopal à Saint-Malo-de-l'Isle, le fameux rocher d'Aaron.
Ce transfert est le point de départ de la fondation de l'agglomération actuelle qui comprend aussi l'ancienne paroisse de Saint-Servan. À la fin du XIVe siècle, le pape Clément VII attribue la ville au roi Charles VI. Le destin de la ville sera définitivement lié au royaume de France par le mariage d'Anne de Bretagne et de Charles VIII. Avec le soutien de la couronne, le commerce et l'art de la navigation commencent ainsi à se développer.

Du XVIe au XVIIe siècle

En débarquant à Gaspé en 1534, Jacques Cartier, navigateur et issu d'une famille d'armateurs, prend possession des terres du Canada au nom du roi de France et fait entrer Saint-Malo dans l'histoire. Il a cru pourtant explorer une partie de la côte orientale de l'Asie. Il sera le premier à faire apparaître le célèbre fleuve Saint-Laurent sur les cartes du monde et à décrire la vie des Indiens du nord-est de l'Amérique du Nord dans ses Récits de voyage.
A la fin de sa carrière, Jacques Cartier se retire à Rothéneuf, près de Saint-Malo, dans son manoir de Limoëlou qui est aujourd’hui ouvert à la visite. Il est enterré dans la cathédrale Saint-Vincent à Saint-Malo intra-muros. S’ensuit une époque prospère pour la région qui voit le commerce se développer avec les Amériques et les Indes : la ville s'enrichit grandement. Les armateurs envoient des bateaux pour faire la guerre de course contre les Anglais avec le soutien de Louis XIV. Les corsaires malouins sont réputés pour être de formidables navigateurs. Les armateurs enrichis des guerres de course et du commerce grâce à la Compagnie des Indes font construire des malouinières au Clos Poulet, dans les campagnes avoisinantes de Saint-Malo, de véritables chefs-d’œuvre d'architecture et des lieux de villégiature à l'écart du tumulte de la ville.

XVIIIe siècle

Avec le commerce triangulaire, Saint-Malo se tourne vers la traite négrière. Cité convoitée par les Anglais, Saint-Malo sera fortifiée par Vauban et Garangeau avec la construction de forts et le renforcement de ses remparts. Parmi ces armateurs, Robert Charles Surcouf, né à Saint-Malo en 1773, est embarqué dès l'âge de 13 ans en tant que mousse et devient à 20 ans capitaine-marchand et pratique la traite des Noirs pour le compte de planteurs de l'île de La Réunion. A partir de 1795, il se lance dans la course contre les navires anglais dans les eaux de l’océan Indien où il acquiert sa réputation de redoutable corsaire grâce à des prises exceptionnelles. Il devient l’un des plus riches armateurs de Saint-Malo. C'est d'ailleurs ici qu'il finit ses jours à l’âge de 54 ans. On peut embarquer et vivre l'aventure corsaire à bord de la réplique du célèbre cotre de Surcouf : Le Renard, son dernier bateau armé que vous apercevrez à quai au pied des remparts ou au large.

Début du XIXe siècle

L'influence de l'écrivain et de l'homme politique François-René de Chateaubriand valorise la région et notamment Combourg, berceau de la Bretagne romantique. Le XIXe siècle fait la part belle aux Terre-Neuvas, ces pêcheurs qui depuis le XVIe siècle partaient au large du Canada, sur les bancs de Terre-Neuve, de février à octobre, pour y pêcher la morue. Saint-Malo devient alors un grand port de pêche. La construction du quai Napoléon (actuel quai Duguay-Trouin) et de deux bassins à flots accessibles à des navires jaugeant jusqu'à 2 000 tonneaux fait tripler le trafic portuaire entre 1850 et 1865 (auparavant Saint-Malo était un port d'échouage).

Milieu du XIXe - début du XXe siècle

À partir des années 1840-1860, Saint-Malo se modernise et entre dans l'ère du tourisme balnéaire en construisant son premier établissement de bains sur la grande grève (l'actuelle plage du Sillon). Eugène Herpin, chroniqueur local, aura l'heureuse idée de baptiser la côte entre Cancale et le Cap Fréhel la Côte d’Émeraude pour ses couleurs toutes particulières.
Entre 1851 et 1911, l'agglomération Saint-Malo/Saint-Servan passe de 20 000 habitants à 25 000. Le développement des voies de communication et des chemins de fer ainsi que les campagnes d'affichage vont promouvoir la côte qui se présente comme un véritable antidote à la vie parisienne. A la fin du XIXe siècle, Paramé est à 8 heures de train de Paris. A savoir, en 1857, un bac à vapeur assure la liaison entre Saint-Malo et Dinard, et de petits vapeurs relient Saint-Malo à Dinan par la Rance. En 1840, une ligne de navigation assure la liaison avec Jersey et Southampton. Enfin, l'aérodrome de Pleurtuit est construit en 1909.

XXe siècle

Pendant la Première Guerre mondiale, les hôtels sont transformés en hôpitaux ou en centres pour réfugiés. Le tourisme se démocratise au sortir de la guerre et la taxe de séjour instaurée en 1921 permet aux municipalités de construire des campings, des promenades en front de mer, des piscines... Les syndicats d'initiative apparaissent sur la côte et proposent des visites guidées. Les écoles de voile et des hôtels bon marché voient le jour. La démocratisation du tourisme balnéaire va profiter aux stations de Saint-Cast et de Sables-d'Or-les-Pins.
La Côte d’Émeraude n'est pas épargnée par la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ayant créé des bastions de résistance au débarquement un peu partout (Mur de l'Atlantique). La cité d'Aleth est bunkérisée et Saint-Malo devient un point stratégique. En 1944, les bombardements alliés détruisent 80 % de la vieille ville pour chasser une centaine d'Allemands seulement. A contrario de Brest ou de Lorient, la ville a été reconstruite selon son plan original. En tout, 12 ans seront nécessaires pour que la cité meurtrie redevienne la cité corsaire. Un très bel exemple de l'attachement des Malouins pour leur histoire et leur patrimoine bâti. En juillet 1948, la ville est décorée de la Légion d'honneur et de la croix de guerre 1939-1945.

De nos jours

Le tourisme étant une activité majeure pour son économie, la valorisation de la Côte d'Émeraude, de son littoral et de son patrimoine, a été une priorité pour les communes après la guerre. A partir des années 1970, on communique sur l'histoire de Saint-Malo et sur les bienfaits du thermalisme. On y organise de grands événements comme la Route du Rhum, les Étonnants Voyageurs, Quai des Bulles, la Fête des Remparts à Dinan ou le Festival du Film Britannique à Dinard. En 2005, Saint-Malo accueille le TGV et permet à la ville d'être reliée à Paris en 3 heures seulement. Depuis 2017, Paris est à tout juste 2h17 de la cité corsaire. Un des enjeux majeurs aujourd’hui reste la protection de l’environnement et de la biodiversité qui font de la région un lieu riche de paysages époustouflants. L’avenir permettra sans nul doute le développement des mobilités douces et la constitution du Parc naturel régional Vallée de la Rance-Côte d'Emeraude. La préservation du patrimoine et son accessibilité sont également au cœur des débats actuels : accessibilité des remparts et ouverture d’un Musée de l’histoire maritime à Saint-Malo, restauration des remparts de Dinan et de la VIlla des Roches Brunes et du manoir de Port Breton à Dinard… L’épidémie de Covid-19 en 2020 a fait exploser les ventes immobilières sur la Côte. Les terrains à construire se font rares et les locaux ont tendance à investir en dehors des cités balnéaires : Pleurtuit, Pleslin, Saint-Méloir-des-Ondes, Corseul…